Black Mirror Saison 1 – Charlie Brooker

Cette anthologie de science-fiction explore un futur high-tech retors où se heurtent les plus belles innovations de l’humanité et ses plus bas instincts.

J’étais curieuse de découvrir Black Mirror, cette série d’anticipation dont j’avais entendu beaucoup de bien. Après en avoir visionné la première saison, mon avis se révèle mitigé.

Cette saison ne comptant que trois épisodes, je pourrai décrire chacun un peu plus en détail.

Parmi les points positifs que j’ai retenus de cette série, j’ai apprécié le format plutôt original.

Les épisodes de Black Mirror ne se suivent pas, et ne prennent d’ailleurs pas tous place dans le même monde, chacun d’entre eux explorant davantage une possibilité d’évolution de notre société telle qu’elle existe aujourd’hui. Le point de départ de chaque histoire est intéressant, et se focalise sur un aspect de notre vie quotidienne qui pourrait, poussé à son extrême, dégénérer. Chaque épisode peut donc se regarder comme un court métrage.

Black Mirror montre un univers brut, sans excès d’effets spéciaux ni de musique pompeuse. Le but est avant tout de proposer un aspect réaliste des choses, et en ce sens la série ressemble presque à un documentaire. Les choses sont décrites telles qu’elles sont, mais sans jamais tomber dans un voyeurisme déplacé, alors que certains sujets auraient largement pu engendrer ce genre de dérive.

L’ensemble est très bien joué, les acteurs sont convaincants, ce qui ajoute encore au réalisme.

Le principal problème que m’a posé cette série est selon moi à sa crédibilité, crédibilité qui m’a surtout manqué dans les deux derniers épisodes.

Épisode 1 : L’hymne national

Le Premier ministre Michael Callow fait face à un terrible dilemme après le kidnapping de la bien aimée princesse Susannah.

Cet épisode propose pour moi le sujet le mieux exploité. Il explore les dérives liées aux réseaux sociaux et la difficulté de la presse à se taire sur certains sujets pour faire le buzz. J’ai trouvé que l’ensemble était bien vu et malgré un point de départ très dur, la manière de filmer reste suffisamment pudique pour que le spectateur puisse être choqué sans toutefois se sentir trop mal à l’aise.

Épisode 2 : 15 millions de mérites

Rejetée par le jury lors d’une émission de chant, une femme doit réaliser des tâches dégradantes ou retourner à sa condition d’esclave.

Je n’ai pas réussi à rentrer dans cette histoire. L’univers proposé décrit une humanité entassée dans de grands complexes aveugles, réduite à pédaler à la chaîne pour produire de l’énergie. Les écrans sont le seul divertissement de ce peuple asservi, que l’on incite fortement à se gaver d’émissions de télé-réalité et… de films pornos pour les hommes. Pire, dès que le sujet détourne les yeux, une alarme retentit et le contraint à regarder à nouveau. Ce parti pris, qui est pourtant fondamental au récit, ne me paraît absolument pas crédible. Je comprends l’asservissement de l’être humain dans un tel contexte et étant donné leurs conditions de vie, leur abrutir l’esprit semble en effet plutôt pertinent. Mais un lavage de cerveau doit se faire dans le bon sens, or forcer les hommes à regarder ce genre de films serait une grosse erreur : cela risquerait d’induire les agressions sexuelles et donc la violence, les émeutes, et à long terme une révolte du peuple. La plupart des grandes œuvres d’anticipations évoquent d’ailleurs davantage une dictature fondée sur l’interdiction d’établir des rapports sociaux afin justement d’éviter toute possibilité de regroupement et/ou de violence.

Le format hybride de cet épisode (une heure) ne m’a pas convaincue non plus : c’est trop court pour qu’on puisse vraiment comprendre le pourquoi du comment, mais trop long par rapport au sujet traité. Bref 15 millions de mérites ne m’a pas vraiment plu.

Épisode 3 : Retour sur image

Dans un futur proche, tout le monde pourrait être équipé d’un implant enregistrant tout ce qui sera fait, vu ou entendu.

Une fois de plus, je n’ai pas trouvé ce récit très crédible. J’arrive assez bien à imaginer le développement de ce genre de technologie : la population actuelle semble en effet plutôt encline à raconter sa vie sur les réseaux sociaux ou à la montrer lors des émissions de télé-réalité. Mais il me semble que les dérives en seraient visibles très rapidement : les implications d’un dispositif de ce type auraient des effets désastreux sur la vie professionnelle et personnelle, qui seraient, je pense, très rapidement identifiés. Or dans l’épisode, cette technologie est visiblement présente depuis plusieurs années, puisque tout le monde en a l’habitude. Et le héros semble soudainement se rendre compte que cela rend la vie impossible, comme si aucun d’entre eux ou presque n’y avait pensé auparavant…

Cet épisode ne m’a donc pas vraiment convaincue non plus.

En conclusion, Black Mirror m’a plutôt déçue dans la mesure où je n’ai pas trouvé cette série très crédible, mais j’ai cependant apprécié la façon brute de filmer et l’absence de voyeurisme, dans lequel il aurait pourtant été facile de basculer.

La saison 2 sera probablement déterminante de mon envie à poursuivre ou non.

Black Mirror

Créateur : Charlie Brooker

Avec : Bryce Dallas Howard, Alice Eve, Michael Kelly

Netflix 2016

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