
Difficile de comprendre cette série sans savoir d’où elle vient. Petit retour sur la saga Metal Hurlant pour ceux qui ne la connaissent pas.
Au départ, Metal Hurlant est une revue de bande dessinée de science-fiction, apparue en 1975. Estampillée « pour adultes », les histoires contiennent tout ce qu’il faut de matériel irrévérencieux pour l’époque : sexe et violence. La revue créée par Jean-Pierre Dionnet a vu passer dans ses rangs les grands noms de la BD : Druillet, Bilal, Caza, Moebius, Corben, etc. Philippe Manoeuvre y entre en 1976, et avec lui une orientation « rock ». La revue propose également des critiques de romans « de genre », et le style n’y est pas spécialement policé…
En 1977 parait la version américaine (Heavy Metal), sans lien rédactionnel avec la version française, mais dans la continuité éditoriale.


Un deuxième film sort en 2000, intitulé sobrement Heavy Metal 2000, avec la même formule, anthologie et musique metal (System of a down, Pantera, QOTS, etc).
Bref, on est face à du culte comme on n’en fait plus. Même si le premier film a beaucoup vieilli, il reste une référence pour l’amateur de SF.

2012 voit donc l’apparition de Metal Hurlant Chronicles, série « live » de Science-Fiction française (!), réalisée par Guillaume Lubrano, illustre inconnu. Les scénarios sont repris ou inspirés des BD parues dans les magazines de l’époque et abordent à peu près l’ensemble du spectre de la SF : space opéra, post-apo, fantasy technologique, etc.
Certains acteurs ne jouent pas très bien, même si on peut croiser parfois certaines têtes connues (Dominique Pinon, Rutger Hauer !). Bref, l’ensemble fait quand même très cheap, nous qui sommes abreuvés de films Zuhessiens aux standards visuels désormais hallucinants.
Et puis il va falloir vendre la série à l’international… Pour cela, on va éliminer tout le côté irrévérencieux qui faisait le sel de l’original. Exit la musique metal, exit le sexe évidemment. Ou alors de façon tellement légère que n’importe quelle série HBO en montre beaucoup plus. Aujourd’hui, on ne peut plus vraiment choquer dans ce domaine. Ou alors pour le coté sexiste de la chose…
Et on touche là une autre limite de la démarche : la contre-culture des années 70 n’a plus rien de « contre »… Elle est même devenue mainstream maintenant que les geeks de l’époque atteignent des postes à responsabilités. Ce qui permet à cette série d’exister, mais qui lui enlève le côté rebelle de ses aînées. Difficile de provoquer, et encore moins choquer un public pour qui tout cela est devenu courant. Aujourd’hui, le « choquant » se trouvera dans les films malsains de « l’étrange festival », mais certainement pas dans un programme télévisuel pour chaîne grand public…
Aux nostalgeeks d’une époque révolue – ça marche bien la nostalgie…
Aux curieux pour qui le petit coté kitsch and cheap ne pose pas de problème.
Et puis 6 épisodes de 20 minutes, ça passe vite…

Metal Hurlant Chronicles Saison 1
Création, réalisation, scénario : Guillaume Lubrano
Avec : Michelle Ryan, Dominique Pinon, Rutger Hauer