Le roi et l’oiseau – Paul Grimault

Le Roi Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize règne en tyran sur le royaume de Takicardie. Seul un Oiseau, enjoué et bavard, qui a construit son nid en haut du gigantesque palais, tout près des appartements secrets de Sa Majesté, ose le narguer. Le Roi est amoureux d’une charmante et modeste Bergère qu’il veut épouser sous la contrainte. Mais celle-ci aime un petit Ramoneur. Tous deux s’enfuient pour échapper au Roi et, réfugiés au sommet de la plus haute tour du palais, sauvent un petit oiseau imprudent pris à l’un des pièges du Tyran. Le Père Oiseau reconnaissant promet en retour de les aider. La police retrouve la trace des fugitifs. Une folle poursuite s’engage. Des machines volantes conduites par des policiers moustachus, de mystérieuses créatures couleur de muraille qui espionnent la ville, des tritons motorisés et le Roi sur son trône électrique flottant, ou sur son gigantesque Automate, les pourchassent…

 

Malgré son ancienneté, Le roi et l’oiseau reste un classique indémodable qui porte des valeurs universelles. Ce film a tellement bercé mon enfance qu’il me sera difficile d’en parler de façon objective.

 

Il est d’ailleurs tout à fait adapté aux enfants.
On y retrouve un certain nombre d’éléments présents dans les contes tels qu’un château, son roi et sa cour, une petite bergère élevée au rang de princesse, des animaux qui parlent (l’oiseau) et enfin un côté assez manichéen avec des gentils innocents (le ramoneur et la bergère, les habitants de la ville basse), des méchants (le roi et la police à sa solde) et des héros (l’oiseau).

Malgré cet aspect manichéen, le film peut tout aussi bien plaire aux adultes car on ne tombe jamais dans la caricature.
Ce roi, figure de la dictature, semble somme toute assez crédible en despote tyrannisé par ses désirs. Ce n’est pas un simple méchant animé par un désir de destruction, car il s’attaque surtout à une valeur fondamentale : la liberté. Et notamment celle de penser, de réfléchir, de débattre, de s’opposer.
Face à ce monarque qui menace grandement la diversité intellectuelle de son pays se dresse l’oiseau, anarchiste notoire qui ne rêve que d’une chose : la chute du souverain, et ce d’autant plus que ce dernier a tué son oiselle pour se venger des idées révolutionnaires portées par l’oiseau.
Le robot, construit par le roi pour satisfaire ses délires de despote, est également un personnage intéressant. De simple machine manœuvrée par la main de l’homme il se transforme au fur et à mesure, et on en vient à se demander si un esprit n’habite pas ce grand corps métallique initialement créé pour détruire.

 

 

Les thèmes qui constituent cette œuvre sont donc graves et le film dénonce clairement un certain type de régime (ce qui prend d’autant plus de sens étant donné que la préparation du film a commencé dès 1946).
Les dangers sont grands pour ceux qui s’y opposent (par exemple la perte d’êtres chers, comme c’est le cas de l’oiselle), mais la révolte reste la seule option possible pour retrouver sa dignité, une dignité que seul l’oiseau (d’ailleurs le seul protagoniste non humain) semble posséder, et qui lui permettra de mener le peuple vers sa liberté.
La dernière image est superbe, tout en symboles, et illustre parfaitement ce message de liberté porté tout au long de l’œuvre.

L’ensemble est très poétique (quoi de plus normal puisque le scénario est signé Prévert) et j’ai beaucoup aimé les dessins, qui sont très bien utilisés pour faire passer des émotions.
Le physique des personnages en est un bon exemple : le visage du roi est extrêmement prétentieux tandis que la bergère et le ramoneur ont des traits presque enfantins. La ville haute, apanage des riches et de la cour, est d’une architecture splendide mais glacée tandis que la ville basse, repère du peuple, est sombre mais vivante et palpitante.

Le roi est l’oiseau est donc l’un de mes films préférés, et reste pour moi un classique à voir ou à revoir !

Le roi et l’oiseau
réalisé par Paul Grimault
Scénario de Jacques Prévert
1980

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