Dance And Laugh Amongst The Rotten-Carach Angren

Il était une fois une bande de trois doux rêveurs venus du pays des écluses et de la tulipe. Ceux-ci décidèrent, en 2003, de former un groupe répondant au nom issu de l’univers de J.R.R.Tolkien, Carach Angren. Et tout à coup, le délice du Symphonic Black Metal les prît. Inspirés de nombreuses légendes, ils nous emmènent là où peu osent s’aventurer. Avec toute l’énergie théâtrale que l’on ne fait que savourer au fur et à mesure de leurs albums, c’est une nouvelle histoire somptueusement horrifique à laquelle nous assistons. Puisant sans cesse dans les faits divers à fort caractère surnaturel, les légendes en tout genre et sciences occultes ; il est certain que l’on touche ici une production de premier choix ! C’est ainsi que notre bon trio des Pays-Bas ; Seregor au chant comme à la guitare, les frères Ardek et Namtar (respectivement au claviers et à la batterie) ; nous offre ici une réalisation digne des rêves les plus sombres qui soit. Comme toujours sous forme de contes, nous y retrouvons le reflet des travers de l’humanité. Quand un nom tel que Dance And Laugh Amongst The Rotten est donné, nous savons à quoi affaire… L’histoire peut commencer.

Comme toute bonne réalisation Black Symphonic qui se respecte, nous avons le droit à un Opening pouvant laisser croire à une boîte de Pandore découverte qui, bon gré mal gré, est ouverte. L’effet de l’ouverture de cette boîte ne peut que nous transporter violemment dans une spirale de spiritisme laissant place au questionnement quant à l’entité réveillée. Nommé Charlie, celui-ci revenu hanter par la planche de Oui-Ja,  est ici pour ne souhaiter que notre destruction. Jugez par vous-même.

Ô miroir, mon beau miroir ! Dis moi qui est la plus belle ! Blood Queen nous remet face à comment nous nous percevons et réellement de quoi l’avenir est fait. Notre reine de sang ne fait que s’inquiéter d’elle et souhaite connaître l’avenir. Rappelant la tristement célèbre Élisabeth Báthory, celle-ci demande à son miroir son destin. Quelle n’en est pas sa surprise qu’elle se vît enfanter quand le miroir se brise. Ce sont les yeux ensanglantés par les bris que, frappée de désespoir, son orgueil se retrouve blessé.

Place à un fantôme qui fut, de son vivant, une grande vedette de la comédie ; et ce, des deux côtés de l’Atlantique. Charles Francis Coghlan nous renvoie au 19ème siècle. Le nom de cet acteur en devenir nous parle de la montée de son succès, de sa vie et de son étrange disparition. L’aventure du récit débute sur le calme avant la tempête, celle-là même qui emmena le cercueil de Charles loin de sa patrie l’Irlande. Décédé sur scène en pleine représentation, en plein apogée de sa renommée, celui-ci dût être rapatrié au pays de St Patrick. Et il est dit que son âme ne trouverait le repos qu’en retrouvant ses terres ancestrales. C’est ainsi que son histoire est contée…

Le nouveau récit qui vient nous met dans une posture partagée entre profond désespoir et joie malsaine. Comme si le temps avait décidé de s’interrompre. La mort nous met au dépourvu avec Song For The Dead. La faucheuse y a trouvé sa piste de danse, à y danser et rire parmi les putréfiés…

Dans In De Naam Van De Duivel, l’amour et le lot de douleurs l’accompagnant sont à ce que l’espérance est à l’appréhension et la peur de l’incertain. Car au nom du malin, les choses ne sont qu’en parties tenues pour vraies. Il faut bien avouer que quelque sorcière ne tolère un bonheur étranger à cette dernière. Tromperies, infidélités et autres tourments de la conjugalité nous entraîne dans une spirale digne des plus grandes tragédies sentimentales. La maudite sorcière ayant tenté le mari à l’adultère brise ainsi la flèche de Cupidon. Cette dernière se changeant en poignard pourfendant le cœur de l’infidèle époux. Le malin nous aura tous prévenus de ce qu’il en coûte de jouer avec des forces supérieures.

Dans l’espoir d’une quête, mieux vaut ne pas céder à la tentation de la facilité. Dans Pitch Black Box, la fameuse Pandore y trouve son repaire. Et cette dernière ne ment pas sur les conséquences à venir. Si la tendance de cette dernière est de tourner la clef six fois à gauche puis trois fois à droite… Certainement une référence au chiffre qui fait frissonner et enflamme les passions… En y scrutant la lumière y jaillissant, il est vrai que l’on est tenté d’y trouver les trésors de vérité qu’elle renferme. Mais est ce une bonne idée pour autant ? Nous pouvons en douter. Car la seule chose qui nous y attend n’est autre que la mort dévorant nos âmes.

Quand il s’agit de l’incompréhension, de se retrouver en état de faiblesse et de se sentir étranger au monde qui nous entoure, il est ici question, avec The Possession Process, de l’inéluctabilité de sombrer dans de grands tourments. Car la personne possédée en question souffre de tous les vices possibles et imaginables. Hélas, rien ni personne ne semble pouvoir l’en sortir. Elle appartient toute entière à cette entité qui la ronge et la détruit. Ainsi, dès le premier couplet, nous sommes confrontés au vif du sujet.

En guise de cerise sur le gâteau, nous assistons au retour de l’effrayant Charlie et de la non moins terrifiante Pitch Black Box dans une quintessence exquise et magistrale. Avec force supplication et désespoir, la personne ayant frayé avec ces forces obscures n’éprouve que d’amers regrets. C’est par ces trois coups de tonnerre que se révèle l’apogée de l’album avec Three Times Thunder Strikes.

De toutes ces épopées tragiques, obscures et épiques, nos chers Hollandais Violents ont toujours su nous plonger dans un monde dont les manifestations issues de l’éther nous laissent béats de rêves ténébreux et fantastiques à souhait. L’album Dance And Laugh Amongst The Rotten est une nouvelle fois de plus une référence au doux monde du Black Symphonic Metal. Et tout ceci n’est que prémices d’une autre aventure jubilant de nous attendre. Au bon plaisir de les revoir, ce n’est qu’un « Au revoir ! ».

Dance And Laugh Amongst The Rotten
Carach Angren
Season Of Mist
2017

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