Bad to the Bone (Le Sang du Rock, tome 2) – Jeri Smith-Ready

Nous avions précédemment chroniqué « Wicked Game », premier volume consacré à la très improbable WVMP, la seule station radio au monde animée par de véritables DJs vampires. Dans ce roman, la jeune Ciara Griffin, recrutée par cette radio dont les finances et l’audience étaient alors en chute libre, parvenait à redresser la situation en jouant sur l’image des vampires : persuadée que le public se prêterait au jeu sans jamais réellement y croire, elle révélait la véritable nature des DJs et faisait un tabac.

Dans ce second volume, les choses se compliquent. La station, aux finances désormais saines et prometteuses, est régulièrement piratée par un émetteur caché. Des attaques moins anodines sont lancées contre ses membres. Il semblerait que certains aient compris que  les vampires ne sont pas qu’un un artifice commercial, et soient fermement décidés à liquider les animateurs buveurs de sang. Mais qui se cache derrière ces attaques ? L’Agence Internationale pour le Contrôle des Entités Corporelles Mortes-Vivantes, qui veut absolument recruter Ciara Griffin en raison de ses étranges pouvoirs, n’agirait jamais de la sorte. Et quel est le rôle exact de la Forteresse, elle-même issue de la Citadelle, une de des branches déviantes du Contrôle ? Ciara et ses amis vampires mènent l’enquête. Et le père de Ciara, une fois encore, vient compliquer les choses, à la frontière entre le traître infâme et le triple agent machiavélique.

Si une trame globale d’investigation et d’action étaye le roman, l’aspect bit-lit adolescent reste bien souvent au premier plan. On peut sourire un moment, lorsque Ciara s’installe avec son petit ami vampire, à la description des difficultés de la vie en couple : les vampires, figés dans un passé qui est celui de leur époque, se protègent de cette perturbation par une tendance obsessionnelle au rangement, ce qui permet une jolie caricature de la vie commune. La découverte et l’adoption d’un chien vampire et des problèmes de voisinage qui s’ensuivent  viennent s’inscrire dans la mouvance de cette installation en famille qui pourra séduire certains, mais en lassera d’autres. Même remarque pour les tentations répétées de Ciara pour son confrère strictement humain de la station de radio, qui permettent à l’auteur d’atteindre le nombre de pages voulues, mais font tourner le roman au feuilleton bas de gamme.

Quelques détails bien vus viennent ici et là sauver des chapitres qui ne sont pas tout à fait assez denses : par exemple la découverte par Ciara d’une poche de sang dans le sac en papier kraft de son petit-déjeuner ou la description d’une réunion, façon « alcooliques anonymes », où se retrouvent non pas des vampires, mais des donneurs de sang compulsifs. Comme dans le premier volume, quelques formules façon polar viennent agrémenter des passages d’une ironie pas toujours tendre pour les rockers ou les auditeurs de la station de radio.

Reste qu’après un premier volume prometteur, cette seconde aventure de Ciara Griffin laisse un peu le lecteur sur sa faim. D’une part parce que la musique, qui servait de liant et de toile de fond au roman inaugural ne remplit plus ici ce rôle : les morceaux n’y sont cités que comme une caution, et la magie musicale précédemment instillée fait ici défaut. D’autre part, la succession de séquences est très semblable à celle du récit précédent : répétition métronomique de scènes érotico-sanguines, puis enlèvement, puis libération, etc. Retour donc à une bit-lit standardisée, à une écriture de type industriel, avec l’impression d’un schéma, d’une recette qui désormais – comme pour certains auteurs de polars dont les séries ne sont rien d’autre que la réécriture permanente d’un premier volume prometteur –  sera appliquée sans fantaisie et sans âme. Une lecture en demi-teinte, donc, avec une note de déception. Reste donc à lire le troisième volume, qui ne saurait tarder, afin de savoir si l’auteur se laisse définitivement à la simple facilité où si, au contraire, elle parvient à retrouver le charme et l’originalité qui faisaient l’intérêt de « Wicked Game».

Jeri Smith-Ready

Bad to the Bone  (Le Sang du Rock, tome 2)

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sébastien Baert

Couverture : Anne-Claire Payet

Milady,

8,70 euros

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