Entretien avec FAUN – Cernunnos Fest X

Dernier week end de février, il fait très froid mais le soleil est au rendez-vous ! En ce premier jour du Festival Cernunnos à Noisiel, j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer les membres du groupe Faun avant leur montée sur scène. Niel (le DJ), Laura (chant), Fiona (cornemuses, flutes et chant), Rüdiger (percussionniste) et Oliver (chant et instruments à cordes) ont bien voulu répondre à mes questions. Merci à eux pour leur patience, leur gentillesse et leur humour. Il faut bien admettre, j’étais ultra impressionnée et pas trop sereine.

Merci d’être ici au Cernunnos , c’est un plaisir de vous voir en France. C’est la seconde fois que vous venez, non ?

Neil : Non, pas du tout. Nous avons joué bien plus souvent en France. Il est vrai que nous avons eu une longue absence jusqu’au Ragnard Rock (2016) et ensuite un autre break de 2 ans mais aujourd’hui nous sommes là de nouveau.

Comment en êtes vous arrivé à côtoyer le monde du Metal? Votre musique est plutôt éloignée de ce monde : c’est très médiéval. Vous avez un penchant pour ce milieu ou bien est ce un hasard pour vous de jouer dans des festivals plutôt métal?

Fiona : oui … C’est une sorte de hasard je dirais, parce que nous avons tous un passé différent dans le groupe.La majorité d’entre nous est issue de la scène folk et joue de la musique folk. Mais Neil par exemple il était un DJ très connu sur la scène techno. Ce que je veux dire, c’est que bien que j’aime le métal, je veux pas en jouer. Dans Faun nous préférons jouer de la musique folk. Nous sommes plus proche des anciens mythes, des contes de fées et des légendes et ce genre de choses. Je pense que la connexion avec le métal s’est faite par le biais des groupes de folk et ceux qui utilisent les cornemuses et les vielles à roues. c’est là, le lien entre nous et le monde métal. C’est vraiment bien car on peut jouer ici !

Vous sortez un nouvel album, c’est un Best Of. Comment avez-vous décidé qu’il était temps de faire un album de ce genre?

Niel : Il y a 15 ans, l’album Licht est sorti et c’était un peu comme le premier stade de cette connexion avec le son que nous faisons maintenant. Pour nous c’était un peu le point de départ historique de notre marque sonore en tant que groupe. Nous avons donc décidé que c’était le bon moment, la bonne année, pour faire ce type d’album.

C’est la seule raison, la seule motivation ou bien vous avez envie de passer à autre chose?

Oliver: Parfois il faut savoir célébrer, tu comprends. C’est notre gâteau d’anniversaire! Tu regardes en arrière et tu te dis : hey on a eu de sacrés bons moments!

Fiona : Cela nous apporte un panorama de ces 15 dernières années. On a déjà trouvé difficile de compiler ces chansons sur un CD. Déjà 15 ans ! Si nous avions attendu encore 5 ans avant de faire le Best Of, comment aurions-nous pu choisir quels morceaux à insérer? Il y a déjà tellement de chansons que nous aurions aimé mettre sur ce Best Of. Alors, c’était un bon choix que de le faire maintenant. Mais nous avons aussi de nouveaux titres sur cet album! C’est un peu un entre-deux : à mi-chemin entre le curriculum vitae de ce que peut faire Faun et le présent. Nous avançons.

Niel : En réalité, notre groupe fête ses 1500 ans. Mais personne ne voudrait le croire, on se moquerait de nous alors on a simplifié à 15 ans. C’est plus crédible.

Je voudrais parler un peu de l’artwork du CD. Il est vraiment très classique : un petit lutin tenant un masque. Y-a-t-il une signification particulière ou bien vous souhaitiez rester classique et permettre aux gens de reconnaitre vos CDs et se dire “tiens ça c’est du FAUN” ?

Oliver : C’est juste notre symbole. Quand tu portes le nom de Faun, tu choisis un Faun ou Pan. C’est un symbole sympathique que nous avons choisi il y a bien longtemps, et plus nous allons de l’avant, plus il nous va comme un gant. Il est le protecteur de la Nature, il est comme un lien, le chainon manquant entre les anciens dieux et les hommes ou entre la nature et les hommes. C’était très agréable de trouver une si belle peinture à mettre en avant : c’est mystique et amical parce qu’il est vraiment un protecteur. Nous sommes très fiers parce que c’est l’œuvre d’un très grand artiste : Brian Froud. Il est très connu dans le monde de la fantasy, il a travaillé sur les films Labyrinth et Dark Crystal! Nous sommes vraiment très heureux de pouvoir utiliser cette peinture.

