Résurrections – Les Kerns de L’Oubli T3 – Feldrik Rivat

51xNhBSa5TLAccompagné de son étrange équipage, Randall Crohn, un homme si vieux qu’il semble défier les âges, poursuit un périple terrestre aussi vital que son voyage à travers les yeux des témoins désignés par l’Alchimiste. Etre mystérieux sans visage, sans corps connu, qui ne se manifeste que par la voix et l’écrit, l’Alchimiste décide des vérités auxquelles Crohn aura accès. Confiné dans l’habitacle de son habitation mouvante, le vieil homme ne connaît plus que l’enfant écran, l’ombre soldat, la crapaude, la belle archère et son obèse compagnon muet qui lui ouvre l’esprit des cibles choisies. A travers elles, Crohn va constater que le dieu Eran réveille ses mains armées, aux quatre coins du monde, afin de contrer les plans de la belle Awana. Elle guide Erkan à travers les chemins tortueux de sa terrible destinée, pour que le Rachat mette un terme à la folie de ses ancêtres.

Dernier volet des Kerns de L’Oubli, trilogie d’une rare densité, Résurrections clôt ce récit par un florilège de révélations resserrant les mailles d’une histoire à l’intrigue maîtrisée. Les premiers chapitres sont pourtant déroutants. Aucune trace du héros auquel on a pu s’attacher dans les deux précédents volumes. On avait quitté Erkan au désespoir, une fois de plus perdu et frappé durement par la fatalité de son étrange destinée. Pendant un bon tiers de Résurrections, on demeure fixé aux pas de Crohn, de ses compagnons de voyage, des esprits qu’il visite, de ce qu’ils voient, entendent et pensent. Seul autre point de vue, et d’importance puisqu’il accompagne à la fois les derniers vestiges de la cité d’Almenarc’h et devient le premier témoin de la fureur des soldats du dieu Erkan, Figos semble de prime abord un dictateur avisé mais au rôle indistinct. Chemin faisant, parce que le lecteur refait eu à peu le lien avec les autres fils de l’intrigue, et grâce à la réapparition d’Erkan et d’Awana, les liens se font, se révèlent, se dessinent entre tous ces protagonistes. Awana n’a jamais caché être l’influence qui fabrique les destinées, essentiellement celle d’Erkan, mais si on a compris que chacun des grands faits souvent tragiques provoqués par son poulain avait une finalité, on ne saisissait pas ce qui les reliait ni quel pouvait être le but ultime.

Gardé dans l’ignorance au même titre qu’Erkan, ou Figos, ou Crohn, le lecteur avance au même rythme que ces personnages, s’identifie à leurs peurs, leur agacement, leur foi en cette apparition surannée qui le ne leur dit les choses qu’en temps voulu… Construits sur le même modèle très réussi du regretté Cataxak, les généraux d’Eran, ennemis tantôt Inuit, Japonais… ne sont pas que de grands méchants. Ils nous apportent la vérité sur l’origine d’Eran, de sa nature divine, de la querelle ancestrale, du malheur qui en découla, de la magie du Shâ dévolue à quelques privilégiés.  A travers leurs souvenirs, déchirés entre une dévotion aveugle et un ressentiment qui ne les libère pourtant pas du joug de leur maître, tous unissent les indices semés, les vérités acquises par Erkan, les paroles d’Awana. Cette dernière, mystérieuse messagère, beauté surannée magnifiée par le trait d’Alexandre Dainche illustrateur de la couverture, honnie par certains, déifiée par d’autres, apparaît enfin telle qu’elle est dans ce 3e et dernier tome. Intrigante bien sûr mais aussi implacable guerrière, elle déploie son plein talent au fil des pages, gagne en puissance à mesure que son combat millénaire touche à sa fin. Sans passion, sans émotion, elle n’en parvient pas moins à capturer l’attention et la sympathie du lecteur.

Tous les personnages participent à dessiner une réalité née d’un passé que l’on pouvait deviner mais dont la mise en scène dans les derniers chapitres est poignante.

L’écriture de Fledrik Rivat, assurée et riche, valorise toujours la personnalité et le caractère de chacun. Un chapitre s’attache à suivre le point de vue d’un personnage. Chaque voix est différenciée des autres par ses expressions, ses tics de langage, sa vision de lui-même, du monde, ses souvenirs, ses pensées, etc… à tel point que, parfois, le lecteur s’égare un peu.

Après nous avoir entraîné sur des chemins connus de la Fantasy modelés à son imaginaire, Feldrik Rivat réussit encore à nous surprendre par la profondeur, la cohérence d’une histoire qui touche les frontières de la SF, au cœur de laquelle le passé et le future ne font qu’un.

Récemment réédité aux éditions de L’Homme sans Nom en attendant une sortie poche chez J’ai Lu.

 

Résurrections

Les Kerns de l’Oubli T.3

Feldrik Rivat

Editions de L’Homme Sans Nom

Illustration : Alexandre Dainche

1er octobre 2014

19,90

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