La Voie Verne – Jacques Martel

 

Un futur qui pourrait être aujourd’hui : l’usage du papier a disparu et l’ensemble des connaissances a été numérisé, jusqu’à ce qu’un virus informatique terriblement puissant et fulgurant en anéantisse une grande partie. 

Dans ce monde au savoir gangrené, John, un homme d’âge mûr, devient majordome pour de mystérieuses raisons dans une famille richissime, recluse dans un immense manoir perché au coeur des Alpes. C’est là que vit Gabriel, un étrange enfant qui passe son temps dans un univers virtuel mettant en scène un XIXe siècle singulièrement décalé où il retrouve les héros, machines et décors de Jules Verne, un écrivain depuis longtemps oublié…

Confronté au mutisme du jeune garçon, aux secrets et aux dangers du monde virtuel dédié à Jules Verne, John s’embarque sans le savoir dans une aventure dont les enjeux se révéleront bientôt vertigineux. 

L’illustration soignée de la couverture, sur laquelle une architecture proche du Panthéon se détache, a eu raison de moi plus que la quatrième de couverture. Je ne voyais pas le lien entre tous les éléments et ni même la manière dont ils pouvaient s’imbriquer les uns aux autres. Avec l’image cependant, j’imaginais déjà un monde avec des édifices grandioses et de même type que ceux inventés par l’architecte Boullée au tournant du XIXe siècle, me rappelant par extension Jules Verne. J’entamai ma lecture sans à priori, ne connaissant pas les ouvrages antérieurs de Jacques Martel ni son style.

Dès la première page, je plongeai avec plaisir dans le récit, fluide, narré à la première personne par John Erns, personnage mystérieux et old school pour ce XXIe siècle si proche et si éloigné du nôtre. Proche par l’environnement dans lequel évolue les personnages. C’est la France qui pourrait bien exister d’ici cinq décades avec les contraintes écologiques que nous connaissons actuellement : pollution des sols et de l’eau, raréfaction de certaines ressources énergétiques et naturelles, voitures électriques, montée du niveau des mers et océans, … Dans le même temps, la colonisation de la Lune et de Mars, les missions spatiales sur Jupiter, le Halo (une sorte d’internet globalisé disponible partout, tout le temps et pour tout le monde auquel on se connecte avec un casque), ainsi que la disparition du papier et des livres papiers s’éloignent de ce que je pourrais imaginer être notre futur dans quelques décennies.

Récemment engagé par madame Dumont-Lieber, grand-mère du petit Gabriel, John est un majordome à tout faire qui voue un vif intérêt aux oeuvres de Jules Verne. Cet attrait pour le fondateur de la science-fiction lui vaut l’attachement du jeune Gabriel dont l’autisme et la perte de ses parents le retranche dans son monde imaginaire, transcription à la virgule près de celui inventé par Verne. Gabriel est en effet obsédé par ses romans. Il tente, à travers la modélisation et le codage exact de leur univers dans le Halo, de sauver virtuellement ses parents de la mort, sans succès jusqu’à l’intervention, intentionnelle et réfléchie, de John.  En intervenant il va changer le cour de la vie du jeune garçon ainsi que le sienne et celui de son aimée.

La Voie Verne est un récit où fourmillent les détails sur les oeuvres de Verne : ses personnages, leurs inventions, l’architecture rétrofuturiste de verre et d’acier pour laquelle se passionnait Verne en son temps car symbole du progrès technique accompli par les hommes pour un avenir meilleur. C’est par ailleurs cette idée qui clos le roman, l’idée, l’espérance et l’espoir fou d’un avenir meilleur soutenu par un progrès qui nous libère au lieu de nous aliéner. Un progrès qui nous permet également d’aller vers de nouveaux horizons, de nous élancer vers les étoiles et leur exploration afin de découvrir des mondes inconnus.

La Voie Verne est un roman que l’on prend plaisir à lire et dans lequel on se plonge avec joie. Les lieux évoqués, que ce soit le sud de la France ou encore Paris sont tout autant familiers que dépaysants. Jacques Martel rend un bel hommage à travers son histoire à Verne et son oeuvre littéraire. Tout le monde ou presque connaît l’auteur du XIXe siècle ainsi que le nom de ses récits (Vingt Milles Lieux sous les Mers, Voyage au Centre de la Terre, De la Terre à la Lune) mais aussi leurs adaptations cinématographiques, plus ou moins bien réussies, dont Voyage dans la Lune de Méliès, premier film de SF.

Cette lecture a été l’occasion d’une belle découverte littéraire, Jacques Martel possède une plume fluide et précise qui nous transporte dans son imaginaire, mais aussi le début d’un projet : lire les romans de Verne. Car il s’agit bien de cela tout au long du récit, de Verne et de ses écrits qui ont marqués à jamais la littérature de leur empreinte. Le seul point négatif, si je devais en soulever un, est l’absence d’un ou deux mots par endroits – sans doute une omission non intentionnelle qui ne gène en rien la lecture.

La Voie Verne
Jacques Martel
Mnémos
2019

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