Sur cet album, quel est votre morceau favori? Avez-vous un titre favori?

Laura : Je crois que nous avons chacun un titre favori différent. Pour moi, ma chanson favorite de Faun est Odin.

Neil : Il y en a tellement ! C’est vraiment difficile de choisir. Il y a notre nouveau morceau Feuer Je l’aime vraiment beaucoup aussi, c’est l’une de mes préférées sur l’album. Mais j’aime énormément les anciennes. Je pourrais les écouter à longueur de journée… C’est vraiment difficile d’en choisir une seule.

Oliver : Je ne pourrais pas dire. c’est… 15 ans ! Sur cet album, ce ne sont pas forcément les meilleures, ce sont surtout de très bons moments. C’est difficile parfois de capturer l’atmosphère d’une chanson. Par exemple, Wind und Geige, qui est sur l’album, est un vieux titre, mais nous l’avons enregistré plusieurs fois, 3 fois, parce que c’est difficile de retrouver la même force et la même atmosphère que celle que nous avons sur scène. Et je crois que cette fois, nous avons plutôt bien réussi. Nous y avons mis beaucoup d’efforts. Il y a un certains nombres de morceaux que nous avons ré-enregistré parce que nous avons changé en 15 ans, alors il y a de vraiment très belles versions. Je suis vraiment très fier.

Rudiger : Je dirai la nouvelle, Fire.

Fiona : Je crois que je préfère Hymn to Pan. C’est ma chanson favorite. Elle l’a toujours été, elle est vraiment “trippante”.

Vous tournez plutôt régulièrement, tous les ans, et je me demandais comment vous gériez votre vie de tous les jours et les tournées?

Oliver : Il y a une vie de tous les jours en tournée!

Fiona : C’est notre travail !

Je voulais dire, comment vous gérez avec votre famille, vos proches, les amis et les tournées?

Oliver : Évidement c’est comme notre travail. C’est un magnifique métier et nous sommes très heureux de pouvoir le faire. Cela suit la logique, c’est une façon d’avoir de l’inspiration, des influences. Nous engrangeons des histoires à raconter. Parfois, on doit dire non, on a besoin de vivre nos vies. Comme cet hiver, nous avions besoin d’une pause, nous avions vraiment besoin de lire, d’avoir de nouvelles idées. C’est comme laisser germer des graines. En général, c’est un boulot sympa et nous essayons de trouver un équilibre entre la route et le repos.

Fiona : J’ai moi aussi une famille et je peux passer bien plus de temps à la maison qu’une mère qui aurait un travail normal avec des horaires de bureau.

Laura : C’est vrai !

Fiona : Je suis vraiment très heureuse avec cela : je peux être à la maison par exemple une semaine entière et d’autres semaines c’est normal je suis en tournée. C’est plutôt bien !

Vous avez trouvé votre propre équilibre.

Fiona : Oui, parfois il faut se battre un peu parce que certains veulent jouer plus que d’autres. Mais nous arrivons toujours à trouver un accord.

Neil: le seul inconvénient que je trouve à cela, c’est la corvée de devoir laver les vêtements : les avoir secs à temps pour le prochain concert. C’est une corvée mais une toute petite.

Fiona : C’est vraiment un gros problème pour Neil …

Laura : Presque insupportable!

Rires

Est ce que vous avez des sources d’inspirations particulières? Des histoires, des modèles ou des livres?

Oliver : Nous avons tous des sources d’inspiration différentes. C’est pourquoi le mélange nous rend intéressant. Nous écoutons des musiques différentes, donc nous avons différentes sources d’inspirations.

Oui exactement, c’est pour cela je me posais la question.

Oliver : Pour moi, ce sont les compositeurs interprètes anglais et scandinaves, les chansons traditionnelles scandinaves et aussi Dead Can Dance. Ils m’ont beaucoup inspiré.

