Résumé de l’éditeur :
Le Dehors de toute chose
Texte extrait par Benjamin Mayet de la Zone du dehors d’Alain Damasio.
Vingt ans après sa parution, Benjamin Mayet s’empare avec sa fougue propre de La Zone du dehors, roman visionnaire sur les sociétés de contrôle, et en extrait le vif dans un monologue qui frappe. Sa retrempe redonne sa puissance de feu à une anticipation qui n’a jamais été aussi inquiétante ni aussi actuelle. Elle déchire le cocon occidental des consensus et en appelle à désincarcérer les forces de vie que nos paresses et nos peurs enclosent.
Le premier roman, La Zone du dehors, d’Alain Damasio est paru en 1997 chez Cylibris, puis repris en mars 2007 à la Volte. La version Folio a dépassé les 60 000 ventes, tandis que La Horde du Contrevent est devenue culte.
Demande sécuritaire, autocensure, surveillance citoyenne élargie, gestion subtile des flux humains, la société de contrôle repérée par Deleuze et Foucault s’inscrit désormais dans nos vies.
La Zone du Dedans, Réflexions sur une société sans air par Alain Damasio.
Avec La Zone du Dedans, réflexions sur une société sans air, qui fait miroir au monologue, l’auteur livre ici un nouveau texte, poétique et politique, qui décrypte l’hégémonie du contrôle dans nos vies et sa fusion avec un capitalisme qui séduit et induit nos comportements plutôt qu’il ne produit. Il suggère aussi comment nous pouvons y échapper, en s’appuyant sur la force de ce qui nous lie, aux autres et avec nous-mêmes, pour que nos post-démocraties cessent d’être un liberticide collectif.
Pourquoi ai-je lu ce livre ?
Dans ma quête de petits livres, j’ai été attirée par ce titre, d’autant plus qu’il était présenté comme une excroissance d’un texte de Damasio, La Zone du dehors. Le livre ressemble à un livre d’artiste, avec un beau papier gaufré, un format presque carré, un design très sobre et une typographie rappelant les livres des artistes constructivistes.
Mon avis :
Ce livre est constitué de deux textes : Le Dehors de toute chose de Benjamin Mayet, et La Zone du dedans d’Alain Damasio, lesquels font écho à un troisième texte de Damasio, La Zone du dehors, publié chez le même éditeur en 1999. Cette référence intertextuelle est plus que pertinente et donne envie de (re)découvrir l’œuvre initiale.
L’avant-propos de Benjamin Mayet traite de la nécessité d’exprimer une rébellion intérieure. Sa rencontre avec le texte La Zone du dehors a été déterminante et l’a encouragé à travailler avec Alain Damasio lui-même.
Le Dehors de toute chose est divisée en cinq mouvements, sortes de longs poèmes en prose. Les mouvements sont de plus en plus longs, de la poussée initiale (« Par amour ») à l’origine de cet élan créatif, jusqu’à l’objectif, la finalité : sortir de soi et se libérer de ses entraves de manière perpétuelle (« N’être, devenir sans cesse »). Les thèmes abordés sont le conformisme, la démocratie, la critique d’une société décadente dans laquelle personne n’ose faire entendre sa voix. Il est dit qu’une société n’avance que dans la dialectique et dans l’absence de consensus. Cet appel à la rébellion, à ce sentir vivant et à exprimer ses émotions et ses opinions m’a particulièrement touchée.
La Zone du dedans est comme une grande inspiration (vers le dedans) aussitôt suivie d’une grande expiration (vers le dehors) pour extérioriser tout ce qui est resté enfoui en soi. Tandis que le premier texte restait dans la gamme de l’émotion, cette deuxième partie est beaucoup plus cérébrale, car, bien qu’écrite avec fougue, semble également déconstruire le langage avec la puissance d’une réflexion livrée de manière brute.
Pour apprécier pleinement ces deux textes, un certain lâcher-prise est nécessaire. Il faut se laisser porter par leur flot/flow, et s’ouvrir à eux sans retenue. L’expérience est encore meilleure si vous pouvez les lire à haute voix ! Car ils ont été conçus pour être dits, déclamés, plus que pour être lus. D’ailleurs, les textes ont initialement écrits pour un spectacle vivant à l’occasion des dix ans de la Volte en 2014, spectacle dont vous pouvez retrouver la vidéo ici : https://vimeo.com/119118784
En conclusion…
Deux textes poignants qui ont su capter l’air du temps, tout en disant quelque chose de la nécessité de futurs engagements, propres à l’être humain.
Pour qui ?
Pour ceux qui aiment le théâtre, la poésie, lire à voix haute, pour ceux qui apprécient les textes poignants qui jouent sur les registres de l’émotion et de la réflexion.
À déconseiller à qui ?
À ceux qui ne sont pas très friands du théâtre expérimental, des textes emphatiques et engagés, à ceux qui s’attendent à de la science-fiction pure et dure.
Le Dehors de toute chose
Benjamin Mayet et Alain Damasio
La Volte
Paru le 11 mai 2016, 72 p.
https://lavolte.net/le-dehors-de-toute-chose/