Impact – Douglas Preston

Tout laisse croire qu’un météore s’est abattu au large du Maine. Persuadée que l’aérolithe est tombé sur un îlot, une jeune étudiante, à la fois astronome et pêcheuse de homards, se lance à sa recherche. Peu de temps après, à l’autre bout du monde, des gemmes étonnantes apparaissent : elles sont de toute splendeur, mais aussi fortement radioactives. L’agent fédéral Wyman Ford, déjà rencontré dans « Codex », « T-Rex », et « Credo », est  envoyé au Cambodge sur la piste des gemmes fatales, qui pourraient servir à l’élaboration d’une bombe sale. Dans le même temps, aux Etats-Unis, peu après l’assassinat d’un scientifique, un jeune technicien en analyse de données découvre une impossible source séquentielle de rayonnements gamma, dont il localise l’origine sur la planète Mars. Ces éléments en apparence disparates vont fusionner en un bien étrange agrégat de questions. Depuis l’espace, semble-t-il, une menace pèse sur la terre. Délire collectif d’experts, avancée scientifique secrète ou événement rationnellement inexplicable ?

Les héros de ce récit progressent donc dans des intrigues tout d’abord parallèles, puis enfin convergentes. Les zones reculées du sud-est asiatique, le semis d’îles au large de la côte américaine, le maquis des laboratoires de recherches et des agences gouvernementales sont la  toile de fond de leurs aventures et mésaventures. Scientifiques enthousiastes ou véreux, hommes d’influence dont il est difficile de savoir ce qu’ils  dissimulent («  Evidemment que nous vous cachons encore des choses…depuis quand est-ce qu’on se dit tout dans ce métier ? »), et bien entendu assassin glacial et machiavélique viennent pimenter ces enquêtes menées tambour battant.

Si l’ouvrage n’est pas totalement exempt de défauts (le passage ou Wyman Ford neutralise une petite armée de Khmers rouges témoigne hélas d’un  travers assez récurrent dans bien des thrillers américains : les étrangers ne sont par définition qu’un tas de pauvres cloches plus faciles à manipuler que des gosses de six ans) ou d’un recours excessif aux coïncidences qui, il est vrai, relève lui aussi des lois du genre (on notera la série d’éléments aboutissant à la rencontre de Wyman Ford et de l’héroïne), ceux-ci restent dans l’ensemble très secondaires, et moins marqués que dans d’autres œuvres écrites par l’auteur en collaboration avec son complice Lincoln Child.

En effet, les psychologies plus développées mais guère crédibles,  tout comme les dialogues sonnant  trop souvent faux d’œuvres telles que « La Chambre des Curiosités » ou « Ice Limit », ne viennent pas entacher « Impact ». Les amateurs de Douglas Preston apprécieront également d’avoir affaire à des héros certes savants, subtils, entreprenants et audacieux, mais néanmoins dans des limites crédibles, plutôt que d’être une fois encore confrontés au personnage emblématique du tandem Preston et Child, l’agent fédéral Aloysus Pendergast, dont l’emprise sur ses contemporains et les compétences quasiment surnaturelles ont fini par faire un personnage réellement horripilant. Un bon point pour  Douglas Preston donc, que de s’être débarrassé des scories de ses œuvres antérieures.

L’action  et le rythme sont donc ici privilégiés au détriment d’éléments ne concourant pas directement à l’intrigue. En plus de quatre-vingt-dix chapitres très brefs, Douglas Preston parvient à maintenir l’attention sur près de cinq cents pages. L’écriture est simple et fonctionnelle, et la seule référence littéraire mentionnée au passage (Kurt Vonnegut et la fameuse Glace 9 décrite dans « Le Berceau du Chat ») relève elle aussi d’une littérature frontière, à la limite de la science-fiction.

Douglas Preston emmène donc son lecteur sans temps mort jusqu’à la fin de son récit. Une fin  à la fois élégante et habile, d’une part grâce à la résolution,  par une simple phrase de trois mots, d’une situation complexe mettant en jeu la survie de l’humanité, d’autre part  par l’effet d’une observation ultérieure qui, en plongeant le lecteur dans les abîmes de l’espace et du temps, semble lever toute menace. Très éloignée donc d’une « happy end » artificielle ou forcée, à la fois logique et inventive, la dernière partie de ce techno-thriller le fait basculer pleinement, et de façon quasiment naturelle, dans la science-fiction revendiquée. Une conclusion parfaitement réussie qui n’avait rien d’une gageure, et qui pour finir donne à « Impact » une dimension originale.

Impact

Douglas Preston

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Roman Duchesnes

Couverture : Camille Baudoin

Le Livre de Poche

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