Rewind, Replay, Rebound – Volbeat

Volbeat est un groupe de metal qui nous vient tout droit du Danemark. En l’espace de quelques albums, il s’est imposé comme la nouvelle référence en la matière. Dans un registre où il est de plus en plus difficile de se faire un nom et où des légendes telles qu’Iron Maiden, Metallica et consorts semblent indétrônables, les Danois ont su apporter un vent de fraîcheur en proposant un metal racé et de très grande classe. Pourtant, les racines de leur musique sont à puiser du côté d’un rock n’ roll old school  car imprégnées au fer rouge de l’esprit des années 50, 60. Ainsi, le groupe évolue dans un registre proche d’un rockabilly survolt(beat)é et qui dépote tout sur son passage ! L’atout majeur de Volbeat réside en la personne de Michael Poulsen, son charismatique guitariste et chanteur surtatoué, improbable croisement d’Elvis Presley et de James Hetfield (Metallica). À ce titre, son registre vocal est proprement hallucinant. Le bonhomme est d’ailleurs tout à fait capable d’envoyer un gros chant death metal à l’occasion et sans sourciller. Rewind, Replay, Rebound est déjà le septième album studio du groupe. Prêts à presser la touche “Play” ? C’est parti !

Last Day Under The Sun ouvre l’album. D’entrée de jeu, on est surpris par le côté aéré de la compo, bien loin d’un rouleau compresseur heavy tel qu’on était en droit de l’attendre de la part de ce groupe. Ultra mélodique et accrocheur, le titre est taillé pour les radios (il s’agit d’ailleurs d’un des singles de l’album) et comprend un côté pop prononcé qui n’est pas pour nous déplaire. Une constante sur l’ensemble du disque : le chant de Poulsen est magnifique et bien mis en avant. Last Day Under The Sun donne inévitablement envie de taper du pied et file la pêche (même si le sujet paraît plutôt sérieux). Un joli solo signé Rob Caggiano s’invite en son milieu. Le refrain est scandé à outrance et se voit renforcé de chœurs sur la fin. Bref, une excellente entrée en matière même si le fan de base reste surpris par ce premier titre aux sonorités pop et légères, assez éloignées du Volbeat habituel. Un clip vidéo très sympa en a été tiré. Je vous invite à le découvrir. Quoiqu’il en soit, c’est un titre qui s’insinue progressivement dans la tête de l’auditeur pour ne plus en sortir. Une fois passée cette mise en bouche ultra mélodique, Pelvis On Fire remet immédiatement les pendules à l’heure ! Guitares rythmiques énormes et chant en mode “Presley” qui aurait bouffé un feu d’artifice du 14 juillet à lui tout seul (vous noterez au passage la subtilité du jeu de mot sur le titre !) :  le Volbeat d’antan est de retour !!! L’alternance des tempos entre les couplets, les pré-refrains et les refrains fait mouche et on se met à secouer la tête et à taper du pied comme une bête ! On est loin de Last Day Under The Sun ! Argh ! Que c’est bon ! La fin du titre est malheureusement un peu décevante car en fade out et un peu abrupte. On aurait largement apprécié un bon solo pour relancer la machine et finir en apothéose. Dommage ! Avec le titre suivant, Rewind The Exit, l’ambiance retombe comme un soufflé. L’auditeur que je suis se voit un peu décontenancé. Pelvis On Fire m’avait mis la banane (jeu de mot totalement involontaire entre Elvis et sa fameuse coupe de cheveux !) et brutalement, on se retrouve avec une grosse power ballade. Pas inintéressante mais pas inoubliable non plus. En fait, elle arrive comme un cheveu sur la soupe. L’intro est plutôt heavy (ça reste gentillet quand même) mais dès le premier couplet, l’atmosphère change radicalement. Curieusement, le lick de guitare présent tout au long du morceau me fait penser au titre Strange Love de… Depeche Mode ! (J’ai mis un certain temps à le remettre !) Bref, Volbeat a décidé d’ajouter une bonne dose de pop dans son “billy metal” et le refrain peut même faire penser à du Nickelback.  C’est dire ! Heureusement, Die To Live est là pour nous rebotter les fesses ! On retrouve le Volbeat pure tradition : grosses guitares, basse ronflante, solo endiablé et même la présence d’un saxophone et d’un piano façon cabaret en mode fou furieux ! La voix haut perchée de Poulsen s’acoquine avec un invité de marque en la personne de Neil Fallon, chanteur de Clutch. L’ensemble se révèle franchement jouissif pour les oreilles ! On en redemande ! Mais Volbeat a décidé de nous faire parcourir les montagnes russes avec son nouvel album. Il en est ainsi. En témoigne ce When We Were Kids qui suit. L’auditeur est de nouveau transporté dans une power ballade, à ceci près que le titre monte en puissance jusqu’à sa fin. Le chant de Poulsen est splendide. Le Danois démontre toute l’étendue de son talent et se révèle autant à l’aise dans les parties graves qu’aiguës. Si le tempo du titre n’est pas rapide, When We Were Kids trompe son monde avec une très bonne progression qui le rend fort agréable à écouter. Je me répète mais j’insiste : la voix de Poulsen est franchement magnifique, probablement sa meilleure prestation à ce jour en studio et flattée par la production du fidèle Jacob Hansen (à laquelle ont également contribué Rob Caggiano et Michael Poulsen lui-même). Le break est une petite merveille : les guitares jouent un thème repris en fond par un orchestre. Les paroles témoignent d’une certaine nostalgie, ce qui semble d’ailleurs être le concept principal de Rewind, Replay, Rebound : “When we were kids, we could live forever and die together”. OK, ça sonne un poil convenu. Mais c’est plutôt bien joué et on a affaire ici au genre de chanson qui s’insinue dans votre tête et n’en ressort plus. L’ambiance change de nouveau du tout au tout avec Sorry Sack Of Bones. Dès l’intro, on songe à un bon vieux