Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Peux-tu tout d’abord nous expliquer comment tu es devenue modèle ?
Bonjour ! Merci à toi de m’avoir contacté pour cette interview.
J’ai découvert le monde de la photographie lors de conventions depuis 2014. Je faisais partie d’un groupe de cosplayeurs, et nous incarnions des personnages imaginaires ou réinterprétés. Suite à une rupture amoureuse, j’ai cherché à reprendre confiance en moi et me réapproprier mon image. J’ai décidé de tenter l’expérience du shooting nu en 2017, c’était un peu faire le grand saut ! Ça m’a aidé à me découvrir différemment et j’ai souhaité continuer à interpréter d’autres personnages, créer des univers et des histoires.
Tu évolues très souvent dans des univers fantasy et fantastiques. Ce type d’univers est-il, de base, une passion chez toi ?
Depuis mon enfance, l’univers fantastique a été présent. Comme beaucoup d’enfants, Je rêvais de me découvrir un jour des pouvoirs magiques : pouvoir voler, lire dans les pensées, remonter le temps, lancer des sorts… Ensuite les livres, les films, séries, dessins animés, animes, mangas et beaucoup de jeux vidéo (parfois trop !) ont continué à nourrir cet imaginaire. Plus tard, ces univers sont devenus une échappatoire face à une réalité complexe. Aujourd’hui, la photographie reste un exutoire dans mon quotidien très cartésien avec un métier à responsabilité.
Comment se prépare une séance avec toi ? Choisis-tu toi-même tes costumes ? Les réalises-tu toi-même ou bien passes-tu par des créatrices et créateurs ?
Chaque séance est différente, l’idée peut venir d’un ou une photographe, d’une créatrice ou de moi-même.
Si j’ai une idée de thème, je peux créer ce qu’on appelle un moodboard : j’assemble différentes images d’ambiance, de tenues, de maquillage, de lieu pour inspirer des photographes. Ce moodboard est partagé par exemple en story sur Instagram ou sur des groupes de collaboration et les personnes intéressées me contactent. On élabore ensuite ensemble, chacun apporte quelque chose de personnel au projet. Pour d’autres projets, c’est le contraire, le ou la photographe poste une annonce de collaboration qui m’intéresse. Et enfin parfois il s’agit de photographes professionnels que je paye pour réaliser une idée bien précise.
Pour ce qui est des costumes il y a aussi différentes origines : il arrive que j’achète, modifie ou confectionne quelque chose juste parce que j’ai une idée en tête ou pour un projet précis. J’ai aussi souvent la chance que certaines créatrices me prêtent leurs tenues. Et pour finir les tenues peuvent-être incluses dans les formules de certains photographes.
Comment as-tu appris à poser ? Il se dégage souvent de tes poses, de tes regards, une douceur, une mélancolie, très belles à voir. Est-ce quelque chose que tu as spécifiquement travaillé ?
Merci beaucoup pour ces compliments qui me font vraiment plaisir ! J’ai appris à poser grâce aux conseils des photographes avec qui j’ai évolué très tôt, en m’inspirant aussi d’autres modèles dont j’admire le travail. Je suis aussi très critique envers moi-même et je cherche toujours à m’améliorer, en particulier pour transmettre des émotions à travers les photographies. J’essaie souvent d’extérioriser une émotion interne, en accord avec le personnage interprêté. Ça m’intéresse d’avantage que « juste être belle » même si parfois c’est agréable aussi.
Adopter un autre point de vue aide aussi, il m’arrive d’inverser les rôles et de passer derrière l’objectif et c’est moi qui dois guider le ou la modèle.
Comment choisis-tu les photographes avec qui tu travailles, à l’heure où tout le monde fait de la photo ?
Si je ne connais pas bien le photographe, je fais d’abord attention à ma sécurité. Ensuite je regarde le style du ou de la photographe, et je vois si j’arrive à me projet dans son style, dans un thème en particulier. Ce choix est très subjectif, et un style qui ne m’intéresse pas un jour, pourrait m’inspirer un autre car mes émotions seraient plus en accord à ce moment-là. Je suis consciente que j’ai un certain niveau d’exigence, je privilégie la qualité du travail à la qualité des photos : je préfère faire moins mais être contente du résultat et fière de le partager. Et passer un bon moment pendant le shooting est très important aussi, la photographie est pour moi une passion. C’est pourquoi je shoote régulièrement avec les mêmes photographes aussi, la confiance est présente, je sais qu’on va bien s’amuser et que le résultat sera génial ! Quelques uns sont même devenus de proches amis avec le temps.
T’est-il difficile de te mettre dans la peau du personnage que tu es censée incarner ? Comment t’y prépares-tu ?
Au contraire, c’est un plaisir ! Pendant une heure ou deux, je ne suis plus « moi » avec mes soucis, je suis un ange, un vampire ou un elfe… Mais en même temps chacun des personnages présente une facette de moi-même, un petit bout de ma personnalité, de mon histoire, de mes rêves ou de mes cauchemars. Finalement l’interprétation est souvent assez spontanée mais je dois aussi m’adapter au message que le photographe cherche à passer également.
