Les Ombres d’Atlantis – Achtung ! Chtulhu

Elle est là ! Et je dois avouer que je l’attendais avec impatience. Les Editions Sans Détour nous ont gratifiés de la traduction de la campagne Les Ombres d’Atlantis sortie chez Modiphius en juin 2015.
A peine un an et demi après, la voila la langue de Molière et j’aime à le dire, sans le moindre foulenancement (ou crowdfunding dans la langue de Churchill). Comme quoi, on peut sortir une campagne sans financement participatif ( et sans goodies aussi, c’est vrai).

Les Ombres d’Atlantis est le septième supplément et il est dans la lignée des autres.
Le résultat est beau, d’une finition impeccable, comme toujours chez cet éditeur. Une magnifique couverture blindée – ne riez pas, il m’est tombé sur le pied, j’en boite encore un peu – pour un ouvrage de 330 pages couleurs qui forcément vous invite à l’Aventure, celle avec la majuscule. Et pour 45€, prix généralement constaté, comme on dit. Allez en route compagnons !

Les Ombres d’Atlantis… avouez que rien qu’avec ce titre, on s’imagine avec un chapeau en feutre, un fouet et une folle envie de déjouer les pièges des Nazis. Et il y en aura. Vous aurez même le loisir de faire un peu de Professeur Jones.
Alors disons le de suite, c’est une campagne Pulp avec des gros morceaux de Mythes dedans  et que oui, c’est du Achtung ! Chtulhu, donc vos adversaires seront des Nazis et même parfois des Allemands. Mais pas que…

C’est autour du monde et sur pas moins de quatre continents, que nos vaillants investigateurs vont essayer de contrer les chercheurs allemands et leurs alliés. Et même, si tout se passe bien, et sans divulgâcher – oui c’est pour ne pas dire « spoiler » – il est prévu un séjour du côté des Ombres d’Atlantis.

Autant vous le dire de suite, si en tant que Gardien, vous cherchez une campagne facile, un truc tout fait, sans travail préalable, je vous invite à bien réfléchir, les Ombres d’Atlantis méritent que l’on se batte pour elles. Mais comme la campagne est très didactique pour ne pas dire linéaire, elle peut convenir telle quelle aux Meneurs les moins expérimentés.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l’Atlantide, les premières pages sont des résumés des différentes théories plus ou moins connues pouvant avoir un intérêt pour la suite des événements. Je dois avouer que je me suis laissé prendre au jeu, et que du coup Hanns Hörbiger et Edgar Cayce sont un peu plus que des noms listés dans une introduction à une campagne, fût-elle d’Achtung ! Chtulhu.
La situation précédant le début de la campagne et son résumé sont très utiles et surtout lisible.

Une fois le lourd passé ingurgité, et après une lampée de schnaps – ou de Gin pour les plus téméraires – pour faire passer le tout, on peut s’attaquer au cœur du sujet. Un ensemble de 8 scénarios qui vous mèneront du calme relatif d’un été 1939 à un rude hiver 1940 (voir printemps 40, si les Investigateurs lambinent en chemin). C’est bien présenté, chaque scenario présentant un bref condensé du contexte géopolitique, géographique et historique de la ville ou du pays. C’est vraiment très agréable à lire et, surement un vieux réflexe, j’ai fureté sur le net pour mieux m’imprégner des lieux,  parce que hormis parfois une carte (ce qui est déjà pas mal), les illustrations sont jolies mais globalement peu nombreuses.

Je vous recommande vraiment, amis Gardiens, de chercher vos photos, quitte à les retoucher après version vintage.

Une subdivision en épisodes puis en scènes, avec à la fin un résumé des adversaires, version Appel de Cthulhu 6eme édition de  ou Savage World, agrémentés de différents encarts de contexte mais aussi de conseils à l’attention des Gardiens, tout est prévu pour le guider, pour ne pas qu’il se sente seul dans cette tourmente, qui peut paraitre intimidante.

