Altra – Naïve

altra-naiveFondé il y a 15 ans par Jouch et Mox puis rejoints en 2007 par Rico, NAÏVE développe une musique tout à fait personnelle. Combinant guitares saturées, touches électros et vocaux aériens, celle-ci se déploie toute seule, sans même que l’on puisse – ou que l’on veuille – la définir totalement.

Tout dans cet album frise la perfection. De la première vibration sonore à la dernière note, NAÏVE nous transporte dans leur monde qui s’avère, finalement, être aussi le nôtre. En effet, la recette développée ici par les toulousains est quasiment la même tout au long des sept titres qui parsèment cet Altra. Boucles et rythmiques électroniques, riffs métalliques agressifs et incisifs, batterie qui claque, basse ronronnante, mélodies envoûtantes. Voilà. Tout est là. Mais comme pour la recette du plus célèbre des sodas, même si l’on en connaît les ingrédients, seuls nos trois artistes savent comment les doser pour mettre en œuvre leur musique.

Tour à tour, celle-ci nous transporte dans les airs tout en nous gardant sur Terre (Elevate Levitate) ; nous fait ressentir la pression subaquatique tout en étant tourné vers le soleil (Mother Russia) ; nous fait nous sentir vivant tout en étant profondément mélancolique (Waves Will Come). Car là est la grande force de cet album : il nous fait voyager. Mais non pas comme de vulgaires touristes à la découverte de nouveautés exotiques, il nous fait voyager les yeux grands ouverts, dans notre connu, seulement influencé par le regard clair-obscur de ses géniteurs.

En effet, à l’image de l’artwork et de l’univers graphique développé par le groupe, tout ici est histoire de contrastes savamment orchestrés : entre lumière et noirceur (Monument Size) ; calme et fureur (Altra, Surge) ; légèreté et lourdeur (Yshbel). Ce qui ressort également de cette œuvre sans réel temps faible – ce qui est une gageure pour une pièce dont aucun des morceaux ne descend en dessous des 6mn40 – est son lien aux éléments que sont l’air, l’eau et la terre. Lors des multiples écoutes d’Altra et au gré des différents titres qui le compose, je n’ai pu m’empêcher de ressentir cette impression d’être perpétuellement à mi-chemin entre Océan, Ciel et Terre (Yshbel, Waves Will Come), comme constamment en lévitation, mais en lévitation active. Bref, irrémédiablement transporté.

C’est donc à un tour de force auquel parvient à se livrer NAÏVE. Car non content de donner naissance à un album abouti, sans réel temps mort malgré sa durée (on pourrait noter bien sûr quelques longueurs par-ci par là, mais rien de bien significatif à vrai dire), ils parviennent à fournir ici une création personnelle, originale et parfaitement cohérente. Le tout, en donnant cette impression magnifique de simplicité et de naturel.

En définitive, jamais le nom d’un groupe n’aura autant collé à l’univers qu’il développe. Et jamais naïveté n’aura été aussi profonde.

Altra
Naïve
Autoproduction
2015

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