Entretien avec Ben, guitariste de L’Esprit Du Clan

EDCEntretien avec Ben, guitariste de L’ESPRIT DU CLAN, groupe majeur du Metal Hardcore français.

eMaginarock.fr : Bonjour Ben. Déjà première question : comment vas-tu ? Pas trop usé par les sollicitations médiatiques ?

Ben : Salut à toi ! Non, non ça va. (rires) Le gros de la promo a été regroupé sur une journée donc ça va très bien.

M.net: Avant de rentrer dans le vif du sujet de ce Chapitre VI, que vous avez sorti le 15 avril dernier, est-ce que tu pourrais présenter L’Esprit Du Clan à ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?

R : L’ESPRIT DU CLAN, pour ceux qui ne nous connaissent pas, est un groupe de la région parisienne de Metal Hardcore. Le groupe est composé de 5 membres : Arsène au chant, Chamka et moi-même aux guitares, Bastos à la batterie et un nouveau membre qui nous a rejoint sur cet album qui s’appelle Julien et qui a pris la basse. On s’est formé en 1995. Les choses se sont accélérées début 2000 et depuis on a sorti des albums tous les 2 ans, 2 ans et demi. On a été pas mal sur la route et on a fait une pause de 4 ans entre 2012 et 2016 et nous voilà de retour avec un nouvel album et l’envie de le défendre sur les routes !

M.net : Concernant les questions de line-up, le précédent bassiste était Clément qui officie également dans HANGMAN’S CHAIR. Et du coup il a préféré se consacrer à ce dernier, si j’ai bien tout compris.

B : C’est ça exactement. En fait la musique de L’ESPRIT DU CLAN ne lui convenait plus depuis un petit moment, même avant qu’on s’arrête. Quand on s’est retrouvé l’année dernière et qu’on s’est dit qu’on avait envie de refaire quelque chose avec le groupe, qu’on a sondé un petit peu qui était partant, lui a préféré ne pas revenir parce que, comme je t’ai dit, musicalement il ne suivait plus trop, c’était plus trop son truc. Maintenant il s’épanouit et se retrouve complètement dans HANGMAN’S CHAIR qui est plus son style. Mais on est resté en très bon terme !

M.net : Pour finir sur les questions de line-up, on a appris il y a moins de 24h (ndlr : interview réalisée le 26/05) que Franky Costanza et Z ne faisaient plus partie de DAGOBA et que, justement, c’était Bastos qui allait remplacer Franky Costanza derrière les fûts. Est-ce que vous étiez au courant déjà, et est-ce que cela change beaucoup de choses pour vous, ou finalement tout cela était prévu et calé depuis longtemps ?

B : On est au courant depuis peu. On l’a su quand il nous l’a annoncé. C’est à dire qu’à la base c’est parti d’un remplacement sur une tournée canadienne que DAGOBA devait faire et que Franky Costanza ne pouvait pas faire. Donc ils ont demandé à Bastos s’il pouvait le remplacer sur cette tournée. Et en fait, assez rapidement on a appris que la tournée était annulée et donc, de là, les mecs ont souhaité que Bastos intègre définitivement le groupe pour des raisons qui leur sont propres. C’est comme ça qu’on a appris que Franky Costanza, le batteur originel de DAGOBA, ainsi que Z, arrêtaient le groupe, que Bastos acceptait le poste et qu’il partait pour DAGOBA au mois de juillet 2016.

M.net : Du coup pour L’ESPRIT DU CLAN ça ne change pas trop les plans ?

