Le Baiser du Rasoir – Basse-Fosse T1 – Daniel Polansky

Dernier coup de cœur en date de l’équipe Bragelonne, Le Baiser du rasoir, est un roman de dark-fantasy particulièrement impressionnant. Daniel Polansky parvient à nous proposer un récit mêlant les meilleurs éléments du polar avec une fantasy débridée.  Je ne peux que vous inviter à entrer d’urgence au cœur de Basse-Fosse, sur les traces du Prévôt…

La couverture de Fred Augis n’aurait pas dépareillé sur un roman policier du XIXème siècle, et elle m’a paru clairement inspirée par Jack the Ripper, alias Jack l’éventreur. Ce rasoir, cette flaque de sang et ce décor mêlant habilement fantasy et Londres du XIXème siècle. C’est en tout cas clairement une réussite puisqu’en tant que lecteur j’ai été intrigué avant d’être conquis par les attraits de ce roman. La présentation que l’éditeur en fait n’y est pas pour rien… :

Basse-Fosse. La ville du crime.

Les hors-la-loi sont rois, les femmes, fatales. Disparaissez, et les gardes s’assureront que personne ne vous retrouvera jamais.
Prévôt est dealer. Il a été soldat. Il a été agent de la Couronne. Il a tout vu, et même pire. Difficile de trouver âme plus tourmentée.
Il est aussi le plus à même de traquer l’assassin qui sème derrière lui les corps d’enfants horriblement mutilés. Un sinistre jeu de piste, où le chasseur pourrait devenir proie.

Le trailer américain de ce premier tome devrait vous donner envie, comme cela fut le cas pour moi.

Ce roman est une véritable surprise. Je ne suis pas forcément les coups de cœur Bragelonne car il m’est arrivé d’être déçu mais cette fois le plaisir a été réellement au rendez-vous avec un titre se plaçant d’entrée de jeu parmi les meilleurs de ce début d’année 2012.

Commençons avec la cité de Basse-Fosse, décrite comme ville de tous les crimes. A cheval entre un univers de fantasy totalement débridé et un Londres de la fin du XIXème siècle digne de Conan Doyle, cette ville, sombre et inquiétante recèle plus d’un intérêt pour le lecteur que je suis. En effet dans chaque recoin peut se cacher un voleur, un meurtrier,… Bref, ces ruelles tortueuses peuvent aisément être le repaire des pires déviances et cela donne une saveur particulière au récit de Daniel Polansky.

Le personnage du Prévôt est pour le coup particulièrement impressionnant. En effet il apparaît comme un homme torturé, victime d’une société qu’il a repoussée de lui-même. Par le biais de chapitres épars traitant de son passé il est possible de mieux comprendre ce personnage complexe, tout en voyant l’intrigue avancer de manière intéressante. Et le Prévôt, emblème des quartiers les plus sombres de Basse-Fosse va se trouver embarqué dans une aventure policière où la magie noire n’est jamais bien loin, contre son gré. Mais son sens inné de la justice et son instinct de survie vont le pousser sur les traces du tueur. Les personnages secondaires sont attachants mais restent partiellement extérieurs au récit, mis à part Pinson qui est une sacrée énigme, finalement…

Le scénario justement est impressionnant de complexité. L’enlèvement et le meurtre de ces petites filles a bel et bien un but et je pense que vous serez particulièrement surpris par les développements offerts par Daniel Polansky à ses lecteurs. En effet on ne s’ennuie pas et les pistes, fausses-pistes, et divers raccourcis sont nombreux et trompeurs. L’intrigue progresse à la fois rapidement et lentement : les évènements s’enchaînent sans pour autant que le lecteur ait la sensation que l’auteur cherche à finaliser son roman au plus tôt. Cette maîtrise des éléments scénaristiques est réellement étonnante pour un premier roman car l’auteur nous invite à un voyage proprement inédit mais qui recèle à plein d’endroits de petites références à l’univers de Sherlock Holmes, mais pas forcément sur les meilleurs aspects de ce monument de la littérature d’ailleurs. L’addiction à la drogue est par exemple le point le plus marquant mais vous en trouverez rapidement d’autres.

Du point de vue stylistique ce roman fut également une véritable claque. En effet Daniel Polansky emploie un langage argotique digne des rues et cela s’avère particulièrement adapté. Cette lecture ne fut pas sans me rappeler Petits arrangements avec l’Éternité d’Eric Holstein où il prenait le parti de nous proposer un récit au début du XXème siècle à Paris avec tous les éléments de langage de l’époque. Eh bien l’auteur du Baiser du Rasoir fait exactement de même, rendant particulièrement vivant l’univers dans lequel il fait évoluer le Prévôt. La traduction de Patrick Marcel est impeccable pour le coup et il a dû avoir un sacré boulot pour réussir à retranscrire au mieux le sens des mots couchés sur le papier par l’auteur.

Daniel Polansky nous propose donc son premier roman et celui-ci est une authentique claque. En effet entre un scénario impeccablement mené et un personnage central à la fois attachant et inquiétant, la recette prend merveilleusement bien. Le contexte de la cité de Basse-Fosse et les références à l’Angleterre victorienne ajoutent du sel à l’ensemble, donnant l’un des meilleurs romans de ce début d’année. Merci à Bragelonne de nous avoir proposé cette belle découverte…

Le Baiser du Rasoir
Basse-Fosse T1
Daniel Polansky
Bragelonne
Traduction de Patrick Marcel
Illustration de Fred Augis

20 €

 

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