Blaze – Stephen King

Le dernier roman que Stephen King aura écrit sous le pseudonyme de Richard Bachmann a failli ne jamais revoir le jour, car l’auteur l’avait rangé dans une de ses innombrables cachettes à écrits où il stocke toutes ses productions. N’eût été une assistante attentionnée, nous n’aurions jamais eu la joie de lire ce Blaze prometteur. D’aucuns en parlent comme d’un roman dans la lignée de Des souris et des hommes de John Steinbeck. Si effectivement Blaze, le héros, est un idiot comme on les aime dans la littérature américaine, à la fois pas si stupide que cela et attendrissant, là s’arrête la comparaison, car nous sommes bien dans un récit fantastique – bien que le lecteur se fera son propre avis – qui ne reflète pas une époque, ni un mode de vie, comme l’annonce le résumé de l’éditeur :

Colosse au cerveau ramolli par les raclées paternelles, Clay Blaisdell, dit Blaze, enchaîne les casses miteux. Son meilleur pote, George, lui, est un vrai pro, avec un plan d’enfer pour gagner des millions de dollars : kidnapper le dernier-né des Gerard, riches à crever. Le seul problème, c’est qu’avant de commettre le « crime du siècle », George s’est fait descendre. Mort. Enfin, peut-être…
Ce suspense mené en quatrième vitesse, vrai roman noir, rappelle le meilleur de Jim Thompson ou de James Cain.
Un inédit de King / Bachman miraculeusement retrouvé.

Habitués à faire de la petite arnaque Blaze et George ont toujours réussi à limiter les dégâts tout en vivotant. Quand George décide de passer à la vitesse supérieure en kidnappant un bébé d’une riche famille, ils préparent méticuleusement leur coup en faisant de multiples repérages et en analysant toutes les possibilités qui s’offrent à eux. Hélas, avant de passer à l’acte, George meurt. Blaze est dorénavant seul. Il n’est pas aussi ambitieux que George, aussi s’essaye-t-il avec un certain manque de réussite à l’arnaque ordinaire. Devant ces échecs, le rapt, apparemment pas si risqué que cela, que prévoyait George lui revient à l’esprit, mais pas que cela. En effet, bien que mort, George revient telle une ombre funeste hanter l’esprit de son ami. Certes, George le houspille, le maltraite, mais n’est-on pas prêt à accepter la présence, même d’une âme damnée, pour échapper à la douloureuse solitude ? C’est donc George qui reprend les commandes et pousse Blaze à préparer son coup.

Déjà à l’époque, Stephen King savait vous immerger dès les premières pages dans la problématique du roman. Nous suivons avec plaisir Blaze dans ses réflexions et ses actions. Bien sûr, tout cela n’est pas dénué d’humour. Dans le prologue à cet ouvrage, Stephen King semble demander un regard bienveillant de la part du lecteur pour cette œuvre de jeunesse qui n’est, selon lui, pas à la hauteur de sa production actuelle, s’excusant presque de l’achat effectué par le lecteur. Pour ma part, je pense qu’il ne s’agit que d’une tentative inconsciente de manipulation de la bonté naturelle du fan, car ce roman n’a pas besoin d’un plaidoyer pour exister. Il bénéficie d’une trame narrative captivante à la fois constituée de flash-backs et de projets d’avenir. Aussi détestable que soit l’acte que prépare Blaze, on souhaite qu’il s’en sorte avec le moins de conséquences négatives. Et quand on en vient à penser ainsi, c’est que le pari de l’auteur est réussi. Pour ma part, j’ai pris grand plaisir à lire ce roman, même si je ne suis pas convaincu de sa classification fantastique, mais ce n’est que ma perception. D’ailleurs s’il est un genre qui se nourrit du doute, c’est bien le fantastique, non ?

Blaze
Stephen King
Couverture illustrée par Bruno Ehrs / Corbis
Le Livre de Poche
Collection Fantastique
2010

7,10 €

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