Rheia – Oathbreaker

Cette fin d’année turbulente qui aura vu, comme l’an passé, disparaitre bon nombre d’artistes, marque également la fin d’une ère pour Oathbreaker. En effet, le groupe est en hiatus depuis leur dernier concert, le 20 décembre 2017, et ce, pour un temps indéfini. Raison de plus pour eMaginarock de revenir sur ce groupe et l’album Rheia.

**The Indefinite Hiatus**

Dans une interview pour un magazine Néerlandais, De Morgen, Caro explique que depuis Rheia, elle s’est sentie mise à nue et à rude épreuve : les morceaux sont tellement intimes qu’il devient nécessaire d’arrêter, car elle ne peut plus les chanter. De plus, la promiscuité constante entre les membres du groupes commencent à peser. La pause indéfinie que prend le groupe ne provient pas seulement de cette tournée phénoménale, très ( trop) longue, et du succès retentissant de l’album, mais aussi de “luttes” internes au groupes. Il y a une rupture difficile à gérer, la sensation de manquer un peu la vie à force d’être sur les routes et la conciliation avec d’autres projets. A part Caro, les autres membres font partis de Amen Ra ou Wiegedood.*

**The Masterpiece**

Si vous n’avez pas encore écouté cette pépite qu’est Rheia, je vous le conseille fortement. Et voici pourquoi, selon moi :
– Cet album est un ovni, musicalement il casse pas mal de barrières certains évoquent même la transcendance des codes du métal . C’est une merveille, très justement saluée par la critique.
– L’artwork, j’ai réalisé récemment que c’était des mains, depuis un an je vois une femme, nue, dans un drap recroquevillée (parfois le cerveau voit des choses, faut pas chercher à comprendre).
– Les morceaux sont tout en changement et rupture de rythme, tantôt mélodique, tantôt black, tantôt plutôt sludge ou post rock. La voix de Caro se pose et offre une dimension nouvelle, elle est l’instrument en plus.
Je vous invite maintenant dans une balade cathartique et intimiste.

L’album débute sur 10 : 56, ce morceau est presque a capella. La voix de Caro Tanghe va vous transporter en douceur accompagnée rapidement par un riff de guitare proche d’un violon. Une ambiance hantée. L’atmosphère vous prépare à la raclée phénoménale du morceau suivant : Second Son of R. Ce titre est cathartique. Il est mon favori de l’album : Les mélodies de guitares tantôt black, lourdes et tantôt plus rock et toujours aussi franches. Le blast énorme de la batterie. La voix possédée de Caro, son scream qui libère toute les émotions et son chant plus calme qui se pose avec merveille sur cette guitare… Tout dans ce morceau est parfait : la voix, la structure qui avance progressivement vers une sorte d’apogée, et la fin brutale. Une morceau qui vous fera avoir la chaire de poule tellement il est puissant.

Being Able to Feel Nothing en comparaison semble plus classique, des riffs lourds, black et la voix de Caro qui ondule comme une mélodie et un instrument à part entière. Ce morceau qui semble plus “enfantin” dans la voix est en fait un cri de souffrance. Les paroles renvoient à une esthétique un peu gothique et gore surtout. cette esthétique que chacun a pu explorer, en film, en manga ou par soi-même : la volonté de ne rien ressentir, voir le sang sans émotion, être anesthésié pour ne plus souffrir de ses sentiments.

Stay Here / Accroche-Moi est une balade intime, une déclaration d’amour. La voix de caro est mise incroyablement en valeur par cette guitare qui joue simplement.

Needles in Your Skin mettra certain mal à l’aise. Tentative de suicide ratée et réveil dans un hôpital. Avant tout, un autre cri de l’âme et un brin de folie dans la voix de Caro. Musicalement, ce morceau est très bon comme les autres. Je me répète mais les riffs de guitares qui accompagnent sont parfaites et la batterie aussi. Et le finish est tellement fort.

Sans transition, Immortals déboule. Ce titre est mon second favori. Morceau tantôt mélodieux, tantôt plus violent, il débute de façon assez rock et très vite la voix calme se change en scream. Tout cela se fait par vague. Les mélodies, les screams sont comme des rafales qui vont vous transpercer et vous laver. Les instruments, notamment la batterie martèle un rythme qui vient en décalage avec celui de la guitare plutôt post black ou sludge. Cette chanson est une danse de l’âme et du coeur. Je vous laisse vous faire votre idée et avoir vos propres frissons:

I’m Sorry, This Is marque une rupture : morceau instrumental où la batterie est quasi absente, on entend en fond des chuchotements, des voix d’enfants. C’est un morceau ambiant, un calme avant la tempête, un repos de l’esprit. Il permet l’enchaînement avec le morceau suivant beaucoup plus intense Where I Live et celui d’après Where I leave. Un triptyque musical qui s’écoute d’une seule traite. Ces trois titres sont une sorte de broderie musicale surtout Where I leave. Ce dernier débute comme un titre de post rock où la mélodie de base est posée par les guitares, puis la batterie en pose une seconde, et enfin la voix de Caro : une merveille de dix minutes.

L’album se termine sur Begeerte. Un cri d’amour ou un fantasme teinté d’influences de Dracula. On peut se poser la question dès que l’on prête attention aux paroles. Ce morceau est fascinant. Il m’a fallu plusieurs écoutes pour l’apprécier à sa juste valeur tellement les titres précédents sont forts. L’ambiance est faite de bruits : voix, additions sonores. La guitare pose une mélodie entêtante et la voix de Caro est claire avec une légère réverb. On est encore à la limite de plusieurs genre musicaux pour le plus grand bonheurs des oreilles. On est propulsé dans un rêve “opiacé”, dans une maison hantée ou sous la mer tellement tout semble liquide.

**The Last Words**

Cet album va vous prendre aux tripes, vous retourner, vous émerveiller, vous faire pleurer, vous faire du bien. Plus je l’écoute, plus je découvre des choses, des détails. On espère qu’Oathbreaker ne s’arrêtera pas là et qu’ils reviendront nous mettre une belle claque dans quelque temps. En attendant bonne écoute ou ré écoute du magnifique Rheia.

*traduction de l’interview en commentaire ici.

Rheia
Oathbreaker
2016

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