B : Eh bien du coup si, on va sûrement être amené à changer de batteur. Pour l’instant Bastos fait encore partie du groupe et assurera les dates. Mais à terme, je pense que le but va être de trouver quelqu’un parce que DAGOBA a une activité qui demande du temps : ils sont souvent sur la route, ils sortent des albums tous les deux ans, un petit peu comme nous avant qu’on s’arrête. Là pour nous c’est clairement une reprise. On se dit que, dans l’élan de motivation qu’est une reprise d’un groupe, ça vient un petit peu vite. Mais il n’y a pas de non-dits, tout est clair entre nous et c’est ce qu’il y a de mieux. Le but n’est évidemment pas que l’emploi du temps de Bastos nous freine dans notre volonté d’avancer, c’est une évidence. Et du point de vue du batteur, je peux comprendre qu’il n’ait pas envie d’avoir à choisir sans arrêt quel groupe mettre en priorité. On joue généralement les week-ends, comme beaucoup de groupe, et il y aura forcément des doublons. Donc à terme, pour faciliter un peu tout ça, on va être amené à prendre quelqu’un en fixe pour remplacer Bastos. Pour l’instant la machine se met en marche. Ça fait plus de 11 ans qu’il est avec nous, donc ça reste quand même le batteur attitré de L’ESPRIT DU CLAN, évidemment. Il fera le job jusqu’au moment voulu. Il y aura forcément des choix à faire, ce n’est pas sain sinon. On a déjà eu le cas : Clément avait un autre groupe, Julien notre nouveau bassiste a aussi un groupe. Après ce n’est pas DAGOBA. Ce sont des groupes un peu plus confidentiels, qui jouent moins et qui demande forcément moins de temps que quand la machine est un peu plus lancée et demande une certaine exclusivité.

M.net : C’est sûr que DAGOBA n’est pas comme un « side-project » qu’on relance quand on veut.

B : C’est ça. Bastos c’est pareil. Il a DEEP IN HATE en parallèle depuis très longtemps, on l’a toujours connu avec son projet, mais il était clair que son projet n’était pas prioritaire par rapport au groupe. Et je pense que c’est la même chose qui se passe là avec DAGOBA.

M.net : Avant ça, tu parlais du break que vous aviez fait il y a quatre ans. Pourquoi ce break et pourquoi avoir choisi de revenir maintenant ?

B : Le break, c’est quelque chose qu’on a décidé tous ensemble à la sortie de Chapitre V : Drama, quasiment un an avant. On était arrivé au bout de quelque chose, humainement parlant, au sein du groupe. Ce n’était pas lié au développement musical du groupe, mais aux relations humaines qui se dégradaient de plus en plus. On a préféré s’arrêter avant que ça ne se ressente sur les routes.

On a une histoire un peu particulière. On a vécu tous ensemble pendant plus de 10 ans. L’ESPRIT DU CLAN a été un projet extrêmement fort : à 18 balais on a tout lâché pour ne faire que ça de nos vies et tout devenait secondaire. On a tellement mis ça en avant, il y a tellement eu de concessions de faites, dans nos vies respectives, pour le groupe, que forcément tu es à vif au bout d’un moment. Et quand il commence à y avoir des tensions entre nous, tu as peur que la musique s’en ressente et que ça se ressente aussi sur scène. Le but c’était d’être transparent, honnête vis-à-vis des gens qui nous suivaient depuis des années, de rester les plus vrais possible et que ça ne se sente surtout pas sur scène. On voulait pas que ça fasse comme certains groupes où les mecs continuent, mais ils continuent parce qu’ils n’ont pas grand chose d’autre à foutre et tu sens que c’est ultra hypocrite sur scène. Nous ce n’était pas ce que l’on voulait faire, donc on s’est arrêté tout simplement. On a même prévu le coup un an avant. Parce qu’on ne peut pas non plus sortir un album et puis c’est tout, ça n’aurait pas été juste pour les gens qui nous suivaient. On avait besoin de se laisser tous tranquille et que ceux qui voulaient s’épanouir puissent s’épanouir dans leur passions annexes. Ç’a fait un bien fou à tout le monde et permis à un mec comme Shiro, par exemple, qui chantait avec Arsène à l’époque, ou Clément, de ne pas revenir. Parce qu’ils avaient fait le tour, que quatre ans s’étaient écoulés, qu’ils avaient fait d’autres choses, et que quand on s’est dit qu’on voulait revenir, ce n’était pas leur truc.

