La Laiteuse et son chat – Gérald Duchemin

Avant de découvrir La Laiteuse et son chat je ne connaissais pas le moins du monde les éditions Le Chat Rouge, et encore moins Gérald Duchemin. Je n’ai pas regretté cette rencontre littéraire un instant même si au départ je n’ai pas du tout vu où l’auteur souhaitais m’emmener. Je vous inviter donc à découvrir également cet auteur français qui paraît être une plume plus que passionnante et dont j’ai hâte de découvrir les autres textes.

Je ne vais pas ici parler de la couverture qui garde une sobriété de bon aloi et qui s’avère être en parfait accord avec le roman en lui-même. Jaquette de papier épais, blanc, avec simplement l’esquisse d’un chat. Par contre je vais faire une remarque sur le papier utilisé et l’ensemble de l’objet-livre : le tout est harmonieux, le papier épais donnant un rendu particulièrement « classe » au roman. Que de bons points avant même de l’ouvrir, donc.

Une fois dans le roman en lui-même j’ai eu la première surprise de découvrir qu’il avait déjà été publié au Calepin Jaune, maison qui a été contrainte il ya quelques mois de fermer ses portes. Le Chat Rouge offre donc une nouvelle édition à ce roman, dans un écrin particulièrement réussi.

Mais le contenu est-il à la hauteur du contenant ? Là est la question et la quatrième de couverture tente dans un premier temps de répondre à cette question :

La couleur blanche la plongeait dans des délires de pureté, où le Propre, le Vierge, et l’Innocent, creusaient dans son imagination des reliefs paradisiaques.
Dès le début de son veuvage, en Algérie puis en France, elle conçut son petit univers en blanc.
Très vite, cette fantaisie tourna à l’idée fixe qui vira au dogme le plus inamovible.

Où il est question d’une odieuse vieille dame, de sa voisine, d’un chat blanc, d’un vampire frénétique, d’un chat noir, et d’un hommage à Gabrielle Wittkop. 

Roman coloré, axé autour de deux couleurs primaires, le rouge et le blanc, l’ensemble de la construction se bâtit sur une ambivalence des personnages, sur une opposition haute en couleurs. Il est intéressant de voir à quel point les personnages sont stéréotypés mais parviennent à devenir vraiment convaincants en évoluant sous les yeux des lecteurs. Mme Harfang est l’exemple même de ces petites vieilles inquiétantes qui prennent plaisir à traumatiser leur entourage. Même si certains traits sont forcés afin d’en faire quelqu’un de détestable, l’ensemble reste d’une crédibilité effroyable.

Passons maintenant au vampire. Être surprenant on ne comprend que tardivement ce qui se passe réellement ici. Bien loin des clichés actuels de la bit-lit qui font du vampire un être sexuel, celui de Gérald Duchemin est sensuel, à la fois doux et dangereux. Là encore sur ce personnage le jeu des couleurs agit encore.

La Laiteuse et son chat apparaît comme l’un de ces grands romans fantastiques, surprenant et obéissant pourtant à un classicisme de bon aloi. La plume tantôt fluide, tantôt acerbe de Gérald Duchemin sert avec talent ce scénario riche en rebondissement. Sorte de huis clos de quartier où rôde le vampire, monstre mythique mais ici bien réel, ce roman se lit d’une traite. L’ensemble particulièrement réussi en terme de fabrication vient servir cette idée selon laquelle ce roman fait partie des perles fantastiques que le Chat Rouge a eu amplement raison de rééditer. Merci à eux pour cette franche réussite et espérons que leurs prochaines parutions seront du même acabit, faisant alors d’eux l’un des éditeurs de « beaux romans » que les collectionneurs s’arracheront…

La Laiteuse et son chat
Gérald Duchemin
Le Chat Rouge
17 €

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