western façon Sergio Leone tant l’atmosphère nous y fait penser avec son entêtant lick de guitare. Un côté sombre et malsain baigne la chanson sur ses couplets. Les refrains sont plus enlevés et nous délivrent quelque peu du “mal”. Sans être un titre fort de Rewind, Replay, Rebound, Sorry Sack Of Bones n’en est pas moins original de par son approche. Et puis très franchement on ne se lasse pas du chant de Michael Poulsen, absolument unique en son genre (oui je sais, je me répète !), tour à tour crooneur énervé, crooneur inquiétant, crooneur enjôleur ou crooneur tout court. Un délice pour nos ouïes ! S’ensuit Cloud 9 qui présente une intro m’ayant fait songer à du Joe Satriani (coïncidence étrange quand on sait qu’un titre de Satch s’appelle Ice 9). Voilà qui est plutôt surprenant pour du Volbeat. Mais cette impression disparaît bien vite et on se retrouve avec un morceau assez sirupeux dans ses mélodies vocales, bien souvent renforcées de choeurs féminins (les “Wouh ! Ouh !” genre Hard FM sur les refrains, heuuuu… On est bien sur un album de Volbeat ?). Cloud 9, chanson mid tempo, présente là encore un côté très pop et très déstabilisant pour du Volbeat. Clairement, les voix ont la part belle sur ce titre. Le fan pur et dur n’appréciera certainement pas. La musique sert tout juste d’accompagnement et reste sobre du début à la fin. Pas de solo donc, ça va de soit ! D’un point de vue purement rythmique, Cloud 9 est somme toute assez entraînante. À ce stade de l’album, l’auditeur est tout de même en droit de s’interroger. Comment le groupe parvient-il à nous présenter des titres aussi différents les uns des autres et sans transition la plupart du temps ? Que cherche-t-il à nous faire passer comme message ? Rewind, Replay, Rebound se posterait-il comme un album de transition entre 2 Volbeat : l’ancien et le nouveau ? Quoiqu’il en soit, on comprend qu’on a affaire à un disque différent de ses prédecesseurs et qu’il s’agit d’une volonté assumée. Cheapside Sloggers, autre single de l’album, nous débarque dans les feuilles et le Volbeat groovy refait surface. Ceci dit, aucune agressivité dans toute la première partie du morceau… Jusqu’au break ! My God ! THE BREAK !!! Ambiance à la Slayer… Que se passe-t-il soudainement et à contre-courant total de la compo ? Mesdames et Messieurs, il se passe l’arrivée de Gary Holt, guitariste de Slayer (justement !) en guest et qui nous envoie un solo pas piqué des hannetons. Excellent ! Cheapside Sloggers est une petite merveille d’un point de vue mélodique. On tape du pied, on dodeline de la tête… C’est bon ! Tout est merveilleusement bien travaillé et le refrain m’a carrément mis les poils ! Un titre irrésistible. Je vous invite à découvrir le clip vidéo que le groupe en a fait. Il est original, amusant et tout à fait dans le ton voulu par les Danois sur Rewind, Replay, Rebound : une nostalgie sous jacente, un esprit empli de souvenirs de “quand on était petit et qu’on rêvait déjà d’être grand”. En tout cas, c’est ainsi que je ressens cet album et je ne pense pas faire fausse route. À ce titre, la pochette du disque (quelle bien jolie photo !) ainsi que son titre sont assez explicites. Maybe I Believe est sympathique mais sans plus. Gentillet, propret sur lui et très pop dans l’approche. Un peu trop passe-partout. Next ! Parasite commence très bien. Super entraînant. Pas d’intro. 1 couplet, 1 refrain. Et puis… C’est tout ! Rideau. Fin du titre. D’une durée de 30 secondes, on se demande ce qui leur est passé par la tête à nos amis danois. S’agirait-il d’une erreur de mixage ? Ah ! Ah ! Assez frustrant d’autant qu’il y avait sûrement moyen d’en faire une vraie chanson du début à la fin. Blague à part, l’auditeur choisit d’en saisir le concept tel qu’il est : une petite transition amusante. Et avec Leviathan qui vient, nous avons affaire à un autre très bon titre de Rewind, Replay, Rebound. Hyper rythmé du début à la fin, celui-ci s’écoute avec grand plaisir. Le riff principal de guitare est fort bien pensé. Un excellent morceau, taillé pour les radios mais qui sonne davantage comme du Volbeat pur jus que Last Day Under The Sun par exemple. The Awakening Of Bonnie Parker évolue de nouveau dans un registre pop metal où les voix ont la part belle. À noter la “Spanish touch” avec cette présence de claquettes en début de morceau ainsi que sur le break. L’ensemble s’avère sympathique et entraînant mais l’auditeur peut commencer à éprouver une certaine lassitude quant à la redondance du côté mélodique et gentillet inhérente à de nombreux titres. Le problème étant que Volbeat n’a plus la même saveur dès lors qu’il atténue franchement son propos et l’édulcore. Heureusement, The Everlasting et ses guitares heavy accompagnées de plans à la double grosse caisse sur l’intro remettent le feu. Curieusement les refrains sont beaucoup plus mélodiques que les couplets, ceux-ci lorgnant davantage vers un bon thrash metal. The Everlasting nage donc entre 2 eaux : je te botte les fesses mais ensuite je te les caresse (ce qui résume très bien Rewind, Replay, Rebound finalement !). Intéressant sans être inoubliable. Pour clôturer le 7ème album des Danois (oui, oui je sais, le guitariste Rob Caggiano est américain…), nous avons droit au titre probablement le plus gentillet que Volbeat ait jamais écrit, tous albums confondus. Bon, très franchement c’est pas une grosse réussite. L’ensemble s’avère même carrément mièvre. Une sorte d’arpège de guitare très répétitif vient nous irriter les oreilles sur les refrains. 7:24 (c’est son titre) se révèle purement insipide et on en ressort déçu. Pas du tout à l’image de Volbeat. Du mélodique, du “popisant”  : pourquoi pas ? Mais là, trop c’est trop.