Pour la reprise c’est tout bête. Chamka et Arsène se sont vus tous les deux en premier, ils ont papoté et ont émis le fait de pouvoir reprendre L’ESPRIT DU CLAN. Une semaine après on s’est tous vu, on a fait une bouffe tous ensemble, ç’a été un déclencheur de motivation et on a commencé à réarmer le truc. Puis l’été est passé et on s’est remis à composer. Ça a permis de poser un planning à tenir.

M.net : C’est quand même assez fort de la part d’un groupe comme L’ESPRIT DU CLAN, de planifier un break plutôt que de virer des mecs et de continuer coûte que coûte. Ce n’est pas forcément la marche que suivent les groupes d’habitude.

B : C’est vrai. Mais dans le projet ESPRIT DU CLAN, au-delà de la musique, il y a toujours eu l’humain. Qu’on le veuille ou non, nous sommes plus attachés à notre histoire humaine qu’au développement artistique du groupe. Cette pause était nécessaire pour avoir du recul. Résultat cela nous a permis d’accepter certaines choses, de ne pas remplacer un mec et de ne revenir qu’avec un chanteur. Il valait mieux enterrer le truc, sans vraiment savoir si on allait revenir ou pas. En plus à ce moment là, quand on s’est arrêté, c’était un peu la cacophonie totale. On n’aurait pas su qui changer ; et puis on aurait changé un mec ça aurait créé d’autres tensions et ce n’est pas pour ça que ça aurait réglé les soucis. Il fallait vraiment un break.

M.net : Passons maintenant à l’album en lui-même. Ce Chapitre VI est un peu un retour aux sources et à des considérations bien plus Hardcore, comparé aux Chapitre IV : L’Enfer C’est Le Nôtre et Chapitre V : Drama. Est-ce que ç’a été un choix prémédité ou est-ce que ça s’est imposé naturellement ?

B : On n’a pas vraiment eu le temps de préméditer quoi que ce soit. On s’est retrouvé l’été dernier et on a commencé à composer avec Chamka et Arsène au mois de septembre. On est un trio de compositeur depuis toujours. Même si tout le monde avait son mot à dire, ça part toujours des guitares, de base. Là du coup, on ne s’est pas vraiment consulté. Sauf que Chamka et moi, en 3 ans et demi on n’a pas touché une guitare du tout et encore moins écouté du Metal (rires)! Ça nous a permis d’oublier les influences inconscientes que tu peux avoir quand t’es dans le jus. C’est déjà un point qui représente assez bien la couleur hardcore et le retour aux sources dont tu parles.

Techniquement parlant, le fait de ne pas avoir touché notre instrument depuis 3 ans, de ne pas avoir eu d’influences Metal, on est parti vraiment d’une page blanche. Donc on a fait avec les moyens du bord. Le tracklisting reflète à peu près l’ordre de composition des morceaux. On a commencé par « Céleste », donc quelque chose d’assez lent, tout simplement parce qu’on ne pouvait pas aller beaucoup plus vite (rires). C’est pour ça que ce n’est ni une direction, ni une volonté mais que naturellement, en reprenant les instruments et en faisant appel à nos vieux kiffs d’antan, on est revenu vers quelque chose de plus Hardcore, de plus groove et simplifié et moins sombre et exigeant que sur nos derniers albums. A l’époque on était dans cette espèce de mécanique à sortir des albums tous les deux ans, deux ans et demi. Donc dans un souci de se renouveler régulièrement, tu vas toujours chercher plus loin, plus sombre, plus technique, etc. Là on est revenu sans code, sans rien et ça l’a fait comme ça.

