Le Projet K – Douglas Preston

projet-kUne intelligence artificielle d’un type entièrement nouveau a été conçue pour guider un sonde spatiale destinée à se poser dans l’ennvironnement particulièrement complexe de la planète Titan. Avancée majeure dans le domaine, programmée pour avoir des réactions humaines et être capable d’apprendre, elle devrait constituer une aide inestimable. Mais lors des essais, elle a des réactions trop humaines : elle panique, cherche à s’enfuir. L’accident consécutif se solde par un bilan gravissime : sept morts parmi les scientifiques. Dorothée, cette intelligence artificielle, s’enfuit sur le net. Melissa Shepherd, qui l’a conçue, prend également la fuite. Le CIA, qui réalise l’intérêt militaire d’une telle invention, la traque. Wyman Jones, ex-agent de la CIA, retrouve Shepherd et cherche à la soustraire à la CIA, dont les agissements ne peuvent qu’aboutir à des grandes catastrophes. S’en mêlent le président des Etats-Unis, un magnat trader, des tueurs kirghizes, des amis et Wyman Jones, et un adolescent à la dérive.

Douglas Preston rassemble donc des éléments « qui fonctionnent », glanés à droite et à gauche dans d’autres fictions, et lie l’ensemble par des clichés, beaucoup de clichés. Pas un personnage dans ce roman qui ne soit une accumulation de stéréotypes, de surcroît pas toujours cohérents, Melissa Shepherd la première. Plus ennuyeux encore, la plupart de ces personnages ont une absence d’épaisseur telle qu’ils peinent à nourrir le roman : ainsi Wyman Jones, pourtant déjà héros de deux romans précédents de Douglas Preston, « Impact » et « Credo », est ici réduit au rang des simple silhouette.

Des défauts, ce roman n’en manque malheureusement pas. Le chapitre dix, où l’auteur décrit platement l’errance de l’intelligence artificielle dans le réseau, apparaît, plus de trente ans après la publication du « Neuromancien » de William Gibson, tout juste risible. Celui où cette intelligence artificielle devenue folle essaie de tuer Melissa Sheperd à travers les objets connectés ne fait guère qu’évoquer, sans imagination particulière, le médiocre long métrage « Ghost in the Machine » (1993). Pire encore, la trame scénaristique est par moments purement grotesque. Alors qu’elle est responsable de l’accident et surveillée par la police, Melissa Shepherd, grâce à un subterfuge qui ne tient absolument pas debout, s’enfuit de l’hopital, va chercher, comme si de rien n’était, sa propre autombile sur les lieux mêmes du drame, contrôlés et surveillés par  la police (à laquelle elle montre ses papiers !!). Une page plus loin, elle vole une voiture de location dont elle ôte le mouchard et le localisateur GPS en quelques secondes, comme si elle n’avait fait que ça de toute sa vie. On ne dira pas mieux de  ainsi de l’artifice, tout juste invraisemblable, par lequel Wyman Jones contraint, un peu plus loin, Melissa Shepherd à le rejoindre. Les dialogues sont plats, au mieux médiocres, et certains chapitres, mal écrits, avec des phrases qui paraissent avoir été traduites mot à mot, sont caractérisés par un tel de liant qu’ils semblent avoir été sous-traités à quelque tâcheron peu doué.

Ne nous acharnons pas. On aura compris que cet ouvrage s’adresse avant tout aux lecteurs peu exigeants, qui ne s’arrêtent pas aux invraisemblance et incohérences habituelles du blockbuster hollywoodien. Pour les lecteurs nourris aux feuilletons télé et aux longs métrages destinés à faire du chiffre au box-office, et qui recherchent dans les thrillers le même type de distraction rapidement oubliée, « Le Projet K » offrira un bon moment. Sans temps mort, en soixante-sept chapitre courts, avec sa note cyberpunk, son lot d’action et de rebondissements, et même l’inévitable « happy end » un peu forcée (mais un peu d’optimisme, après tant de noirceur, ne fait pas vraiment de mal), « Le Projet K » remplit le cahier de charges du genre. Il n’empêche qu’ « Impact », la précédente aventure de Wyman Jones, que nous avions précédemment chroniquée sur eMaginarock, apparaissait à la fois plus cohérent et plus original. Et que si l’on s’intéresse à l’œuvre de Douglas Preston, ses meilleurs romans restent sans doute les plus anciens, écrits en collaboration aevc Lincoln Child, comme « Relic » ou « Le Grenier des enfers », eux aussi imparfaits, mais de plus d’envergure.

« Impact », un autre aventure de Wyman Ford sur eMaginarock :

http://www.emaginarock.fr/?s=preston

« Projet Sin », un roman de Lincoln Child, comparse de Douglas Preston, sur eMaginarock :

http://www.emaginarock.fr/projet-sin-lincoln-child/

 

 

Douglas Preston

Le projet K

Traduit de l’américain par Sébastian Danchin

Couverture : Worlds Beyond / Arcangel Images

Editions J’ai Lu

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