Cheveux-de-Feu – La Légende de la femme louve T1 – Sylvie Wolfs

561091_117849511695875_1564018399_nJamais L’Irlandaise et le Sioux n’auraient dû se rencontrer.
Entre eux, un océan. Des océans…

1845. Jewell O’Connor et Zuzeca Cik’ala Iyasni ne sont encore que des enfants, mais déjà ils luttent pour leur survie dans un monde qui s’effondre. Pour elle, la famine. Pour lui, la guerre. Pour eux deux, la barbarie.
Au fil des bonheurs, des apprentissages, des drames et des épreuves, ils cheminent l’un vers l’autre.

L’Irlande de la Grande Famine, la New York des gangs, l’Amérique de la conquête de l’Ouest, les grandes plaines sauvages et ses tribus indiennes. Une épopée pleine de vent, de fureur et de mystère.

Une quête de liberté et d’identité. Une histoire de courage, celui d’une femme flamboyante et rebelle. Mais plus que tout, une grande histoire d’Amour qui marquera à tout jamais une légende à naître : celle de la Femme-Louve.

Le roman commence par une scène étrange. Celle d’un loup humant les odeurs de la forêt en pleine nuit. Il pense, il scrute, il sait quelque chose. À peine happé par le mystère de ce loup, nous sommes tout à coup projeté dans un autre contexte très différent ; le temps de tourner une page nous avons changé de continent.

L’histoire raconte le cheminement de deux protagonistes : Jewell et Petit-Serpent-Immobile, l’Irlandaise et le Sioux, la Femme et l’Homme.
Nous commençons tout d’abord par suivre Jewell. Nous découvrons son enfance miséreuse, sa terrible mère -qu’elle surnomme en secret la mauvaise- et la famine qui ronge le pays.
Au chapitre suivant, nous faisons la connaissance de Petit-Serpent-Immobile et de la vie dans les grandes plaines, avant que tout ne change à jamais.
Le style de l’écrivain est superbe, nous nous délectons de chaque mot. Chaque phrase est savamment organisée, comme équilibrant le poids des mots, et nous les entendons presque sonner comme un poème dans notre tête.
La narration est fluide, puis, par moment, le débit se laisse aller. Et nous nous laissons alors emporter par un torrent de longues phrases bien rythmées, décrivant un paysage ou une réflexion si profonde qu’elle semble jaillir de la pensée, ou du cœur pour certaines.
Au rythme des chapitres, alternant toujours entre les deux protagonistes, nous regardons l’indien grandir, et en parallèle, nous assistons à l’ignoble descente aux enfers de la pauvre Jewell, en simple spectateur de l’horreur. Les évènements s’enchaînent, tous plus révoltants les uns que les autres. Cela inspire un sentiment de frustration mais nous ne pouvons rien faire. Alors, après être passé au dessus de ces sentiments qui nous prennent au tripes, nous finissons par éprouver une fascination morbide pour son malheur. Nous ne pouvons plus détacher nos yeux de son image, dans cette chambre d’hôtel…
“Mais, ce premier soir, toutes étaient à la même enseigne. L’innocence était une denrée rare et son avilissement, un loisir de haut de gamme.”
Les chapitres sur la vie de Petit-Serpent-Immobile constitue de véritables bols d’air, qui nous délestent du poids du malheur de Jewell. Nous découvrons des paysages majestueux et un mode de vie si naturel, si respectueux, si pur, que nous ne pouvons qu’être touché par la force de cette manière de penser et de vivre.

Puis, vient la rupture. Au milieu du roman, les choses changent enfin, et Jewell parvient à prendre son destin en main. Mais le chapitre suivant, encore une fois nous nous trouvons comme projeté dans un lieu. Un troisième personnage apparaît et accapare le récit.
Nous finissons par nous intéresser à son histoire, puis nous revenons à Jewell et à l’indien. À ce moment là, nous nous rendons compte que cet “éloignement” temporaire des protagonistes était nécessaire car il nous a permis de modifier l’image de Jewell que nous avions en tête, pour la voir réellement telle qu’elle est devenue. Ce n’est plus une enfant chétive et maltraitée, c’est une femme magnifique, animée d’une furieuse envie de vivre.

Mais dans tout ça, où réside le fantastique me direz-vous? Dans le savoir des indiens…
Les Amérindiens étaient en telle communion avec la nature, ils avaient un mode de vie si pur… qu’ils étaient capables de grandes choses. Leurs esprits s’élevaient bien au dessus des nôtres, bien au dessus de ceux des Wasicus qui finissent fatalement par envahir les plaines comme un torrent de fourmis rouge, dévastant tout sur leur passage, brisant l’équilibre qui faisait la force et la beauté des peuplades des indiens d’Amérique.
Au départ, le fantastique repose sur le doute… Nous assistons à de nombreuses cérémonies rituelles qui nous font douter. Nous ne savons pas si nous devons y croire ou non, c’est comme si nous étions dans le brouillard et que nous clignions des yeux plusieurs fois pour tenter de mieux voir, de mieux comprendre.
Dans ce monde là, leurs dons n’étaient pas dénoncés comme de la sorcellerie mais vénérés comme des présents de Wanka Tanka.
Le fantastique réside dans les croyances amérindiennes. Les croyances en l’existence de pouvoirs mystiques et de communication avec les esprits et avec Wanka Tanka, le Grand Esprit, Dieu de toutes choses, qui s’exprime et leur parlent à travers des signes.

En lisant ce livre, préparez-vous à vous surprendre vous-même.
Personnellement, lorsque j’ai refermé l’ouvrage, j’ai éprouvé une grande haine pour les colons blancs, et une puissante admiration pour les Amérindiens.
J’ai tout de même deux regrets concernant ce livre : le dernier chapitre, et le premier que je n’ai toujours pas situé dans l’histoire.
En résumé, cette histoire est un festival d’émotions fortes, qui vous laisse émerveillé et songeur.

Cheveux-de-Feu
La Légende de la femme louve T1
Sylvie Wolf
Editions Lokomodo/Asgard
8€50

Titre :
Série :
N° du tome :
Auteur(s) :
Illustrateur(s) :
Traducteur(s) :
Format :
Editeur :
Collection :
Année de parution :
Nombre de pages :
Type d'ouvrage :

One thought on “Cheveux-de-Feu – La Légende de la femme louve T1 – Sylvie Wolfs

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *