Manhattan à l’envers – Peter F. Hamilton

1310-manhattan_org [500 large] Dans le domaine de la longueur, Peter F. Hamilton est assurément un cas. Son cycle de l’Aube de la Nuit, qu’il définit comme composant un seul et unique roman, compte dans son édition Presses Pocket plus de cinq mille pages. Sa Trilogie du Vide et sa Tétralogie de  Pandore, toutes deux chez Milady, dépassent respectivement deux mille cinq cents et deux mille neuf cents pages. Un tel adepte du roman-fleuve était-il capable de réussir sur la forme courte ? En nous proposant un recueil de nouvelles  de Peter F. Hamilton initialement publié chez Bragelonne, les éditions Milady, avec  Manhattan à l’envers, nous prouvent que oui.

Car, en effet, que ce soit sur la forme très brève (Le Chaton éternel, nouvelle à longueur contrainte initialement écrite pour la revue Nature, variation glaçante sur le thème de l’enfant-objet, et narration subtile dans la mesure où l’utilisation purement égoïste des progrès biotechnologiques par les parents est plus suggérée que décrite) ou sur la novella qui s’étend sur plus de cent pages (En regardant pousser les arbres, récit d’une enquête policière acharnée qui s’étend sur plus de deux siècles dans une histoire parallèle où la bionomique a doté les humains d’une espérance de vie considérablement allongée), Peter F. Hamilton se montre à son aise et confirme ce que l’on sait de lui : s’il écrit beaucoup, il écrit à talent constant et à soin constant, si bien qu’à la différence de bon nombre d’auteurs, il n’est jamais mauvais.

Si les grands thèmes de la science-fiction à la fois classique et moderne se répondent à travers ces nouvelles, l’on y trouve aussi des considérations politiques et sociales qui sont celles du monde contemporain, et prouvent une fois de plus que la science-fiction est bien souvent une manière de décrire notre présent. C’est ainsi que la nouvelle Un électorat qui marche n’est pas sans évoquer les aspects de société décrits dans l’avenir très proche des aventures de Greg Mandel ( Mindstar, Quantum et Nano) où Hamilton l’Angleterre souffre considérablement des conséquences du réchauffement climatique. Une nouvelle qui reste anecdotique mais pose bon nombre de questions intéressantes.

Plus marquée, plus inscrite dans le genre est la nouvelle Si du premier coup… . Sur le thème bien nourri, voire – pourront dire certains – éculé et rebattu du voyage temporel, Hamilton propose une variation plaisante et sardonique qui apporte aussi une bonne touche d’humour.

Béni par un ange, plus complexe, s’inscrit dans l’univers développé par l’auteur pour la Trilogie du Vide : comme dans En regardant pousser les arbres, le récit aborde le thème des biotechnologies portées à leur plus haut niveau, mais va plus loin encore : nous n’en dirons pas plus pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur.

Peter F. Hamilton n’hésite donc pas à mettre ses nouvelles en résonnance avec son univers romanesque. L’on retrouve ainsi, dans ce recueil, des passerelles avec la Tétralogie de Pandore. En effet, Le Piège à démons et Manhattan à l’envers constituent de nouvelles aventures de Paula Myo, personnage phare de L’Étoile de Pandore, Pandore menacée, Judas déchaîné, Judas démasqué. Deux nouvelles investigations pour cette enquêtrice obstinée, acharnée, increvable, sorte de Terminator mental du roman policier futuriste, deux nouvelles enquêtes qui ne sont pas également sans mettre en scène une profonde humanité.

Manhattan à l’envers constitue donc une assez bonne vitrine de ce que l’auteur sait faire : des récits composites empruntant au space-opera et à de solides classiques de l’histoire du genre, mais aussi à ses développements récents comme le cyberpunk et le biocyberpunk, au thriller et au roman policier, le tout rehaussé d’inventions technologiques ou biologiques de son cru. Des nouvelles à multiples facettes, donc, mais également – et c’est là tout le talent de Peter F. Hamilton – homogènes et cohérentes. On peut supposer que ce recueil des nouvelles, parce qu’il emprunte abondamment aux thématiques développées par l’auteur à travers ses cycles romanesques, parlera plus aux lecteurs desdits cycles qu’à ceux qui découvriront Peter F. Hamilton à travers ces nouvelles. Il n’empêche : ce recueil, d’une particulièrement bonne tenue, offrira à ceux qui seraient réticents à s’engager dans les œuvres trop imposantes de l’auteur une bonne occasion de découvrir ses thématiques et ses univers.

Manhattan à l’envers

Peter F. Hamilton

Traduit de l’anglais par Jean-Claude Mallé, Nenad Savic, Emmanuel Tollé

Couverture : Manchu

Milady

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