Entretien avec Jeanne Faivre d’Arcier

eMaginarock :  Bonjour Jeanne, et tout d’abord merci de répondre à ces quelques questions pour nos lecteurs. Vous serait-il possible de vous présenter mais également nous expliquer votre parcours littéraire ?

Jeanne Faivre D’Arcier : Bonjour, merci à vous d’être venu. Comme pour la majorité des auteurs, j’ai commencé  par écrire une autofiction dont le thème est l’anorexie mentale. J’ai ensuite souhaité écrire des fictions, plus précisément des romans noirs. Mais ce fut difficile, en partie car je ne connaissais pas les codes du roman noir. J’ai essuyé de nombreux échec durant cette période. J’ai alors décidé d’arrêter d’écrire. Quelques années plus tard, j’ai rencontré mon compagnon actuel qui était éditeur. Cette rencontre a en premier lieu été une rencontre intellectuelle engendrant une période de réflexion. Il m’a fait découvrir la littérature de terreur, notamment Stephen King et Anne Rice. Ces lectures m’ont donné envie d’écrire à nouveau. C’est ainsi que j’ai écrit Rouge Flamenco, avec pour idée directrice Carmen, la femme fatale. La suite logique fut La Déesse écarlate. J’ai ensuite voulu rompre avec l’univers des vampires, et écris un roman historique sur une actrice tunisienne au destin tragique. Malgré le très bon accueil qu’il a reçu, particulièrement en Tunisie, je n’ai pas souhaité continuer dans cette voie. Le respect total de la réalité bridait mon imagination. Retour aux romans noirs pour adultes et jeunesse.

 

M : Votre premier roman fantastique a donc été écrit 10 ans après votre premier livre, grâce à vos nombreuses lectures. Qu’est ce qui vous attire dans le fantastique ?

J.F : Ce qui m’attire dans le fantastique, c’est véritablement les vampires. Je n’arrive pas à écrire sur un autre thème comme les sorcières par exemple. Ce n’est pas moi. Le seul livre utilisant un autre thème que les vampires fut Gengis Khan et le Loup Bleu.

M : Vous publiez à présent un nouveau roman chez Bragelonne, Le Dernier Vampire. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur sa genèse ?

J.F : J’avais annoncé à l’époque une suite à Rouge Flamenco et La Déesse écarlate, mais je n’avais pas encore d’axe conducteur. Je l’ai finalement trouvé avec la Révolution française. La Révolution est une période très riche et surtout tragique. J’ai surtout voulu mettre en lumière un mouvement délaissé dans la fiction traitant de la Révolution française, le mouvement Girondin. Etant née en Gironde, j’ai des liens très forts avec cette région. Grâce au Dernier Vampire, j’ai pu mettre en lien tout ce que j’ai appris et aime écrire : les romans noirs et la fiction, tout cela sur un matériel historique.

M : Le personnage principal, Christine, est un capitaine chargé d’une banale affaire de meurtre. Mais elle découvre rapidement qu’il n’en est rien et plonge dans un monde fantastique. Comment avez-vous créé Christine ? Vous êtes vous inspiré de l’un de vos proches ?

 

J.F : Les personnages sont entièrement inventés, même si l’on me retrouve un peu dans chacun d’entre eux. Particulièrement chez Christine qui est rebelle, ne supporte pas la hiérarchie et est solitaire. C’est le personnage principal. Pour les autres je me suis rappelée d’une interview d’un directeur de la Police Nationale qui expliquait que le mythe du commissaire omniscient n’existe pas dans la réalité. C’est un groupe qui travaille ensemble et mène l’enquête. J’ai voulu respecter la réalité tout en gardant une originalité. L’originalité vient de Christine. Pour le reste du groupe, j’ai inventé Patrice Dumont qui est un véritable hommage à Patrice Duvic. Il a son intelligence, son intuition, son humour et est fou de littérature fantastique. C’est d’ailleurs lui dans le roman qui amène l’équipe vers d’autres pistes qu’une simple histoire de meurtre. Pour contraster avec les deux personnages, j’ai inventé un aristocrate brillant, multilingue mais qui garde toujours un côté rebelle.

M :  Il est très à la mode dans les romans traitant des vampires, que le scénario se déroule aux Etats-Unis, ou au moins dans de grandes villes. Pourquoi avoir choisi la France et surtout sa province ? 

J.F : J’ai voulu rompre avec les deux premiers livres. Ensuite, je souhaitais mettre en scène la Révolution dans toute la France, et particulièrement en province. La scène bordelaise est le berceau et la fin du mouvement girondin que j’ai voulu sortir de l’obscurité. Il faut dire que ce mouvement est très peu considéré du fait de ses choix politiques, et notamment pour avoir entraîné la France dans la guerre au moment où il n’y avait plus d’armée.

M : Chasseuse de tête pour l’industrie de la cosmétique, du luxe et des médias, vous avez une vie professionnelle bien remplie. Comment arrivez-vous à concilier votre travail avec les impératifs de l’écriture ?

J.F : Depuis 2008, je ne travaille plus comme chasseuse de tête. J’ai voulu me consacrer à l’écriture et j’ai alors saisi l’opportunité de quitter l’entreprise dans laquelle je travaillais. J’aimais beaucoup mon métier et je m’y suis amusée, même si je commençais à m’y ennuyer. L’écriture marchait lorsqu’au travail cela n’allait pas et inversement. Mais aujourd’hui c’est une nouvelle vie. J’écris, je m’occupe de la promotion, je fais des dédicaces et des salons à Paris et en province. Tout cela m’amuse énormément, c’est très enrichissant.

M : En parlant de salons, serez vous présente à quelques uns d’entre eux cette année ?

J.F : Oui, je serai au salon du livre à Paris et aux Imaginales à Epinal. Je serais également présente en Gironde et j’espère faire l’Escale du livre à Bordeaux.

M : Avez-vous des projets d’écriture à venir ? Un sujet qui vous tiendrait à cœur et que vous n’avez pas encore développé dans vos romans précédents ?

J.F : J’ai le projet d’un roman contemporain à Pigalle. J’y vis depuis vingt cinq ans et j’aimerais y raconter des anecdotes. Mon compagnon m’a déjà dit que si je n’écrivais pas sur Pigalle avec tout le passé commun que j’ai avec ce quartier, alors personne n’allait écrire dessus ! –rires– Je dois aussi dire que j’évite les séries de romans car je ne suis pas à l’aise avec eux. J’ai peur d’ennuyer le lecteur, de m’ennuyer avec et de ne pas être à la hauteur du premier.

M : Vous écrivez depuis plus de trente ans maintenant, avez-vous des conseils à donner aux jeunes auteurs qui souhaitent se lancer dans l’écriture ?

J.F : C’est bête à dire mais pour commencer à écrire, il faut écrire. Il faut aussi être cinglé afin d’être capable de penser que les histoires que l’on écrit vont intéresser des lecteurs. Il faut également beaucoup d’opiniâtreté, de rigueur, et ne pas se décourager face aux échecs.

M : Merci d’avoir pris du temps pour répondre à nos questions. Avez-vous un dernier mot à adresser à nos lecteurs ?

 

J.F : Merci à vous. Comme mot de fin je dirais que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt et pas après 11h ! –rires

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