Mais plus le temps passe plus on se dit que sur le [Chapitre] IV et le [Chapitre] V on s’est peut-être un peu perdu. Arsène qui était aux manettes et qui s’est vraiment occupé de la direction artistique, a participé aussi pas mal à la couleur de l’album. Et c’est aussi le fait que nous nous sommes arrêté à la première livraison. On a livré 13-14 titres, on s’est arrêté à ce moment là, on a taillé dedans et on a travaillé cette base là. Par le passé on prenait entre 6 mois et un an pour composer, chacun chez soi. On arrivait avec Chamka avec je-ne-sais-pas combien de morceaux où il y avait à boire et à manger. Après on faisait une première sélection et puis après une autre sélection générale. C’était tout un processus pour terminer en répèt’ et peaufiner le truc tous ensemble. Là c’était pas ça. On s’est vraiment arrêté sur la première couleur. Sur la fin on sentait qu’on commençait à partir sur des trucs un peu plus dans l’idée de [Chapitre V] Drama. Quand t’écoutes « Mélasse », on commençait à repartir sur des trucs un peu plus sombre, un peu plus formaté Chapitre V justement. Je pense qu’on s’est arrêté au bon moment, pour garder cette première intensité qui est un peu plus innocente, mais un peu plus frontale pour moi.

M.net : C’est vrai que sur les Chapitre IV et V on sent une technicité et une mélodicité plus affirmées que sur les trois précédents. Alors que sur ce Chapitre VI on sent effectivement que tout est assez fluide et direct. Ça va droit au but et c’est assez appréciable je trouve.

B : Eh bien merci à toi. C’est vrai que pour schématiser, on rangerait plus le Chapitre VI avec [Chapitre II] Révérence voire le [Chapitre III] Corpus Delicti , alors que le [Chapitre] IV et le [Chapitre] V marchent plus par pair. Donc c’est vrai que l’on constate que c’est un retour aux sources, mais ce n’était pas voulu.

M.net : Il y a un fait assez important également pour cet album, c’est que le mixage de l’album a été réalisé par Chris « Zeuss » Harris. Ce n’est pas n’importe qui dans le milieu, puisqu’il a travaillé avec de nombreux groupes et notamment parmi les plus important de la scène Hardcore américaine comme HATEBREED, AGNOSTIC FRONT ou MADBALL. Du coup, comment est-ce qu’on arrive à faire appel à un mec comme lui et comment s’est passé cette collaboration ?

B : On n’a pas réfléchit très longtemps. On n’avait jamais, jusque là, fait appel à un producteur, à part pour [Chapitre III] Révérence et [Chapitre IV ]Corpus Delicti où on a fait appel à Stéphane Buriez qui était, à l’époque, le Monsieur Metal en France.

Sur les deux albums suivant, on est parti dans une démarche d’autoproduit au maximum. On faisait tout, tout seul, de A à Z. On bossait avec notre ingé-son historique, qui avait arrêté le live mais s’était monté son home-studio. C’était par souci de qualité avant tout : c’est-à-dire d’avoir le temps, de ne pas payer un studio et donc d’être pris par le temps. On partait dans des trucs où on restait 3 à 4 mois en studio parce qu’on avait le luxe et la chance de pouvoir le faire. On était entre nous, il n’y avait pas de pression, on revenait sur nos trucs, on peaufinait, etc. Et en même temps c’est vraiment des premières expériences et l’envie de maîtriser ton projet jusqu’au bout et d’avoir tout fait. Mais on s’est rendu compte aussi, avec du recul encore une fois, que quand c’est comme ça, tu peux tourner en rond. Parce que le son c’est un métier, et faire du son, c’en est un autre pour moi. C’est bien d’avoir du recul et de ne pas avoir la tête dans le guidon trop longtemps quand tu es en studio. Et c’est vrai qu’avec du recul, c’est ce qui nous arrivait un peu. Donc tout simplement on n’était pas forcément satisfait de nos productions qu’on a faites nous-mêmes (hormis un mastering qui avait été fait sur [Chapitre IV] L’Enfer C’est Le Nôtre par Tue Madsen mais qui avait été complètement chié). Du coup on était amer de ça. On avait fait des erreurs, il y avait eu des couilles au master, des petites merdes, etc. Tu passes 3-4 mois non-stop, d’un point A à un point B, et tu te rends compte que, malgré tout, tu as quand même fait des erreurs de débutants, des sons qui te convenaient dès le début mais à force de retravailler, à la fin, c’est plus du tout ça. Bref il y avait une volonté d’être lucide dans tout ça.

