Golem – Pierre Assouline

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Résumé de l’éditeur :

Soupçonné du meurtre de son ex-femme, décédée dans un mystérieux accident de voiture, Gustave Meyer, grand maître international d’échecs, voit soudain sa vie basculer. En un instant, ce solitaire devient un fugitif partout recherché.

Dissimulé sous une autre identité, isolé des siens, il est rattrapé par ses failles : l’étrange opération chirurgicale qu’il a subie à son insu et qui l’a «golémisé» en décuplant ses facultés mentales ; la relation ambiguë qu’il entretient avec l’ami qui l’a opéré ; le sentiment diffus de ne plus s’appartenir et de devenir un monstre au regard de la société.

Une clé lui manque, qu’il part chercher en errant au cœur de la vieille Europe, deux femmes à ses trousses : Emma, sa propre fille, qui essaie de l’aider, et Nina, chargée de l’enquête policière.

Meyer y parviendra-t-il à temps ? Sera-t-il assez solide pour faire face à la vérité qu’il va découvrir ?

Pourquoi ai-je lu ce livre ?

Alors que j’effectue des recherches personnelles sur le post- et le transhumanisme, j’entends à la radio que Pierre Assouline, auteur réputé et membre de l’académie Goncourt, vient de sortir chez Gallimard un roman intitué Golem, et qui porte justement sur les humains augmentés. Je note le titre, en me disant que, oui, bon, on verra si je le prends ou pas. J’oublie.

Courant janvier, je me rends dans ma librairie préférée, et patatras ! Je fais tomber un livre, un seul, parmi les nouvelles sorties présentées sur table. Il s’agit de Golem, évidemment. C’est un signe. Ce livre me parle. Je dois le lire…

Mon avis :

Golem raconte l’histoire de Gustave Meyer, champion d’échecs, à quelques jours d’un tournoi international. En proie à de violentes migraines, il va consulter son ami neurochirurgien Robert Klapman, lui-même passionné d’échecs. Mais à peine sorti de l’hôpital, il se fait arrêter par la police. Sa femme vient de décéder dans un accident de voiture plus que suspect. N’écoutant que son instinct, Meyer échappe à la surveillance des policiers, et part à travers l’Europe dans une quête de lui-même.

Ses réflexions l’amènent à questionner plusieurs aspects de sa vie : son identité, son humanité, ses facultés intellectuelles (jugement, anticipation, ce qui lui est propre, ce qui a été augmenté), sa relation amicale, sa famille, ses racines juives, etc. Meyer va ainsi remonter le temps de la grande Histoire et de ses aberrations, comme s’il s’agissait du seul moyen pour lui de comprendre ce qu’il est, et ce qu’il est devenu.

Le style de Pierre Assouline est très fluide, agréable, et l’on rentre dans l’intrigue dès les premières pages en suivant les réflexions et tergiversations du personnage principal. Un roman assez court, et qui se lit d’une traite, écrit à la manière d’un thriller léger. Le lecteur suit ainsi la stratégie du champion d’échecs Meyer, qui possède plusieurs coups d’avance, et sème à la fois sa fille et l’enquêtrice lancée à sa poursuite.

Ma première réaction après avoir fermé le roman était que l’auteur n’avait pas du tout exploité le sujet du transhumanisme. J’avais simplement lu un roman bien écrit, racontant l’aventure d’un homme à la recherche de son identité. Et j’en ai éprouvé un grand sentiment de frustration ! Mais j’ai laissé cette première impression se décanter…

Oh hé ! C’est un roman d’Assouline publié chez Gallimard dans la collection blanche, pas le dernier Dantec chez Inculte ! Tu t’attendais à quoi ? À un thriller technologique ?

En repensant à cette lecture, voici ce qui j’y ai vraiment trouvé : deux mythes fondamentaux de la culture juive, et qui sont tous les deux passionnants, le golem et le Juif errant. Le mythe du golem raconte l’histoire d’un monstre humanoïde fait d’argile qui a été conçu pour défendre son créateur. Il ne possède aucun libre-arbitre et doit lui obéir grâce au mot emet (vérité) inscrit sur son front. L’effacement de la première lettre, pour donner le mot met (mort), permet de faire retomber le golem en poussière. Met a d’ailleurs la même racine que mat, dans la formule « échec et mat ». Le deuxième mythe est celui du Juif errant, popularisé par Eugène Sue (1844-45), et repris ensuite par de nombreux auteurs. Un Juif nommé Ahasvérus, et prétendant avoir assisté à la crucifixion de Jésus, est condamné pour anathème à errer éternellement jusqu’à son retour. Il sert à la fois de témoin de l’Histoire et de bouc émissaire pour expier les fautes du peuple juif.

Le roman fait aussi référence à un roman qui a marqué mon adolescence, Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig, en en reprenant plusieurs thèmes de manière subtile : la Shoah, les camps de concentration, le jeu d’échecs, la solitude, l’introspection, le doute sur son identité.

Au final, Golem est un roman très intéressant et bien écrit, mais qui reste néanmoins à classer en littérature blanche. La thématique de l’humain augmenté sert ici de prétexte à la découverte d’un tout autre univers.

Pour qui ?

Pour les amateurs de page-turners bien écrits, de plongées introspectives, de thrillers sobres, de SF légère, ou simplement les curieux qui veulent connaître les mythes fondateurs et l’histoire du judaïsme.

À déconseiller à qui ?

Aux purs lecteurs de science-fiction, aux passionnés de concepts poussés de type hard SF, aux amateurs de thrillers alambiqués ou même gores.

Golem
Pierre Assouline
Gallimard

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