Identités – Lucie Chenu (dir.)

La question de l’identité apparaît comme étant particulièrement au centre des préoccupations politiques actuelles. D’ailleurs, la grande question à laquelle chacun de nous tente de répondre durant tout une partie de sa vie est : qui suis-je ? Suis-je défini par la société qui m’entoure ou bien par l’ensemble des caractéristiques qui sont miennes ? Cette question finalement insoluble a servi de thématique à Lucie Chenu pour diriger cette anthologie réunissant un grand nombre d’auteurs.

La question de l’autre, du soi, sont réellement au centre de chacun des textes présentés et Lucie Chenu, dans une préface particulièrement bien menée -car je déteste les préfaces habituellement, nous explique le pourquoi de l’anthologie avec une verve particulièrement agréable à lire.

C’est suite à cette préface que nous plongeons dans les méandres de l’Humain…

Cette anthologie est découpée en trois pans distincts :

–          Identités meurtrières

–          Identités miroirs, identités mémoire

–          Miroirs brisés, puzzles éclatés

Commençons donc avec la première partie : Identités meurtrières. Sont réunis dans cette première partie : Jean-Pierre Andrevon, Jess Kaan, René Beaulieu, Pierre Alexandre Sicart, Jérôme Noirez, Jean-Michel Calvez, Jean Millemann, Claude Mamier et enfin Claude Ecken. Chacune de ces neuf nouvelles s’articule autour de l’exclusion, de l’invasion de son espace vital, de sa propre libération. La chanson de Jean-Pierre Andrevon est particulièrement touchante, parlant d’étranger et retraçant un certain nombre des pensées communément acquises que l’on voit dans notre société. Tantôt émouvantes et effrayantes, les nouvelles de cette première partie, qui a presque pour but de nous faire entrer dans l’univers identitaire finit par vaincre les dernières résistances du lecteur qui parcourt ces pages avec une attention renouvelée à chaque ligne.

J’ai trouvé la seconde partie sur les identités miroir plus étrange. Bien loin d’être difficile à lire, elle s’attaque à la question de la mémoire avec beaucoup de possibilités narratives différentes. Alain le Bussy, Michèle Sébal, Antoine Lencou, Sylvie Miller, Philippe Ward, Li-Cam, Pierre Gévart, Orson Scott Card et Lionel Davoust sont au sommaire de cette seconde partie avec des drames, des dons de mémoire par certains, d’autres la perdent,… Une seconde partie que j’ai trouvée plus intrigante, plus sombre encore que la première avec des textes à l’esthétique poussée.

La troisième et dernière partie sur les Miroirs brisés est celle qui m’a le plus troublé. L’absence totale de repères, qu’ils soient mémoriels ou autres, désoriente le lecteur qui perd lui-même le fil de ses pensées tant il entre dans la peau de chacun des personnages. De très grands novellistes figurent dans cette partie : Constance Bloch, Carl Louvier, Dennis Labbé, Sophie Dabat, Ludovic Lavaissière, Estelle Valls de Gomis, Fredgev, Léo Lamarche et Tepthida Hay. Beaucoup plus noires, ces nouvelles clôturent avec grâce une anthologie qui vaut son pesant d’or.

Le style particulièrement littéraire de chacun des novellistes, les univers variés recelant chacun l’âme de son auteur, la thématique centrale de l’anthologie, tout dans ces 460 pages appelle au succès. Rien n’est laissé au hasard ici et cela est un vrai plaisir de lire une anthologie de qualité, avec beaucoup de textes (26 tout de même), et une réelle réflexion en arrière-fond. Car sachez, Mme Chenu, que comme vous le souhaitiez dans votre préface, chaque texte fait réfléchir et pousse à s’ouvrir à l’autre…

Identités
Lucie Chenu (dir.)
Editions Glyphe Imaginaires
22 €

Titre :
Série :
N° du tome :
Auteur(s) :
Illustrateur(s) :
Traducteur(s) :
Format :
Editeur :
Collection :
Année de parution :
Nombre de pages :
Type d'ouvrage :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *