Le Chant Premier – Yoann Berjaud

Le dernier né des Éditions Mnémos vient d’arriver et il a fait partie pour moi des plus surprenantes des parutions de 2012. Yoann Berjaud, nouveau venu parmi les auteurs d’imaginaire français, va nous emmener au cœur de l’univers imaginé primitivement par Pierre Bordage. Cela m’a d’ailleurs semblé curieux de me voir plongé dans les mondes des Guerriers du Silence, les nouveaux auteurs cherchant souvent à se détacher des écrivains et récits qui les ont inspirés de près ou de loin. Mais ici il n’en est pas question et le lecteur pourra donc avec plaisir se replonger dans l’univers créé par Pierre Bordage.

La couverture de Pascal Casolari est absolument magnifique. Elle parvient à développer à la fois l’aspect technologique du roman tout en ouvrant sur une dimension épique. Un pari assez ardu à tenir mais qui est pleinement réussi. Cette illustration entre aisément dans ma sélection des plus belles proposées en couverture par Mnémos. Voyons un peu, avec la présentation de l’éditeur, ce qui va nous être proposé :

La Confédération des planètes est en paix. Et pourtant…
… Aux confins de l’espace, Sékhem, la jeune amiral de la flotte des six anneaux de Sbarao, braque les senseurs de son vaisseau de guerre sur un étrange artefact suspendu dans le vide.
Dans les splendeurs de Bella Syracusa, Adryan l’aristocrate éprouve les pouvoirs du séduisant Dieu Noir.
Des bas-fonds de Raya aux dunes d’Osgore, Sahel le Vitaguerrier s’éveille aux énergies de l’ancien monde…
Ces destins prêts à basculer deviendront-ils les gardiens ultimes du Chant Premier, à l’origine de toute vie ? Les Derniers Guerriers du Silence ?
Épopée spatiale, récit initiatique et journal intime, le Chant premier compose un véritable Space Opera mystique. L’écriture de Yoann Berjaud est un souffle qui nous transporte de batailles cosmiques en conflits intimes à la suite de personnages au destin incertain, en quête d’absolu.
Comme
L’Incal ou Dune, Yoann Berjaud trace une voie originale de la Science-Fiction.

Un point important à savoir est que je n’ai jamais eu l’opportunité de lire les romans de Pierre Bordage liés aux Seigneurs du Silence, ce qui me permet de découvrir sans aucun apriori la plume de Yoann Berjaud. Je suis donc entré dans Le Chant Premier avec candeur, découvrant un univers de science-fiction totalement nouveau pour moi. Tout commence avec un récit surprenant mettant en scène Sékhem, amiral de renom qui se voit confrontée à une étrange sphère spatiale. Puis c’est au tour d’Adryan d’entrer en scène, et ainsi de suite. Les premiers chapitres font assez facilement l’effet de petites nouvelles très bien articulées, avant que le récit ne prenne toute son ampleur dans une cliffhanger scénaristique impressionnant.

Car certains diront qu’il est en effet facile d’emprunter son univers à un auteur aussi connu et respecté que Pierre Bordage, reste encore à le maîtriser, à savoir le faire voler de ses propres ailes sans qu’au bout de cent pages le lecteur se retrouve avec un moineau en lieu et place d’un aigle royal. Mais ce risque Yoann Berjaud, assez étonnamment parvient à l’esquiver avec une pirouette tenant à deux choses très simples. La première est sa connaissance des Guerriers du Silence qui lui permet de ne pas manquer de donner aux fans ce qu’ils veulent. La seconde est qu’il a visiblement, et cela dès le début du roman, une idée bien précise de ce qu’il veut nous dire. En tant que lecteur je sens parfois certains auteurs avoir tendance à tourner inutilement autour du pot, ne sachant pas à quel sein se vouer pour débuter un scénario trépidant. Cette fois l’auteur ne tourne pas autour du pot et j’ai bien senti sa volonté de m’emmener avec lui sur les terres de son imaginaire. Cela est d’autant plus plaisant qu’il a su en quelque pages me mettre en situation alors que les récits de Pierre Bordage me sont inconnus ! Il a donc d’autant plus de mérite…

Stylistiquement je ne suis pas un grand fan de la SF. J’ai tendance à trouver les auteurs trop pompeux, cherchant à asperger le lecteur de leurs connaissances scientifiques pour le seul plaisir de les étaler. Or ici je n’ai pas eu ce soucis puisque même si Yoann Berjaud me propose des innovations technologiques parfois un peu surprenantes, il ne prend pas de gants et les explique en mots simple. Par exemple un canon laser est un canon laser et non un canon à positrons portés à vitesse sub-liminique (inutile de chercher je l’ai inventé à l’instant celui-là, mais vous ne pouvez pas dire on en trouve trop régulièrement). En tout état de cause cette simplicité m’a permis de lire sans aucune difficulté le roman. Autant vous dire que cela fait du bien de ne pas se sentir stupide en lisant de la science-fiction… Sa plume est donc simple, va à l’essentiel et nous propose d’évoluer avec facilité dans son univers.

Bien que je l’ai trouvé un peu court (285 pages), Le Chant Premier est un roman aux multiples facettes qui n’a de cesse de surprendre le lecteur par ses rebondissements. De page en page vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer et découvrirez un grand space-op comme malheureusement la France en produit trop peu. Je finirais cette chronique en m’adressant à tous les auteurs de SF : cessez de couper le cheveu en quatre et faites plaisir à vos lecteurs, vous en sortirez grandis… Yoann Berjaud a parfaitement compris cet aspect de l’écriture et je ne peux que le remercier du plaisirque j’ai eu à lire son roman.

 

Le Chant Premier
Yoann Berjaud
Couverture de Pascal Casolari
Mnémos

20,50 €

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