La Guerrière Fantôme – Les Chroniques de Siwès T1 – Syven

Dans notre monde, elle est une étudiante parmi tant d’autres.

Dans le monde d’Ès qu’elle visite nuit après nuit, elle est un esprit guerrier.

Elle y affronte une armée, des sorciers et des dragons, par amour pour Tadjal, un tigre fabuleux qui l’aide à comprendre sa véritable nature.

Elle s’est attachée à lui, aux humains qu’il protège, à la cité d’Ispare que l’empire s’apprête à assiéger. Pour les sauver, elle doit changer le cours de la guerre et empêcher les dragons-défunts de ravager les cités libres.

Quitte à se perdre si le lien entre son corps et son esprit se rompt.

Siwès est la guerrière fantôme, et l’empire du Lluhan tremblera à l’annonce de son nom.

La première chose qui attire le regard, c’est la magnifique couverture de Yogh, un illustrateur dont j’apprécie beaucoup le travail. Elle représente une scène importante du livre, celle qui, pourrait-on dire, en résume clairement le combat au centre de l’histoire.

Siwès est donc un myrhe, un esprit guerrier appelé par le Cinquième Cercle pour les aider dans leur bataille contre l’empire du Lluhan. La jeune femme se retrouve sous la protection d’un gardien, Tadjal, un tigre fabuleux avec lequel elle va très vite nouer un lien puissant. C’est pour lui qu’elle va lutter, s’engager à corps perdu dans un conflit dont les méandres lui échappent un peu. Qu’importe, puisqu’elle se bat pour son gardien. Portée par la puissance de son esprit, elle va défier les sorciers et leurs terribles marjaks – des dragons-défunts ramenés à la vie par un procédé magique complexe – afin de les empêcher de détruire Ispare, une cité libre qui représente un bastion important dans ce conflit dévastateur. Le danger pour Siwès ? Être coupée de son enveloppe charnelle, demeurée dans notre monde. Et cela, ses ennemis l’ont bien compris.

Dès les premières pages du roman, nous entrons dans le vif du sujet : le myrhe est appelé à l’aide. À partir de là, tout s’enchaîne assez vite, Siwès débarque à Ès, rencontre Tadjal et découvre l’importance du combat qu’il entend bien mener à son terme, quitte à y laisser sa vie. La jeune femme noue des sentiments profonds à son égard et se lance à corps perdu dans cette bataille qui, pourtant, ne la concerne pas vraiment. Le lecteur s’aperçoit qu’elle est une personnalité complexe, torturée, qui se cherche une raison de vivre, de continuer à exister. Toute son âme gravite autour de Tadjal : leur relation est une composante majeure de l’histoire. C’est elle qui nourrit l’ensemble et j’avoue que c’est très réussi grâce à la maîtrise de l’auteur. Nous sommes transportés par ce couple improbable, nous découvrons avec eux des alliés, des ennemis, des manipulateurs ; une toile riche et délicate à travers laquelle il est agréable de voyager. Les événements s’enchaînent rapidement car la bataille d’Ispare approche à grands pas. On ne s’ennuie pas, les combats et les diverses intrigues qui les nourrissent sont très bien décrits, jusqu’au dénouement. Durant le récit, peu de passages sont dédiés à la « vraie » vie de Siwès et, personnellement, j’ai beaucoup aimé cette idée. Je trouve que cela donne plus de force à l’ensemble car l’auteur s’est concentrée sur le noyau de l’histoire. Une belle réussite !

J’ai juste eu un petit souci avec un élément dont  je vais essayer de vous parler sans trop spoiler. L’un des personnages secondaires parvient à communiquer par un moyen magique avec son supérieur à plusieurs reprises. Or, l’auteur indique bien que c’est impossible car il est sous la surveillance de fabuleux capables de détecter cette magie… Du coup, je n’ai pas saisi comment il s’y prenait pour contourner cet obstacle. Cela reste un point de détail, mais qui a son importance vu la nature du personnage en question.

L’univers de l’auteur est profondément ancré dans la magie avec son côté lumineux et obscur, ses créatures fantastiques (les fabuleux, les dragons) et l’Équilibre qu’elle donne au monde d’Ès. J’ai beaucoup apprécié ce décor, exempt de races pouvant rappeler Nains et autres Elfes, quelque chose qui sort des sentiers battus, en somme. J’avoue que j’ai toujours du mal avec les romans qui comportent une pléthore de peuples et de races, souvent parce que le lecteur s’embrouille facilement et doit faire appel à un lexique. Je préfère donc nettement ce genre d’univers, plus « épuré » mais aussi plus accessible.

Les personnages sont, vous l’aurez compris, le moteur du roman, en particulier le couple Siwès / Tadjal. Ils sont profonds, décrits avec justesse, travaillés avec minutie, ce qui permet au lecteur de s’attacher à eux, de les suivre avec délectation dans leurs aventures. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et bénéficient d’un traitement adapté, avec des éléments personnels qui leur donnent l’importance qu’ils méritent. Je pense surtout aux alliés principaux de Siwès, Baxian et Tomas, dont on devine qu’ils vont prendre de l’ampleur dans le tome suivant. Là aussi une belle réussite.

Je pense sincèrement que si l’ensemble m’a autant marquée, c’est en grande partie grâce à la plume de l’auteur. Agréable, détaillée, parfois lyrique, j’ai été transportée dans ses descriptions, dans son monde grâce à son style, beau et complexe à la fois. Rien d’ampoulé, de grandiloquent, mais un ton juste et maîtrisé, sans fioritures inutiles. Un pur plaisir !

Bref, vous l’aurez compris, ce livre a été un bonheur pour moi. Ce sera mon coup de cœur fantasy de l’année, et même davantage, puisqu’il y avait longtemps que je n’avais pas pris un tel plaisir dans cette catégorie. Lassée par les romans de fantasy classique, je peux vous dire que celui-ci fut une véritable bouffée d’oxygène, un moment de lecture formidable. Mon seul problème, maintenant, va être d’attendre la suite !

Les Chroniques de Siwès T1

La Guerrière Fantôme

Syven

Éditions du Riez

464 pages

19,90 euros

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