La quantité de détails, d’indices, d’intrigues entre factions ainsi que leur interaction seront parfois délicates à gérer mais au fond, que ne ferions nous pas pour le plus grand bonheur de vos équipes de joueurs.

Oui, vous avez bien lu, VOS équipes d’investigateurs. Les 8 scénarios sont divisés en trois Livres, avec pour chacun une équipe dédiée et pensée, voire optimisée pour cette partie du monde. Rassurez vous, avec un peu de travail, il sera possible (grâce à quelques encarts en début de livres) de faire en sorte de garder votre équipe du début à la fin, si toutefois les adversaires n’en n’ont pas eu raison entre temps. C’est la guerre après tout. Mais gardez en tête que tout a été fait pour les prétirés du livre.

Cela reste tout de même un beau et long voyage. Les Ombres d’Atlantis, est parfaitement équipé pour vous donner des bases géopolitiques et historiques des pays traversés par les héros. Je ne voudrais pas gâcher la surprise en dévoilant ceux-ci mais ce sont en majorité de vieilles civilisations. Avec du coup beaucoup d’histoires à raconter.

Partez du principe qu’environ 80 pages sont dévolus aux différentes villes et pays concernés par la campagne. Les esprits chagrins pourraient dire qu’un tiers des 330 pages est déjà utilisée par les 18 pages de prétirés, les 16 pages de nouvelles règles, sortilèges et autres malédictions. Et que 27 pages concernant le Joyau brillant de la Couronne, alors que le scenario s’y déroulant ne fait que 20 pages, cela parait vraiment indigeste.

Les esprits optimistes et joueurs diraient que justement, ses 80 pages de plus sont des contextes, soit peu présentés dans le Guide le l’Afrique du Nord et celui du Pacifique, voir inexistants dans les autres Guide de contexte. C’est l’équivalent d’un petit guide que vous avez entre les mains et en plus de cela, c’est vraiment une véritable mine d’information pour les 6 petites aventures, offrant quelques possibilités de s’évader (un peu) de l’arc narratif principal et unique.

Si vous aimez les grands bacs à sables pour que vos joueurs puissent s’ébattre dans la joie et la bonne terreur, je vais vous décevoir, dans les Ombres d’Atlantis, il faut suivre la ligne et s’en écarter n’est pas une option, sauf si c’est par l’intermédiaire des suggestions ci-avant.

Ce n’est pas bien ou mal, au moins comme ceci, les Investigateurs n’auront pas l’impression de tourner en rond et verront avancer le dénouement. Quel qu’il soit.

Bien évidement, comme il s’agit aussi d’enquêtes occultes, des aides de jeu en fin de livre, mais au surtout en téléchargement gratuit sur le site de l’éditeur – et quelques autres bonus gratuit en VO, sur celui de l’éditeur anglais – sont disponibles pour donner du grain à moudre aux Investigateurs. Prévoyez simplement une imprimante et un chargeur plein d’encre noire, les aides de jeu n’étant pas l’ami des imprimantes.
Tiens en parlant d’ambiance, je regrette l’absence de liens de musiques ou de générateurs de télégrammes, car au vu des échanges entre les protagonistes, c’eût été un énorme bonus.

Au chapitre des regrets, j’en rajouterais un qui peut aisément passer pour une demande, voir une supplique.
Il n’y a pas d’écran spécifique pour cette campagne, pourquoi ne pas en faire un, à l’image des campagnes de son Grand Cousin ?

Je n’irais pas par quatre chemins – sans détours quoi – cette campagne doit être jouée (ou faite jouer) parce cette campagne sera une grande et belle aventure qui emmènera les Investigateurs dans des endroits qu’ils n’oublieront pas de sitôt en ayant vécus des aventures marquantes, dont ils pourront parler encore des années après. Et vous, Gardiens, vous pourrez vous vanter de l’avoir fait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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