Et puis on avait jamais travaillé avec un grand nom américain. Et puis la musique s’y prêtait et on avait envie de sonner ricain. On n’avait jamais essayé et on avait envie de sonner « fat » pour une fois. On avait envie d’avoir le chant vachement devant, on avait envie d’avoir les guitares agressives, grosse batterie compressée. On avait envie de ça. Et surtout on avait envie de ne pas être là, de ne pas donner notre direction et de décrocher un petit peu du truc. On a toujours, tout le temps été impliqué dans nos productions, à chipoter le moindre truc. Il fallait qu’on valide tout, qu’on verrouille tout, que ça passe forcément par l’un d’entre nous. Là on voulait se laisser « driver », clairement. Et ç’a été un vrai plaisir.

Déjà pour les prises de son : vrai retour aux sources, délire analogique en studio à Reims avec Sylvain Mazure. On était dans des conditions qui nous permettaient d’enregistrer à notre guise. Je trouve que dans cet album là, malgré la prod’ gonflée, américaine, tu sens dans le jeu qu’il y a un côté analogique. C’est-à-dire qu’on a laissé volontairement des mouvements de tempo, ça bouge un peu. Si tu prends [Chapitre V] Drama et [Chapitre IV] L’Enfer C’est Le Nôtre, qui étaient « cliqués » et pour lesquels, en gros, Bastos enregistrait ses prises mais on recalait tout derrière avec du « trig », finalement c’est comme si Bastos n’avait pas joué. Comme si il enregistrait ses samples et on recalait tout à la machine, par soucis de perfection, de justesse. Il fallait qu’on reprenne tout, qu’on remette tout pile-poil dans les cases, un petit peu comme quand tu compose sur ordinateur et que tu fais ta batterie MIDI. Et là c’est ce que l’on ne voulait pas, justement.

M.net : Il y a plus de lâcher-prise…

B : Voilà, c’est ça. Exactement. Là si tu écoutes bien, ça bouge un peu. Il y a des coups qui ne sont pas les mêmes, des coups loupés, des tempos qui bougent un peu. Aux guitares c’est pareil, il y a des petites accroches, des petits trucs, etc. C’est ce qu’on voulait. Parce que dans une globalité, à l’écoute, ça met de la vie je trouve. On voulait retrouver un peu ce côté Chapitre I, Chapitre II, justement, moins vraiment numérique.

Quand on a voulu fonctionner comme ça, en terme de producteurs américains, Chris Harris, c’est celui qui est le plus proche de notre style Hardcore. Pour HATEBREED, pour MADBALL, pour aussi des groupes qui ne sont pas tout à fait du Hardcore mais qui ont quand même quelque chose de très tranchant comme THE ACACIA STRAIN par exemple. Et puis il a fait du CHIMAIRA, etc. C’est un peu plus la tranche on va dire est-américaine que floridienne. On voulait pas aller voir Suecof (ndlr : producteurs de certains albums de TRIVIUM, ALL THAT REMAINS, THE BLACK DAHLIA MURDER, entre autres) ou Douches (ndlr : producteurs de certains albums de DEATH, CANNIBAL CORPSE, SIX FEET UNDER,…) ou je-ne-sais-qui, c’était pas le but. On n’a même pas cherché, c’était lui direct.

Arsène, pendant le projet qu’il a eu pendant la pause (ndlr : PARISIAN WALLS), a fait appel à lui, donc il y avait eu un premier contact. Ça s’était très bien passé et puis il n’est pas très cher pour le travail qu’il fournit. Il n’a pas énormément de matos, il bosse de chez lui dans son « home-studio », mais il a ce qu’il faut. Il a le savoir et le bon matos. Donc on lui a livré un truc bien nettoyé et c’est lui qui s’est occupé du mix et du mastering. On n’a pas eu grand chose à lui dire. A part des placements d’effets ou des choses comme ça, le ciment du truc c’est lui qui l’a fait. C’était ça qui était agréable avec lui. Il est sérieux, il bosse bien, il fait ce que tu demande, il est très professionnel en fait et ç’a été vraiment très facile de bosser avec lui. On lui a dit qu’on voulait que ce soit gros mais que ça sonne quand même un peu « roots ». Il a tout de suite compris le truc et les directions qu’on voulait. Donc c’était du bonheur.