Les make-up qui sont visibles sur tes clichés sont toujours très travaillés. Travailles-tu avec des maquilleuses ou bien réalises-tu parfois cet aspect toi-même ?
J’ai posé quelques fois pour des maquilleuses mais je réalise aussi la majorité des maquillages moi-même. Avant de poser pour des photographes je ne savais pas vraiment comment me maquiller, c’est encore quelque chose que j’ai appris pour les shooting ! Soit j’imagine en amont un maquillage, soit au fur et à mesure du maquillage, avec un résultat surprise. Et c’est très différent de ce que je fais dans la vie de tous les jours si je me maquille.
Tu shootes peu en studio, en tout cas dans ce que tu postes. Est-ce un choix, est-ce que tu trouves que les décors naturels te correspondent mieux ? Ou bien cela dépend vraiment des projets ?
Le lieu, en studio ou en nature dépend de pas mal de critères : Une elfe aura plus sa place en forêt ou près d’un lac, mais je serai plus à l’aise en studio pour du nu. Mais il n’y a pas de règle absolue puisque j’ai aussi fait une elfe en studio ou du nu en forêt. Ca dépend aussi de la pratique des photographes : certains font exclusivement du studio ou de l’extérieur. Et s’il pleut, on est bien mieux au sec pour éviter d’abimer les tenues ou l’appareil photo.
Dans quel univers que tu n’as encore jamais exploré tu souhaiterais évoluer ?
Dans mes projets « liste de souhaits » il y aurait un shooting avec des animaux tels que des chevaux, des rapaces, des chouettes. Mon chat n’est pas trop tenté par l’idée ! Sinon j’aimerai aussi beaucoup faire de l’underwater, un shooting sous l’eau, le coté apesanteur, la lumière mystique… Ça peut être une très belle expérience !
As-tu des artistes qui t’ont inspiré et que tu aurais envie de citer ici ?
Il y en a beaucoup oui ! Que ce soit des modèles, photographes, créateurs, maquilleurs. Que ce soit des amis, des connaissances ou des inconnus. L’une des premières modèles du milieu fantaisie qui m’a fait découvrir l’existence de la photo alternative c’est equinox_ch (sur Instagram). Il y a d’autres modèles dont j’apprécie beaucoup l’univers : cainael, claire_obscure, janis.from.mars, bulle.intimacy…
Tu as travaillé avec énormément de photographes au fil de ta carrière. Y en-t-il encore un ou deux avec qui tu rêverai de shooter ?
Oui, il y en a encore beaucoup. En France, en Europe ou même dans d’autres continents, en rêve tout est permis ! Je peux citer quelques-uns Lelaya et Faalaway en France, Isabelle Hanneuse et Studio Sheridan Art en Belgique, Lillian Liu et Ronny Garcia de l’autre côté de l’océan. Même si je n’ai pas l’occasion de créer avec ces personnes, leurs photos sont magnifiques et leur style tous différent et reconnaissable. Je souhaiterai aussi reshooter avec beaucoup de photographes pour qui j’ai déjà posé !
Quelle serait ta série préférée parmi toutes celles que tu as shootées ?
Question piège ! Il y a des séries dont je suis plus fière que d’autres, mais j’ai la chance d’être contente de chacune des expériences liées à ces shootings
Instagram a-t-il été un réel moteur pour la progression de ta notoriété ?
C’est sur Instagram que j’ai le plus d’abonnés mais je ne considère pas vraiment avoir une notoriété. Je pense plutôt évoluer discrètement dans mon coin, à faire ce qu’il me plait (et pas tellement à l’algorithme). Cependant si je faisais face à tous mes abonnés réunis je serai très impressionnée !
Sur quels autres supports peut-on retrouver ton travail ?
Vous pouvez me trouver et découvrir mes photos en tant que modèles sur Instagram avec mon pseudo @pixelrubis ou en tant que photographe @pixelrubisphotographie.
J’ai aussi des pages Facebook ou je partage rarement et d’autres sites carrément à l’abandon (Twitter, Pinterest…). J’utilise le même pseudo partout par simplicité.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui cherche à se lancer dans le modeling ?
La sécurité avant tout ! Il faut suivre son instinct et refuser un projet si on ne le sent pas, venir accompagner si nécessaire, ne pas laisser le photographe vous toucher surtout pour du nu ou de la lingerie !
Ensuite, il vaut mieux choisir un bon photographe professionnel, expérimenté pour qu’il puisse vous guider et vous mettre à l’aise. Le style du photographe doit être adapté à votre idée, quelqu’un de spécialisé pour les bébés ou les animaux ne saura pas forcément réaliser votre projet boudoir. C’est pourquoi regarder son book est important.
Merci beaucoup pour tes réponses et à bientôt au détour d’une nouvelle série de photos sur les réseaux !
Merci à tous ceux qui ont pris le temps de lire jusqu’ici !