En guise de conclusion, le 7ème album de Volbeat se positionne très certainement comme celui d’une évolution à laquelle le fan de base est en droit d’adhérer… Ou pas ! Nul doute que Rewind, Replay, Rebound va faire parler de lui dans les chaumières. “Quoi ? Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Ils ont vendu leur âme au diable !” Ça c’est la première analyse, celle du fan déçu. Pour autant et même si l’album navigue souvent d’une mer à l’autre sans donner le sentiment de savoir où il veut accoster, on ne peut que louer la volonté du groupe de partir explorer des contrées plus inhabituelles qu’à l’accoutumée le concernant. Quoi de plus normal pour une formation que de vouloir s’essayer à autre chose, surtout après 6 albums ? Quel que soit l’artiste et quel que soit le style de musique, le risque encouru reste souvent le même : décevoir le fan pur et dur qui ne jure que par les premiers disques. À contrario, l’afficionado un tant soit peu réfléchi et intelligent ne pourra que se féliciter de voir ses musiciens favoris tenter l’évolution et proposer autre chose sans pour autant dénaturer totalement sa musique. Certes, ce n’est pas toujours gagné et beaucoup s’y sont cassés les dents. Rewind, Replay, Rebound n’est pas parfait. Loin de là. Certains titres m’ont paru franchement légers dans un premier temps mais se sont finalement dévoilés à force d’écoutes tant leur impact mélodique s’ancre dans l’esprit (When We Were Kids en représente une parfaite illustration). Parallèlement, le Volbeat classique et rageur n’est jamais trop loin et sait se rappeler à nos oreilles. Bref un disque qui, à deux ou trois exceptions près, mérite que l’on s’y attarde et s’apprivoise petit à petit. Il requiert juste un petit peu plus d’ouverture d’esprit que ses prédécesseurs.

La version Deluxe de Rewind, Replay, Rebound comprend un second CD de 8 titres dont 5 sont des versions démo de Last Day Under The Sun, Rewind The Exit, When We Were Kids, Maybe I Believe et Leviathan. Nous avons affaire ici à des versions pratiquement identiques à celles qui figurent sur l’album. Elles sont à découvrir par pure curiosité et les différences sont de l’ordre du détail. Under The Influence et Immortal But Destructible sont 2 titres ne figurant donc pas sur l’album définitif. Non dénuées d’intérêt, ces chansons ne sont pas non plus transcendantes. Le groupe a très certainement dû juger qu’elles ne méritaient pas de finir sur le CD numéro 1 (et à juste titre) ou bien que l’album risquait de devenir inutilement long. Die To Live quant à elle figure déjà sur l’album à ce détail près que la version proposée ici est chantée par Michael Poulsen du début à la fin et ne comprend donc pas les parties enregistrées par Neil Fallon.

 

Rewind, Replay, Rebound                  

Volbeat

Universal Music 

2019

 

 

 

 

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