Anon – Andrew Niccol

Les +

– Une ambiance particulière

– Une idée de départ intrigante

 

Les –

– Une intrigue plate et déjà vue

– Un rythme lénifiant

– Un concept mal exploité

Dans un monde où la vie privée a été abolie, l’inspecteur Frieland enquête sur une série de meurtres. Quand il comprend que le système de surveillance intégré à chaque victime a été piraté pour couvrir le meurtrier, il se lance à la poursuite d’un hacker sans visage.

Andrew Niccol a connu son heure de gloire avec Bienvenue à Gattaca en 1997 et a également signé Lord of War, chronique glaçante du marché des armes portée par Nicolas Cage. Depuis, il alterne le moyen (Time out) et le moins bon encore (Good Kill, l’adaptation  de Les Âmes Vagabondes). Anon est sa première réalisation pour Netflix. La production du géant du streaming se place malheureusement dans la catégorie des films “à oublier”.

Dans un monde à la 1984, la vie privée a été abolie. Chacun enregistre ce qu’il voit à travers ses yeux et l’enregistrement est disponible sur l’Ether, le réseau commun à toute l’humanité. La surveillance est généralisée, ce qui simplifie notamment le travail de la police. L’inspecteur Sal Frieland (Clive Owen) est missionné sur une enquête différente : un homme meurt sans aucun enregistrement du crime. Qui pourrait pirater l’Ether, le giga-environnement numérique où tout est conservé ? Comment ?

Dès les premières secondes, Niccol tente de nous plonger dans ce monde où tout est étiqueté, identifié. Vous croisez quelqu’un ? Vous connaissez immédiatement son identité. Une plante ? Vous découvrez son espèce. Un chien ? Sa race et son nom. Le moindre inconnu devient une anomalie dans le système.

Aussi, les crimes n’en sont plus. La victime enregistre son agresseur et celui-ci s’auto-incrimine en se filmant en train de tuer/voler, ect. La police se borne alors à appréhender le coupable. Quoi de plus simple ? Il suffit de regarder l’image.  Plus de doute. Plus de procès.

Le concept même du monde créé pour Anon devient un piège pour le film. Sal passe son temps à regarder mentalement les images d’autres, parfois plusieurs fois. Or la vie des autres n’est guère trépidante. Le rythme en souffre beaucoup. On ne pourra pas en profiter pour s’émerveiller des décors, souvent vides et meublés froidement. Encore une fois, son univers joue contre le film.

L’enquête policière se concentre vite sur une hackeuse mystérieuse, Anon, jouée par Amanda Seyfried. Le film devient alors une enfilade de clichés du polar noir : flic désabusé avec trauma, suspecte mystérieuse et séduisante, hackeuse prônant la liberté, scènes de sexe histoire de faire adulte, etc.

Le spectateur s’interroge légitimement sur l’identité du coupable. Étant donné qu’il y a peu d’acteurs à l’écran, le choix est limité. Mais malheureusement, il est tout à fait impossible de deviner le coupable et de comprendre ses motivations. La conclusion n’en devient que plus frustrante, rendant l’ensemble peu intéressant.

Les acteurs font ce qu’ils peuvent dans ce marasme. J’ai beaucoup de sympathie pour le duo Clive Owen/Amanda Seyfried d’habitude, mais leurs personnages existent à peine. Je ne parle même pas des autres acteurs (Colm Feore, Sonya Walger, Mark O’Brien) qui sont plutôt des silhouettes dont on ne retient pas le nom.

Lorsqu’arrive la fin, l’on se demande pourquoi : pour quel but ? Ni divertissant ni prenant sur les thématiques que l’on pouvait attendre (les libertés, la surveillance généralisée, qu’est-ce que la vie privée ?), Anon reste avare d’explications sur le fonctionnement de son monde, sur les raisons qui nous ont amenés là. C’est peut-être le plus décevant, car l’on ressent parfois le potentiel qui affleure sous le superficiel.

CONCLUSION

Anon part d’une bonne idée pour n’arriver nulle part. Dans cette dystopie, l’univers ne sert que de prétexte à une enquête policière classique et décevante. On sent le budget limité (acteurs peu nombreux, décors dépouillés, etc), mais d’autres ont fait mieux avec moins.

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