Entretien avec William, fondateur de OVTRENOIR

Le dernier album d’OVTRENOIR a su impressionner Julien, et leur poser quelques questions, à distance bien évidemment, s’est présenté comme une évidence. William, fondateur du groupe a gentiment accepté de nous parler de lui, de cet album et des projets du groupe…

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Est-ce que tu peux tout d’abord te présenter et nous expliquer ce que tu fais dans Ovtrenoir ?

William Lacalmontie, je suis à l’origine du projet vers 2013/2014, compositeur principal et chanteur d’Ovtrenoir (guitariste en studio mais plus sur scène).

D’où vient le nom du groupe ?

Le nom du groupe est emprunté à Pierre Soulages, peintre français qui a dédié la majeure partie de sa carrière à la couleur noire. Il est connu pour ses panneaux monumentaux et l’utilisation d’un noir si pur qu’il révèle la lumière, renvoie de la couleur grâce à un jeu de textures. C’est pourquoi il ne les appelle pas monochromes mais « outrenoirs » (qu’on pourrait traduire par au-delà du noir).

Comment en es-tu venu au metal, à la fois en tant que fan et en tant que musicien ?

J’ai grandi avec les goûts de mes parents qui étaient assez portés sur le heavy/rock de la fin des années 80/début 90, bercé avec Alice Cooper, Aerosmith, Judas Priest..
Le metal pour moi a été la suite logique dès l’entrée en 6ème avec les grands frères d’amis qui me prêtent des cassettes et c’est le coup de foudre, mes premiers goûts à moi, notamment avec Obituary, Sepultura ou Marilyn Manson qui vient alors de sortir Antichrist Superstar.

O V T R E N O I R - Fields of Fire

Fields Of Fire est le nouvel album du groupe. Comment s’est passée son écriture ?

Comme sur le premier Ep « Eroded » (2016) et le single « Inherit the dust » (2018), l’écriture se fait en général sur la base de riffs que je compose de mon côté, en acoustique. On teste tout ça ensuite en électrique en répétition avec Julien (batterie), Angeline (basse) et Dehn Sora (second guitariste) et chacun s’approprie les parties, apporte ce qu’il est et ses influences. Tout est collaboratif : rythme, mélodie, structure. Les paroles sont écrites pendant cette phase de recherche et le chant vient se caler au fur et à mesure. C’est un processus assez long au final, où l’avis de chacun compte mais auquel je tiens énormément.

Pourquoi ce titre pour l’album ?

Le thème du feu était récurrent au fil de l’écriture, dans mes recherches. Je suis entre autres tombé sur un vers d’un poème de Janaka Stucky « because I love a burning thing, I made my heart a field of fire ». Il m’a beaucoup marqué et je crois que je le visualisais, l’imaginais dévorant, violent, destructeur mais aussi symbole de renaissance et d’espoir lointain et il est devenu ce fil conducteur, liant le tout en revenant dans les paroles, le titre de l’album, l’artwork.

D’où te viennent les idées pour les morceaux ?

Les thèmes tournent plutôt autour de sentiments très personnels et de sensations d’angoisse, d’échec, d’abandon plantées dans des décors fragmentés. Mais j’essaie aussi de laisser la musique m’inspirer.

La musique d’Ovtrenoir est mélancolique et emporte l’auditeur, tout en conservant une puissance étonnante. Comment parviens-tu à cette alchimie musicale qui crée toutes ces émotions ?

C’est en fait tout le projet et je suis très content que vous l’ayez senti ! Comme ce que j’ai pu ressentir en voyant l’oeuvre de Soulages exposée, il y a vraiment chez Ovtrenoir la volonté de mettre en contraste le noir et la lumière, la lourdeur parfois monolithique et la mélodie, quelques lueurs d’espoir. On cherche longtemps cet équilibre ; ne pas être trop monolithique sur la durée, pas trop mélodique non plus. Mais ça vient je pense au bout d’un moment de la construction du morceau, de sa structure. Et cet équilibre justement ainsi que la puissance que l’on essayait d’atteindre ont vraiment été captés par Francis Caste du Studio Sainte Marthe (Hangman’s Chair, Regarde Les Hommes Tomber, …) avec qui l’on travaille depuis le premier Ep et que l’on adore à tous les niveaux. Nous, on essaye de composer correctement. L’alchimiste c’est lui.

Quelle est ta piste préférée de l’album, et pourquoi ?

C’est très difficile d’en choisir une.. Je les aime toutes pour des raisons différentes ; puissance pour une, côté hypnotique chez une autre, rythmique ou son acoustique, ect.. Mais je dirais « I made my heart a field of fire » pour sa construction, ses lignes quelques fois un peu plus mélodiques dans la voix et ce dernier riff un peu plus teinté post-black qu’Angeline lance. J’adore ces back vocals d’Angeline et Dehn Sora qui viennent percer de temps à autres mais toujours aussi heureux aujourd’hui de cette fin de morceau et qu’Angeline ait pris cette place.

Et justement ça ressemble à quoi un concert d’Ovtrenoir ?

Là aussi Ovtrenoir a mit du temps à se trouver mais il y a eu un vrai déclic avec le Roadburn en 2019. On est cinq sur scène depuis la mini tournée de 2018 avec Throane et Dirge où Olivier a rejoint le groupe et assure mes parties guitare pour que je me concentre sur le chant. Le rendu global est plus intense et viscéral je pense depuis ce changement, en tentant de retranscrire encore une fois la lourdeur et la mélodie. Et pour l’aspect visuel : des lumière en contre, du stroboscope, des projections de lignes et formes géométriques en noir et blanc qui glitchent et tordent l’espace. On a tellement hâte retrouver ça…

2020 a été riche en sorties d’albums. Quel serait ton album de l’année, hormis celui d’Ovtrenoir bien évidemment ?

Très riche ! C’était compliqué de rester au fait de tout ce qu’il sortait et j’écoute pourtant constamment de la musique mais dans des styles variés (plutôt post metal, post rock, post punk, indus, ambiant, …). Mais si il ne doit en rester qu’un, peut être Insect Ark – The Vanishing.

Merci pour tes réponses et à bientôt au détour d’un concert !

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