Bus De Nuit – Hangman’s Chair

Ah ! Un groupe français ! Voilà qui fait plaisir. Les parisiens d’Hangman’s Chair nous reviennent avec un EP 4 titres. Pour autant, la formation existe depuis une quinzaine d’années et affiche tout de même 5 albums studio à son compteur. Le dernier en date, Banlieue Triste, a d’ailleurs permis au groupe d’élargir ses horizons puisqu’ils ont signé chez Spinefarm Records pour une distribution internationale. Cocorico !

Bus De Nuit est sorti le 4 octobre dernier et nous propose donc 4 titres ancrés dans un style sludge / stoner / doom.

Le premier morceau, Lost Brothel, m’a plu d’emblée. Son intro aux arpèges de guitare glaçants plantent le décor d’entrée de jeu. Puis le titre prend son envergure avec une rythmique basse / batterie / guitares pachydermique et oppressante. Un mammouth émergeant peu à peu du brouillard ! Voilà l’image mentale qui se fixe dans les ténèbres de l’esprit de l’auditeur. Début du premier couplet avec un riff de guitare sombre et malsain joué seul. L’arrivée de la batterie à 1’04” est une petite merveille ! Je me la suis passée en boucle ! Une descente de toms que n’aurait certainement pas reniée un certain Bill Ward (batteur légendaire de Black Sabbath) avant que l’ensemble des guitares et de la basse ne viennent poser leurs premiers “méfaits”. L’effet est garanti : BOUM ! DANS TA GUEULE ! Le chant de Cédric Toufouti, dans un registre relativement haut perché, émerge de cette noirceur tout en ne ressortant pas du mix de manière évidente. Musique et chant semblent ne faire qu’un. Les mots de Cédric résonnent de façon aussi torturée que les mélodies. Malgré le côté indéniablement lourd et sombre de Lost Brothel, le titre est curieusement entraînant et on se surprend à dodeliner de la tête… Au ralenti, certes ! Mais le headbanging est autorisé. Bref, une excellente entrée en matière et on ne voit finalement pas les 5’45” passer.

Sleeping On The Ground qui suit peut faire penser à du… DEPECHE MODE ! Oui, vous avez bien lu ! Tout y est : à commencer par les sonorités électros en guise de batterie (si c’est une caisse claire, elle se retrouve ici noyée sous une tonne de reverb) mais pas seulement : on perçoit çà et là des touches de sons synthétiques qui viennent renforcer une atmosphère générale déjà bien sombre. Et oui, encore ! On l’aura compris : on n’a pas affaire ici à un disque de Steel Panther ! (lol). À cela s’ajoute le chant de Cédric bien plus “dark” que sur Lost Brothel. Sans vouloir enfoncer le clou, les similitudes avec le timbre de Dave Gahan sont loin d’être usurpées. La voix de Cédric est mixée bien en retrait et au même niveau que tout le reste. Elle ne prend jamais le pas sur la musique même si pour le coup elle en demeure malgré tout le fil conducteur. Le changement de registre étonne par rapport au morceau d’ouverture. Le tempo est toujours aussi lent, malsain et caverneux mais Sleeping On The Ground lorgne vers des sonorités nettement moins metal que sur Lost Brothel. Point de grosse disto à se mettre dans les feuilles. Il s’agit définitivement d’un titre tout en ambiance et qui ne bouge quasiment pas d’un iota dans sa construction.

Bien belle intro que celle de Negative Male Child (Cloud Remix). Des arpèges de guitare résonnent dans une atmosphère crépusculaire, bientôt suivis du chant de Cédric. Puis le titre débute véritablement. Une fois encore, l’auditeur est très surpris de la “tournure” adoptée par le groupe. On s’éloigne toujours un peu plus d’un Lost Brothel. L’ambiance générale demeure opaque. Néanmoins, il émane de ce Bus De Nuit une beauté sous-jacente et qui luit nettement même au travers des titres les plus enténébrés proposés ici par Hangman’s Chair. Negative Male Child (Cloud Remix) en est un parfait exemple. Cela suppose par contre une ouverture d’esprit et d’oreilles. Negative Male Child (Cloud Remix) n’a presque plus rien à voir avec un registre de metal. On est ici bien plus proche d’un univers à la Anathema par exemple. C’est sombre, funeste (voire funèbre !) mais tellement beau ! Est-il besoin de le rappeler mais le chant de nouveau se drape, se fond et se confond même totalement avec la musique. Du bien joli travail ! Les grosses rythmiques n’ont ici plus le droit de cité. L’auditeur a basculé vers un univers autrement plus atmosphérique.

Minuit (Screwed Chopped Remix) m’a immédiatement fait penser à du Paradise Lost sur son intro (jouée à la guitare). Par contre, nos petites oreilles se retrouvent rapidement emportées dans un univers bien moins heavy metal que celui des Anglais et de nouveau plus atmosphérique. Ceci dit, la batterie (la vraie) refait son retour. Le chant de Cédric devient méconnaissable, noyé sous un effet très curieux qui le rend dissonant. De manière générale, Minuit (Screwed Chopped Remix) lorgne davantage vers le doom et ne décolle donc jamais d’un tempo plombé. Pour être honnête, je n’ai pas été très emballé par ce tout dernier morceau. Je n’y retrouve pas la puissance d’un Lost Brothel ou la beauté sombre d’un Negative Male Child (Cloud Remix). Je ne m’étendrai donc pas davantage dessus.

Pour conclure, cet EP des Parisiens d’Hangman’s Chair est intéressant à plus d’un titre (même s’il n’en comporte que 4 !). J’avoue ma méconnaissance des productions du groupe antérieures à ce Bus De Nuit. Par contre, je loue pleinement la volonté des musiciens de proposer un EP multi-facettes mais qui peut paraître déstabilisant à la première écoute. Effectivement, passé l’ultra “powerful” Lost Brothel, on peut se demander s’il s’agit bien du même groupe sur les 3 autres titres. Là où d’autres formations auraient peut-être proposé un disque formaté dans le même jus du début à la fin, Hangman’s Chair ose le pari et s’aventure dans des contrées nettement moins heavy. Gardons cependant en tête que nous n’avons pas affaire ici à un groupe de metal pur mais bien de sludge / stoner / doom ce qui n’est bien entendu pas tout à fait la même chose. Notons au passage que le groupe aura le privilège d’effectuer la première partie de Mass Hysteria (avec également Pogo Car Crash Control) le 6 décembre prochain au Zénith de Paris. Une date d’ores et déjà à marquer d’une pierre blanche pour le metal hexagonal !

Bus de Nuit
Hangman’s Chair
Spinefarm Records
2019

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