M.net : Ça s’entend d’ailleurs. Le son est bien comme il faut. Tu mets ça à fond chez toi, ça ne bouge pas d’un poil. Ça fait bien plaisir aux oreilles.

B : C’est cool. On avait tendance aussi à mastériser le plus fort possible, sans dépasser la limite, pour que ça te pète à la gueule quand ça démarre. Là on a pris un autre parti, on s’est dit qu’on allait fonctionner différemment. On a voulu quelque chose de mastérisé moins fort pour que, justement, si tu as envie d’écouter fort, tu pousses le volume tout simplement, mais que par contre, si tu as envie d’avoir une écoute un peu confort, en bagnole ou chez toi, tu puisses aussi écouter comme ça.

M.net : Parlons maintenant du live. On sent que ces nouvelles compos sont taillées pour la scène. Du coup je voulais savoir quel rapport vous aviez à la scène en tant que groupe et par rapport à ce nouvel album, et quelles étaient vos prochaines échéances à ce niveau-là ?

B : Clairement dans notre volonté de se reformer, il y avait l’envie principale de retourner sur scène. Et c’est vrai que les compos sont bien taillées pour le live. On n’a pas eu l’occasion de beaucoup s’en rendre compte car on n’a joué que 4 ou 5 fois depuis la sortie de l’album. On a eu trois belles dates : à Belfort, ç’a été notre première date, au Betiz Fest’ à Cambrai et la semaine dernière (ndlr :le 20/05) dans un club, la Flêche d’Or à Paris. On a eu les premiers retours des nouveaux morceaux en live. On a été aussi aidé par les clips. On a voulu sortir des clips aussi, rapidement, pour avoir de l’image.

M.net : Clips qui sont bien foutus d’ailleurs.

B : Ouais on est pas mal satisfait. En plus sur cet album le mot d’ordre c’est « spontané ». On se prend beaucoup, beaucoup moins la tête qu’avant sur des décisions artistiques. On y va un peu tête baissé à chaque fois et on est content du résultat. Pour l’instant on a su s’entourer des gens qui nous le rendent bien.

Il y a un clip « Rat Des Villes » dont le refrain est « Paname » donc forcément ça marche tout de suite en live, il y a un truc assez fédérateur. Et sur les nouveaux morceaux on a de bons retours en live. Et évidemment on a composé cet album dans cette optique là, d’avoir des structures un peu plus dansantes, groovy et puis avoir l’occasion de garder nos titres phares d’avant, les plus demandés. Puisque maintenant on a la chance, sur 6 albums, de pouvoir piocher un peu comme on veut. C’est ça qui est cool aussi, c’est que l’on n’est pas limité. Jusqu’à Paris on a réajusté, on n’a pas joué le même set. On se cherchait un petit peu et à chaque concert on a joué un nouveau set, pas foncièrement différent, mais avec des enchaînements un peu différents. Et on a testé aussi 2-3 nouveaux morceaux qu’on estime peut-être un peu moins utile en live.

Pour les dates, on a un festival le mois prochain qui s’appelle « Les Bichoiseries » à Cerisy-Belle-Etoile (http://www.bichoiseries.com/) en Normandie. Et puis après, cet été rien du tout. On est en plein booking pour la rentrée. On va essayer de se recentrer sur des clubs, en tête d’affiche. Des clubs un peu moins important que ce que l’on a pu faire là, en début de tournée, en tête d’affiche. On a été amené à faire une ou deux salles où il n’y avait pas énormément de gens et nous, en tête d’affiche, on n’a pas les épaules pour ramener 400-500 personnes. Généralement ce sont des salles où il faut faire des plateaux, avec plusieurs groupes, pour que ça marche, comme par le passé avec le Disorder Tour par exemple. Là c’était pas le cas donc on va pas faire ça. Ce n’est pas marrant pour le public, c’est pas marrant pour nous non plus. C’est trop grand, trop impersonnel. Je pense que nous, en tête d’affiche, il faut jouer dans des clubs en centre-ville. Genre Le Saint des Seins, Le Ferrailleur à Nantes et j’en passe. Une configuration club de 200-250 personnes, où là vraiment, tu es quasi sûr de remplir ton club et de passer une bonne soirée.

