Entretien avec Thibaud Latil-Nicolas, auteur de Chevauche-brumes

Il est des premiers romans d’auteurs qui marquent, et Chevauche-brumes de Thibaud Latil-Nicolas est de ceux-là. De la fantasy à la sauce renaissance, des personnages attachants, de l’action, bref, tout ce qu’il faut pour nous rendre juste dingues de ses histoires ! Mais qui est-il, derrière ce scénario

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Peux-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer comment tu en es venu à écrire de la fantasy ?

J’ai trente-trois ans, je suis passionné de lecture (tous genres), de culture de l’imaginaire (tous supports) et d’histoire. J’ai également un goût prononcé pour le cinéma et la musique. Pour faire court, j’aime les plaisirs simples, en particulier l’odeur du café chaud devant un bon livre ou un bon jeu vidéo.

A force de lire, je me suis un jour essayé à l’écriture, plus par curiosité qu’autre chose. Je voulais essayer, penser cela comme un exercice mais je n’envisageais pas de faire publier mes écrits. Je me suis d’abord essayé à la SF puis, lentement, j’ai dérivé vers la fantasy. Ce genre est un croisement entre différents thèmes qui me passionnent et dans lequel je me sens impliqué : l’histoire, l’imaginaire, l’écologie, etc. Un ami, Loïc, a lu le premier chapitre de ce qui allait devenir Chevauche-brumes et m’a conseillé de persévérer. J’ai suivi son conseil et j’ai fini par écrire tout un livre que j’ai envoyé aux éditions Mnémos.

Tu viens de sortir, justement chez Mnémos, ton premier roman : Chevauche-Brumes. D’où t’es venue la première étincelle de ce livre ?

C’était au cours d’un long trajet en voiture, lorsque l’esprit vagabonde, se détache du calcul et de la planification. J’ai eu la vision d’un cavalier encapuchonné et dont je ne peux révéler trop de détails pour ne pas gâcher le roman à ceux qui ne l’auraient pas encore lu.

Tu es visiblement passionné d’histoire au vu de ton livre. Pourquoi avoir choisi la période militaire de la renaissance au final alors que tant d’auteurs choisissent l’époque médiévale pure ?

J’ai un faible pour la Renaissance. Je trouve cette période complexe et passionnante. Le Moyen-Âge est tout aussi intéressant mais il me séduit moins. Et encore faut-il se mettre d’accord sur ce que l’on entend par Moyen-Âge, une expression bien trop réductrice qui englobe tout de même dix siècles en Occident…

La Renaissance jouit d’un crédit qu’elle ne mérite pas. On l’idéalise, on pense aux arts, à De Vinci mais on oublie les guerres d’Italie, les conflits religieux, etc. C’est une période terrible, qui prépare la guerre de Trente ans ainsi que les grands conflits qui vont continuer de secouer l’Europe durant des siècles. C’est une époque où les grandes découvertes côtoient les crimes les plus ignobles. Cela en fait une période riche d’enseignements et passionnante qui me parle davantage que les croisades ou l’époque féodale. Tout cela est bien entendu très personnel.

Lors du début de ton roman le descriptif de la campagne vécue par la Neuvième m’a un peu fait penser à la Campagne de Russie de Napoléon. Y a-t-il un lien ?

Pas de lien direct, l’impératif de l’hivernage étant une contrainte qui s’est imposée à toutes les armées durant des siècles, mais les images de la retraite de Russie sont très présentes dans l’imaginaire collectif et dans les arts (Hugo, Rambaud, etc.). Inconsciemment, je m’en suis très certainement inspiré.

Où as-tu trouvé l’inspiration pour tes personnages ? Dans des personnes existantes que tu aurais calquées ou bien sont-ils issus purement et simplement de ton imaginaire ?

Un peu des deux. Je me suis inspiré de la littérature des tranchées et de certains personnages qui m’ont marqué. Mais j’ai également apporté des éléments issus de ma propre expérience, des gens que j’ai croisé au cours de ma vie et dont les comportements m’ont soit ulcéré, soit au contraire, édifié.

Les soudards de la neuvième ont une filiation directe avec les poilus de 1914 et les grognards du Premier Empire. Les doryactes sont, quant à elles, un reflet des amazones antiques, des porteuses de boucliers du nord de l’Europe ou encore des onna-bugeisha. Il faut ensuite donner vie à ces images en les faisant interagir et c’est à ce moment-là que mon expérience personnelle est la plus utile. Certaines remarques que Malandie fait à Saléon où la relation que Belon entretient avec ses bêtes sont issus directement d’événements dont j’ai été le témoin.

Je ne me suis en revanche pas inspiré de héros surpuissants qu’ils soient issus d’œuvres mythologiques ou contemporaines. Je n’aime pas les super-héros : ils m’ennuient et sont un mensonge. Pour moi, le salut passe par le collectif. Seul, on ne peut pas faire grand-chose et c’est ce trait là que je veux mettre en avant dans mon écriture.

