Entretien avec Fabien Clavel, auteur de Feuillets de Cuivre

Fabien-Clavel

eMaginarock : Bonjour Fabien, et merci de prendre la peine de répondre à ces quelques questions. Pourrais-tu tout d’abord te présenter à nos lecteurs et nous expliquer ton parcours ?

Fabien Clavel : Bonjour, après treize années d’écriture, j’arrive à une forme d’équilibre puisque j’ai publié une trentaine de romans (moitié adultes, moitié jeunesse) et autant de nouvelles dans de nombreux genres de l’imaginaire. Je partage aussi mon temps entre le métier d’écrivain et celui d’enseignant de lettres classiques.

M. : Je vais commencer par parler de ton actu du moment : Feuillets de Cuivre. Tout d’abord : d’où t’es venue l’idée de l’Inspecteur Ragon ?

F.B. : C’est un très vieux personnage qui est né autour de l’an 2000. Il m’a accompagné jusqu’à aujourd’hui, en évoluant au fil du temps dans mon esprit. Peu à peu, il est devenu ce qu’il est maintenant : un détective obèse et bibliomane qui résout ses enquêtes uniquement à partir des livres et de sa culture littéraire. D’une certaine manière, je pourrais dire en reprenant Flaubert : « L’inspecteur Ragon, c’est moi ».

M. : Pourquoi avoir articulé Feuillets de Cuivre de cette façon ? Finalement c’est presque plus un recueil ou un roman morcelé qu’un roman classique non ?

F.B. : C’est dû à la genèse longue du personnage. Il est apparu dans un roman encore inédit, comme personnage secondaire. Puis dans une nouvelle. Puis une autre. Ensuite, ayant cinq nouvelles écrites, j’ai systématisé le procédé et écrit la suite comme une sorte de relecture du début. J’aime varier la construction de mes romans et, comme le dit la postface d’Isabelle Périer, cela renvoie au final aux séries télévisées qui travaillent à la fois sur l’unité de l’épisode et sur la cohérence d’un arc narratif. C’est aussi une mise en abyme de mon travail depuis Homo Vampiris en 2009 : des personnages reviennent de roman en roman, de nouvelle en nouvelle. Chacune de mes histoires depuis cette époque est faite pour être lue à la fois pour elle-même mais aussi en référence avec mes autres histoires. Par exemple, Feuillets de cuivre fait référence à un autre roman, une autre nouvelle, et contient des allusions à de nombreux autres romans où apparait le lieutenant Nogar (Nephilim, Homo Vampiris, Le Miroir aux Vampires, Les Adversaires, les aventures de Lana Blum).

feuillets-de-cuivre

M. : Comment s’est déroulée l’écriture d’un livre aussi diversifié et aux nombreuses facettes ? Comment as-tu travaillé ?

F.B. : Comme pour mon roman précédent L’Evangile cannibale, dont la gestation a été longue, j’ai procédé par ajout de couches successives. D’abord des histoires policières, puis une méthode d’enquête entièrement littéraire, puis des variations sur le steampunk, puis un jeu sur la symétrie entre les deux parties du roman, puis des jeux sur le cuivre et ses symboliques, puis sur le vocabulaire du livre et sur la fiction, etc. À chaque fois, j’ai relu et retravaillé les textes déjà écrits pour les homogénéiser. J’ai laissé des indices sur le twist final, des allusions à de nombreux héros policiers. Finalement, le plus difficile est de s’arrêter pour ne pas déformer le texte et lui garder sa fraîcheur initiale.

M. : Passons maintenant au reste de ton œuvre, qui est en passe de devenir proprement colossale : 31 romans, plus de 25 nouvelles. Comment fais-tu pour être aussi disert ?

F.B. : Pour avoir discuté avec Johan Heliot la semaine dernière, il affiche près de soixante-dix romans au compteur… J’en suis loin. Mais je suis une éponge à histoires, un peu à la manière de Ragon. Il suffit que je lise un roman de pirates pour que j’aie envie d’en écrire un. Si j’ai écrit beaucoup plus de nouvelles ces dernières années, c’est que j’ai enfin réussi à maîtriser à peu près le récit bref mais aussi pour écrire tout ce que je ne peux pas publier en romans. J’ai beaucoup de projets mais je manque de courage, de temps et d’opportunités pour tout écrire. Quoi qu’il en soit, je me nourris constamment de fictions et d’essais.

M. : Dans ce que j’ai lu tu as déjà traité de fantastique, de zombie, de mythologie, de fantasy humoristique, de SF,… Te reste-t-il des terres inexplorées que tu souhaiterais nous faire découvrir à l’avenir ?

F.B. : Il y en a plein ! J’aimerais travailler sur les super-héros, le wuxia ou le cyberpunk, par exemple. J’ai une très longue liste de genres romanesques, du picaresque au kaiju, en attente d’un angle d’attaque.

evangile cannibale

M. : Tu travailles également pour différents publics, jeunesse ou adulte. Comment gères-tu cette différence de public au niveau de ton travail d’auteur ? Cela a-t-il réellement un impact ?

F.B. : La première différence, c’est le nombre de signes, la longueur du roman. Du coup, la manière de raconter l’histoire n’est pas la même. Pour la jeunesse, elle doit aller droit au but. C’est toujours intéressant de passer de l’un à l’autre, d’autant qu’écrire pour la jeunesse revient à écrire pour tout le monde puisque les parents, les grands-parents viennent souvent feuilleter les livres.

M. : Et justement, pour quel public préfères-tu écrire ?

F.B. : Les deux sont intéressants et complémentaires. La littérature adulte est importante pour son aspect de défoulement que ce soit dans le style ou dans la structure, tandis que la littérature jeunesse est une école de la rigueur.

M. : Après autant de parutions, ne devient-on pas blasé des interviews et des chroniques ?

F.B. : Cela peut être fastidieux parfois mais cela veut dire que quelqu’un s’intéresse à ce qu’on écrit. C’est quand même le but à l’origine ! Je m’efforce donc de répondre à toutes les demandes (ce n’est pas trop difficile : je ne suis pas JK Rowling non plus) et aussi de varier mes réponses afin de ne pas répéter tout le temps la même chose.

M. : Quels sont désormais tes prochains projets, une fois que tu auras bouclé la promotion de Feuillets de Cuivre ?

F.B. : S’agissant des romans, je peux difficilement en parler puisque rien n’est encore abouti. En revanche, je travaille à des nouvelles, notamment de nouvelles aventures de Ragon. Peut-être que dans quelques années, j’en aurai suffisamment pour publier un autre roman sur mon personnage.

M. : Merci pour tes réponses et à bientôt pour de nouvelles aventures

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