Par contre, on est toujours chez Rage Tour donc il y a des plateaux en préparation pour la rentrée, peut-être 2017 aussi. Je pense qu’il va y avoir un nouveau Disorder Tour. Je ne sais pas encore avec qui, peut-être avec BLACK BOMB Ä, avec qui on les a fait. Ça serait bien parce que ça fait longtemps qu’on n’a pas tourné ensemble, avec ETHS aussi, peut-être, qui ont sorti un album, donc voilà faut voir.

M.net : Une dernière question avant de te laisser le mot de la fin. Tu parlais de BLACK BOMB Ä, vous avez le point commun d’être signé chez le même label, qui est Verycords, et qui est un des labels les plus important de France et qui regroupe la fine fleur du Metal français.

B : Ils ont tout le monde, c’est clair ! (rires)

M.net : On peut citer DAGOBA, ADX, THE ARRS, MASS HYSTERIA,… enfin bon leur « roster » est assez impressionnant. Il ne manque peut-être que GOJIRA, si vraiment on veut chipoter. Vous, vous êtes passé par Enragé Productions, XIII Bis Records, etc. Comment vous êtes-vous retrouvé chez Verycords ?

B : Eh bien en fait, c’est sensiblement la même chose XIII Bis et Verycords. On a fait 2 albums chez eux, jusqu’à [Chapitre V] Drama et XIII Bis à mis la clé sous la porte peu de temps après. Les directeurs artistiques de XIII Bis sont allés travailler chez Verycords, qui était une structure naissante et qui avait une licence pour des groupes internationaux. Ils ont commencé à faire de la production de groupes français, et comme DAGOBA, LOUDBLAST, nous-mêmes, étions signés chez XIII Bis, ils sont arrivés avec leur catalogue. Ça s’est fait très simplement. Quand on s’est reformé, quasiment tout de suite on a passé un coup de fil à Mehdi, qui était donc notre directeur artistique chez XIII Bis, et il a été ok pour se mettre sur le projet.

M.net : Donc ç’a été tout à fait naturel en fait.

B : Oui on a eu beaucoup de chance. On n’a pas eu à démarcher comme certaines années. Après ça dépend aussi des deals que tu souhaites avoir. Pendant des années, on a vraiment voulu se développer en indé, c’est-à-dire qu’on se servait des réseaux de distributions des labels mais on gardait la production à 100%. On est passé un peu par tous les schémas, et là on repartait de zéro donc on voulait pas se prendre la tête. Il fallait qu’on ait des gens qui bossent bien. D’ailleurs on est vraiment super content du label. Ils sont vraiment derrière nous, ils bossent bien, on a eu ce qu’on voulait. Quand on demande un suivi, ou quoi que ce soit, on l’a et ils ne sont pas derrière les chiffres non plus. C’est-à-dire qu’il n’y a pas trop de jugement de valeur. Ils partent sur un projet, ils vont jusqu’au bout. Par contre je pense que la fois d’après, tu discute avec eux. Mais on n’a pas eu de bâton dans les roues, franchement, on a eu ce que l’on voulait. Et puis bon, nous on n’est pas des mauvais bougres non plus, on facilite pas mal le boulot aussi. Mais c’est vrai que c’est important d’avoir une structure derrière pour les services que tu n’as pas, toi. Et le fait d’avoir tous les groupes là-bas, c’est une émulation pour le Metal et la scène française.

M.net : C’est clair… Il ne me reste plus qu’à te dire merci de m’avoir accordé un peu de ton temps, de te féliciter pour ce super album et puis je te laisse le mot de la fin.

B : Eh bien merci beaucoup à toi, bonne continuation dans ce que vous faites, il faut des gens comme vous, c’est important. Et merci aux lecteurs qui prendront le temps de lire tout ça.

Chapitre VI

L’Esprit Du Clan

Verycords

2016

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