Neil : Pour ma part, j’avais cet ami gothique, qui était assis a coté de moi en cours, c’était aussi un grand fan de Dead Can Dance. Ce fut mon premier contact, j’ai eu cet étrange sentiment au premier abord. Par la suite j’ai rencontré Fiona, J’étais toujours dans ma phase électro et elle écoutait déjà de la musique Médiévale. C’est alors que je suis passé de cet étrange sentiment à un ” ok , je comprends le sens de ce son, je comprends pourquoi les gens l’aime”. C’était pour moi un point de départ : je me suis vraiment intéressé et cela m’a mené vers ce que nous créons maintenant.

Laura : hummm la musique. Je dirai les chansons folk scandinaves parce qu’elles sont la raison pour laquelle j’ai commencé le chant. J’écoute aussi beaucoup de Rock progressif et du psyché.

Fiona : Pour moi…. J’ai toujours joué de la musique, depuis toujours, aussi loin que ma mémoire remonte. J’ai tellement d’influences ! J’ai été influencé par des personnes, par exemple un ami de mes parents qui était un joueur de vielle, ils avaient l’habitude de faire des bœufs à la maison. Nous, les enfants avions l’habitude de nous endormir pendant leurs sessions. J’ai été élevé dans la musique et j’ai eu d’excellents professeurs. J’ai beaucoup voyagé aussi, j’ai vécu avec des écossais et des irlandais dans une maison en colocation où j’ai pu apprendre leur musique. Mes influences sont là.

Rüdiger : Beaucoup de choses! J’ai étudié beaucoup d’instruments de percussions et celles d’Afrique. Maintenant, cela dépend des sorties d’instruments du moment. Ces derniers temps, j’aime bien le snare drum de Bateria et puis je m’intéresse aussi au vieux style militaire. Peut-être que le prochain album sera plus “direct”

*rires*

Rüdiger : Mais ça peut changer la semaine prochaine.

Fiona : On va jouer en tenues militaires, dans un proche futur …. Ça va être sexy!

Laura : Les fans vont adorer… Ce sera sexy et court.

rires

Quel est votre pire souvenir sur scène?

Tous : Non ! On en a pas!

Dans ce cas, peut-être le souvenir le plus amusant, marquant, une anecdote que vous aimez partager et raconter?

Fiona : Il m’arrive parfois sur scène ces épisodes que j’appelle les épisodes MacGyver. Un truc arrive inopinément et je dois trouver une solution en quelques secondes. Par exemple, mon portant à flutes est tombé, c’était instable… Donc, il tombe et une de mes flutes se casse. Je dois la réparer dans les 3 secondes qui viennent parce que je dois être devant avec cette flute! Alors, je suis là, à la réparer avec du gaffer (elle mime la scène). J’en ai quelques unes des comme celle-ci.

Neil :  Oui j’en ai. Par exemple, si tu joues dans un endroit avec un paysage magnifique. Tu vois le soleil qui se couche ou les étoiles au dessus de la tête ou bien encore des feux un peu partout. Tu lèves les yeux de tes instruments et tu vois le paysage, et tu réalises : “ok c’est de la pure beauté, merci de me permettre de faire cela!”

Oliver : Est ce que c’est vraiment arrivé tout ça?

Neil : Non

Rires

Fiona : Mais rappelles toi, la fois où nous chantions Tinta, la déesse de la fertilité. On a eu exactement ce moment avec le soleil qui se couche et là arrive cet oiseau, celui apporte les bébés, comment vous dites en Français?

Une cigogne ?

Fiona : une cigogne qui arrive en volant  juste au dessus des spectateurs et nous étions en train de jouer Tinta, la chanson de la déesse de la fertilité! C’était incroyable!

Comment donneriez-vous envie à nos lecteurs d’écouter votre musique, en 5 mots?

Fiona : Ce serait quelque chose avec archaïque.

Lara : Pagan

Fiona et Laura : Nordique, Mystérieux…

Laura : c’est dur

Fiona : oui… Mais on doit en faire une phrase j’imagine.

Neil en comptant sur ses doigts : Le son de la nature.

Oliver : une référence aux temps anciens comme mythologie,les temps mystiques…. Je crois que notre musique est une possibilité d’ouvrir la porte. La porte vers d’autres mondes.

Neil : Créer une transe dans auditoire. J’ai laissé le “le” de coté.

Rüdiger  : Les tambours militaires sont exceptionnels!

Rires.

Rüdiger : Sérieusement, quelque chose avec les ouvreurs de porte.

Merci beaucoup pour votre temps. J’espère que vous profiterez bien de votre journée et d’être sur scène tout à l’heure!

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