Marvel : Les Agents du SHIELD saison 4 – Jed Whedon et Maurissa Tancharoen

Six mois ont passé depuis la fin de la crise autour de Hive. Daisy est en fuite et tente protéger les Inhumains des exactions des Watchdogs. Phil Coulson, redevenu simple agent du SHIELD, cherche à la retrouver alors que l’agence se prépare à revenir sur le devant de la scène publique, menée par un nouveau directeur.

La saison 4 de la série Marvel : Les Agents du SHIELD commence par une grosse ellipse temporelle qui cherche à redistribuer les cartes entre les personnages principaux de l’équipe. Changer pour redynamiser, voilà une tentative louable qui a une conséquence pour le spectateur : une perte de repères pas toujours bien gérée par l’équipe de scénaristes toujours menée par Maurissa Tancharoen et Jed Whedon (également à la production). La trame peine à commencer et met au moins cinq épisodes à retrouver un rythme de croisière. De ce point de vue, les enjeux du démarrage sont faibles et ne donnent pas beaucoup d’intérêt aux épisodes (qui doute par exemple du retour de Skye/Daisy dans l’équipe ?). Pourtant, une fois les premiers twists amenés, on va retrouver la série qu’on apprécie.

L’intrigue générale autour du Darkhold, un manuscrit maudit qui contient un savoir incroyable, se découpe en trois parties pour autant de sections dans cette saison 4.

En premier lieu, l’intrigue Inhumain offre quelques beaux moments super-héroïques, principalement grâce au guest-star de choix qu’est le Ghost Rider. Sombre et violent, il offre une version bien plus intéressante du personnage comparée à celle de Nicolas Cage. De plus, sa transformation est techniquement très réussie, ce qui est un réel effort pour la série. Globalement la plus attendue, cette première partie pose les enjeux, nous gratifie du sempiternel méchant souhaitant conquérir le monde (José Zuniga) et de quelques belles scènes d’action – la team Quake/Ghost Rider/YoYo envoie du lourd.

Peu à peu, cette intrigue va laisser la place aux LMD (pour Life Model  Decoy), des robots si perfectionnés qu’il est difficile de les distinguer des humains. S’y déroule une vraie réflexion asimovienne sur la place des robots, leur place et les règles qu’ils doivent suivre – ou non. D’un point de vue science-fictif, l’exercice est réussi, particulièrement dans l’épisode xx où les robots doivent composer avec des souvenirs et des valeurs humaines, ce qui occasionne de vraies questions sur leur place dans un monde qui n’est pas le leur.

Enfin, la troisième partie du Cadre, que l’on peut surnommer affectueusement Agents of HYDRA, file rapidement sur les terrains de l’uchronie. Si HYDRA avait gagné sa guerre contre le SHIELD ? Comment réagiraient les personnages ? L’histoire peut-elle être réécrite ? La question permet de relire la série à l’aune de sa propre intrigue globale, tout en offrant des développements dramatiques surprenants pour des personnages que l’on n’attendait pas sur ce terrain (le duo Fitz-Simmons, évidemment).

Les héros bénéficient bien entendu de ce travail d’écriture. On prend particulièrement du plaisir à retrouver Phil Coulson débarrassé du poids d’être directeur : avec ses petites blagues et son côté posé, il apporte un peu de détente tout en multipliant les clins d’œil geek. Le casting continue à être solide et les guests de la saison apportent leurs parts même si les noms sont moins célèbres que dans les précédentes fournées. On retiendra particulièrement le vétéran Jason O’Mara (Jeffrey Mace), Mallory Jansen (Aida/Ophélia) et Gabriel Luna (Ghost Rider)

Ce qui est le plus frappant, c’est la volonté assumée de s’appuyer sur l’historique de la série. L’arc principal du récit franchit le Rubicon dans son segment Agents of HYDRA, qui n’a d’intérêt (ou presque) que si l’on a vu les saisons précédentes. Ce tout est lié, moins flagrant au début de la production, devient peu à peu une grande qualité du show, mais limite la possibilité pour le spectateur occasionnel de prendre le train en marche.

D’un point de vue visuel, des efforts ont été faits sur les effets spéciaux, particulièrement le Ghost Rider très accrocheur ou la réappropriation du Triskelion de Captain America. Je regretterai à nouveau la difficulté à mobiliser des figurants, transformant des actions d’envergure en duels isolés, même si l’illusion fonctionne parfois mieux que dans le passé. Bear McCreary continue son travail musical avec talent.

Mais y a-t-il de vrais problèmes sur cette saison 4 ? Oui et non. On retrouve les qualités et défauts habituels, jusqu’à la conclusion expédiée en un épisode. L’équipe créative fait preuve d’une régularité étonnante pour un show aussi normé. Arrivé à ce stade, on aime si la série nous a plu jusque-là, et on continuera de critiquer dans le cas contraire. Ce n’est pas cette saison 4 qui changera la donne, bien au contraire.

Conclusion

Narrativement aboutie, la quatrième saison de Marvel : Agents du SHIELD se place dans la continuité des précédentes. Ambitieuse et divertissante, on peut lui pardonner ses défauts et tics récurrents. Si les audiences déçoivent (au point de rumeurs d’annulation démenties), le vaisseau amiral de la flotte des séries Marvel se porte bien artistiquement parlant. Pourvu que ça dure ainsi.

Marvel : Les Agents du SHIELD

Crée par Maurissa Tancharoen, Jed Whedon et Joss Whedon

Avec Clark Gregg, Ming-Na, Henry Simmons, Chloe Bennett, Iain De Caestecker et Elizabeth Henstridge

ABC 

Diffusée sur Série Club et W9

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