Le cas Jack Spark – Saison 1 : Un été mutant – Victor Dixen

“Le nouveau Twilight”, voilà comment la presse présente Jack Spark, premier tome d’une quadrilogie mettant en scène l’adolescent qui a donné son nom au roman. L’éditeur, Jean-Claude Gawsewitch, s’est pour l’occasion ouvert à la littérature jeunesse et espèce faire de ce coup d’essai un coup de maître, comptant sur un véritable buzz internet en faveur de Jack Spark et de son auteur, Victor Dixen. Si le tout ne manque pas de qualités, le roman laisse une désagréable impression de “thématique facile”, de campagne de séduction pour le marché américain et d’histoire arrangée à la sauce toute DanBrownesque, voilà pourquoi…

Les romans fantastiques et fantasy connaissent actuellement un succès sans précédent, mais parmi ces succès ne se trouvent pas que des romans pétris de qualités littéraires, loin de là. C’est donc avec un certain scepticisme que j’ai abordé ce Jack Spark précédé par sa grande campagne de communication presse et internet.
Histoire de vous rassurer tout de suite : Jack Spark est un vrai page-turner, l’écriture est fluide et l’auteur laisse sa marque sur chacune des pages, que ce soit à travers ces sons et ces onomatopées judicieusement rendues dans le livre, par ces passages propres à rendre l’insomnie chronique de Jack fort angoissante, ou par cet humour sous-jacent, qui illustre parfaitement l’adage selon lequel “l’humour est la politesse du désespoir”. On ne s’ennuie à aucun moment en lisant les aventures de Jack Spark, ce jeune insomniaques découvrant avec effroi les transformations de son corps en compagnie de jeunes gens souffrant chacun d’une pathologie “incurable” : une cleptomane, un suicidaire, un hypocondriaque, un violent,… C’est purement un roman pour adolescent, conçu pour leur plaire en abordant le thème des transformations du corps, parfois vues comme monstrueuses à cet âge, mais aussi un roman conçu pour conquérir le monde à la vitesse d’un Twilight, voire même… trop bien conçu.
Car j’ai dû lire deux fois la biographie de l’auteur pour me convaincre qu’il est bien français : le roman se déroule exclusivement aux Etats-unis et regorge d’anecdotes sur la culture américaine, des anecdotes que le français moyen ne peut pas comprendre sans les notes de bas de page, à moins d’avoir vécu quelques années au pays d’Oncle Sam. Dire qu’il s’agit là d’une volonté de l’auteur de se vendre facilement aux américains serait médire, mais pour une fois qu’un éditeur prend des risques sur un auteur de fantastique français, j’aurais aimé retrouver des lieux qui me parlent un peu plus que le Colorado, et un peu plus de références à la culture française, un peu moins de donuts, de camps de réorientation et de doctorate of philosophy.

Au niveau de l’intrigue, le suspense et l’angoisse sont bien gérés, et vont crescendo jusqu’aux révélations finales, la mécanique tourne admirablement bien, la plupart des questions sont résolues mais on attend une suite propre à lever les quelques interrogations qui demeurent en suspens.

J’avais mentionné Dan Brown en début d’article, et bien que n’étant pas chrétienne, je peux comprendre que les catholiques pratiquants aient été gênés par les propos de ses personnages dans le Da Vinci Code, dont le film fut d’ailleurs ouvertement critiqué par le Vatican puisqu’il va à l’encontre de tous les fondements enseignés par les catholiques en se basant sur des recoupements qui ont l’apparence de révélations sur ce que le Vatican cacherait, mais ne sont qu’issus des théories de l’opposition ou de l’imagination fertile de l’auteur. Eh bien, Jack Spark m’a laissé exactement la même impression, si ce n’est qu’il s’attaque violemment aux fondements du folklore et de la matière de Bretagne, au petit peuple et au paganisme en général. En dire plus serait gâcher l’intrigue, mais je m’estime suffisamment érudite sur ces thèmes pour affirmer que Victor Dixen, avec tout le respect que je lui dois en temps qu’auteur, raconte sur le ton de révélations des choses sur Merlin, Morgane et les êtres du folklore qui choqueront n’importe quel connaisseur des vieilles légendes et des contes. Les amoureux de la mythologie vampirique avaient été proprement énervés par la lecture de Twilight, en apprenant par exemple que Stephenie Meyer dit que les vampires ne sortent jamais au soleil parce que leur peau y brille, ce qui va complètement à l’encontre de l’image du vampire. Et bien, ce n’est rien à côté de ce que Victor Dixen dit des êtres du folklore et des contes, vraiment rien… car le fondement mêmes des histoires dont ils sont issus est complètement détruit au fil de ce roman, sur le ton de pseudo révélations assenées comme des vérités cachées au peuple depuis des siècles. N’eut été ce “détail”, j’aurais pu apprécier ce roman comme le page turner efficace qu’il est. Malheureusement pour Victor Dixen, je connais très bien le thème qu’il exploite et je pourrais facilement démontrer que chacun des arguments de son roman est complètement faux, et purement issu de son imagination.

L’avenir et les ventes seules diront si Jack Spark est un nouveau Twilight, porté par une écriture fluide et dynamique ainsi que par une intrigue rondement menée, si c’est le cas, la polémique qui s’ensuivra concernant le folklore pourrait fort bien dépasser en violence celle qui agite en ce moment les amoureux des vampires.

Le Cas Jack Spark
Saison 1 : Un été mutant
Victor Dixen
Editions Jean-Claude Gawsewitch

21 €

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