La couverture est très sympathique bien qu’un peu étonnante. As-tu été associé à ce processus de création finalement ?

Oui. Mon éditeur m’a proposé quatre épreuves de Qistina Khalidah, une artiste qui fait un travail superbe qui évoque parfois Klimt ou Mucha. On en a discuté, échangé et finalement, nous sommes tous tombés d’accord sur celle qui existe aujourd’hui.

J’ai contacté Qistina pour la remercier : je ne compte plus le nombre de gens qui sont venus me féliciter pour la qualité de la couverture ou encore, ceux qui m’ont avoué avoir été attiré par elle.

A quel personnage sorti de Chevauche-Brumes t’identifierais-tu le plus ?

On m’a dit que je ressemblait à Varago… Je serais donc une grande gueule sympathique. Mais je pense aussi partager avec Belon l’amour des bêtes et le rejet instinctif de l’injustice de Tirelire. Mais je n’ai pas que des qualités ! Le caractère parfois ronchon de Quintaine me sied tout autant, et je suis sujet à l’orgueil, comme l’est Saléon.

Mais va pour Varago, c’est un de mes chouchous de toute façon.

Es-tu déjà en train de travailler sur d’autres projets ? Si oui dans quels genres vas-tu t’aventurer ?

Je travaille actuellement sur la suite de « Chevauche-brumes ». Je laisse de côté mes autres projets mais sans les abandonner (la SF par exemple). Si je mets trop de fers au feu en même temps, je vais finir par échouer dans tout ce que je voulais entreprendre.

Chevauche-Brumes est un one-shot, mais vas-tu de nouveau t’aventurer dans cet univers et proposer d’autres histoires ?

Oui ! Le livre bénéficie de retours très positifs et on m’a déjà demandé à plusieurs reprises quand est-ce que je comptais raconter la suite. Je ne vais pas me faire prier ! J’ai adoré dépeindre cet univers au point de parfois totalement m’y immerger et y retourner est un plaisir.

Toutefois, je sens que l’attente sera plus grande concernant ce second volume, le premier ayant été  très bien reçu. Je dois donc veiller à conserver ce qui fait le sel de cet univers tout en offrant quelque chose de nouveau aux lecteurs et lectrices et enfin, sans me forcer à faire ce que je ne voudrais pas faire, comme rentrer trop dans des descriptions explicatives et techniques relatives au fonctionnement de mon univers.

A l’instar du premier, le deuxième tome de « Chevauche-brumes » devra refléter une ambiance, parler d’hommes et de femmes à qui on s’identifie, pour qui on ressent de l’empathie ou du dégoût. Il devra être immersif, fouetter les sangs. On m’a parfois dit que je ne m’étendais pas assez sur la situation géopolitique du Bleu-Royaume ou sur le fonctionnement de la magie. Or, j’aime faire cela par petites touches, en intégrant au fur et à mesure les éléments de contexte dans le récit. J’aime écrire à hauteur d’homme. C’est cela qui m’intéresse. Développer des univers très étendu est une chose parfaitement louable mais, en ce qui me concerne, peu m’importe de savoir quel royaume l’emportera sur l’autre, quelle école de magie dominera, quel souverain héritera du trône. Ce qui m’importe toujours, c’est de savoir ce que vont devenir les personnages auxquels je me suis lié au fil du récit. C’est là le pari que je fais avec Chevauche-brumes.

N’est-ce pas compliqué au final d’avoir un métier, des idées plein la tête, les doigts qui fourmillent et une vie personnelle à gérer simultanément ? Comment fais-tu pour gérer ces différents aspects de ta vie ?

Comme tout le monde… Je lutte ! Plus sérieusement, c’est effectivement frustrant de devoir mettre de côté certaines choses par manque de temps. J’en parlais justement avec quelques auteurs au salon du livre de Paris et je me suis rendu compte que nous partagions la même malédiction : écrire est une passion chronophage. Il devient difficile de trouver le temps de lire, du moins autant que je le voudrais.

Au final, je fais comme je peux, en fonction de ce qui me rend heureux. Et puis je trouve des combines. Je me promène toujours avec un livre sur moi. À la moindre occasion, je lis quelques pages, dans les transports, lorsque je dois attendre, etc.

La meilleure solution est à mon avis de ne pas chercher à tout faire dans la même semaine. Il y a des jours où je ne vais faire qu’écrire et d’autres où je vais me consacrer exclusivement à la lecture ou  à autre chose sur mon temps libre.

Merci de tes réponses et à bientôt au détour d’une dédicace ou d’une des pages que tu auras noircies !

Tout le plaisir est pour moi. J’espère bien qu’on se croisera sur une dédicace et j’en profite pour remercier toutes celles et ceux qui sont venus me voir jusqu’ici.

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