Entretien avec Gilles, guitariste de Nothing But Echoes

J’avais eu l’opportunité de découvrir Nothing But Echoes en live au Gibus il y a quelques mois et je dois dire que lorsque leur album est sorti je n’ai pas pu m’empêcher de me jeter dessus comme un mort de faim. Et grand bien m’en a pris au final comme vous pourrez le lire dans la chronique à paraître bientôt ! Et donc un petit entretien avec Gilles s’imposait bien évidemment…

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Pourriez-vous tout d’abord vous présenter et nous expliquer ce qu’est Nothing But Echoes exactement comme groupe ?

Gilles (guitariste) : Bonjour, Nothing But Echoes est un groupe de Metal nantais qui est sur le point de sortir son premier album. On décrit notre style simplement par le terme « Metal ». Car lorsqu’on a monté le groupe, l’idée de base était de ne pas se limiter à un style en particulier. On ne souhaitait pas s’enfermer dans une niche particulière, même si nous respectons cela, et sommes nous-même fans de certaines de ces scènes spécifiques. Six musiciens composent le groupe et ce sont autant de personnalités et de styles de Metal différents qui viennent l’enrichir. On peut donc y trouver des riffs hardcore, des mélodies mélancoliques, des structures progressives, du chant clair ou screamo…

Au-delà de la musique, nous développons un univers post-apocalyptique au travers de nos visuels mais aussi de la mise en scène de nos concerts. L’idée est de proposer à l’auditeur et au spectateur un voyage au cœur de la déchéance du monde civilisé tel que nous le connaissons. Il y a une vraie dimension cinématographique dans notre concept, car le cinéma, comme d’autres formes d’arts, ont une grande influence sur notre manière de restituer notre analyse et notre regard sur le monde qui nous entoure.

Comment en es-tu venu à la musique, et plus particulièrement au Metal ?

Gilles : Nous faisons de la musique depuis notre adolescence, voire notre enfance pour certains d’entre nous. Nous avons découvert le Metal par des amis, ou nos parents… On baigne dans une culture musicale assez variée depuis longtemps déjà, et cela contribue à la mixité d’influences très large que l’on ressent dans notre musique. Alors en effet, comme le public Metal de notre génération, on a eu accès aux groupes de Thrash, Heavy, Death diffusés dans la presse écrite de l’époque… On s’est pris les claques qu’il fallait en allant aux concerts locaux, et ça nous a donné envie d’en faire partie. Comme pour les autres membres du groupe, ça a forgé nos personnalités musicales et la base de nos sensibilités artistiques individuelles… Chacun d’entre nous a donc forcément des orientations un peu différentes… Aujourd’hui je suis un gros fan de prog : Opeth, Steven Wilson, Porcupine Tree… Marc et Eric sont plus orientés vers le postcore, postrock et les musiques « core », Seb est plus extrême, Thomas a amené une dimension cinématographique et épique avec ses claviers alors que Julien, qui venait de la scène rock alternative, a apporté une énergie plus brute à la basse… Il est impossible de faire la liste de tous les groupes que chacun écoute, mais certains font l’unanimité. On aime tous les styles de rock en général du moment que c’est original et bien fait !

We Are est le premier album du groupe. Comment s’est passée sa réalisation ? Qui a écrit la musique et qui s’est penché sur les paroles ?

Gilles : Certaines de nos compositions ont plus de 3 ans, mais elles ont toutes été finalisées cette dernière année. Pendant 3 ans, nous avons composé en même temps que notre line up s’est étoffé car il n’était pas simple de trouver les personnes assez ouvertes pour ne pas s’enfermer dans un style. A chaque fois que nous intégrions un nouveau musicien, nous changions la structure d’un bout de morceau, ou une mélodie, ou un riff. Cela nous a permis d’avoir une cohérence sur tous les morceaux et on peut donc dire que c’est un effort collectif en termes de compositions et d’arrangements. Les paroles ont été écrites par 3 personnes : Marc le chanteur, Sébastien l’un des guitaristes et moi guitariste également.

Un autre aspect essentiel a été notre volonté de donner à notre album la texture qui correspondait à ce que nous souhaitions exprimer. Il nous a fallu du temps avant de trouver le studio qui voulait s’impliquer dans cette démarche. Nous avons rencontré pas mal de monde mais Arthur Lauth de Brown Bear Recording a eu le discours et la démarche artistique qui a su nous séduire. C’est comme si nous intégrions, pour la période d’enregistrement et de mixage, un nouveau membre qui comprenait parfaitement ce que nous avions en tête. On s’est autorisé à se dire sans ménagement nos avis sur la production. Ce fut intense, mais tellement agréable de voir nos morceaux prendre une nouvelle dimension… comme si nous leur découvrions un nouveau potentiel à chaque étape.

L’artwork de cet album est finalement assez sombre tout en restant fortement graphique avec ce côté post-apocalyptique. Comment s’est passé le travail dessus ? Et finalement pourquoi ce choix ?

Gilles : Nous ne voulions pas d’un artwork trop sombre car notre musique à des aspects lumineux. Nous souhaitions, encore une fois, nous éloigner des stéréotypes Metal. Bien sûr, les paroles ne respirent pas la joie de vivre, on ne pouvait donc pas avoir quelque chose de trop lumineux mais encore une fois, l’idée est de transporter l’auditeur et de le faire voyager avec nous tout au long de l’album. L’artwork et le livret ont donc été conçus pour développer la trame dramatique des morceaux. Nous avons travaillé avec une graphiste, dont la sensibilité féminine a été primordiale. Nous lui avons expliqué notre concept, et laissé carte blanche. Je ne veux pas forcément en dire trop afin que l’auditeur puisse se faire son propre voyage mais il y a une évolution entre le début du livret et la fin du livret, beaucoup d’éléments visuels et sonores sont liées, tout comme le concept derrière notre nom, celui de l’album, et nos paroles… Nous invitons l’auditeur à se munir du livret pendant l’écoute… Tout cela n’est en fait qu’une introduction à notre univers et nous permettra de développer plus en détail notre concept sur les prochains albums. Nous avons actuellement l’impression que notre imagination est sans limite, mais avouons que l’humanité nous aide bien…

Des clips de prévus ? Ce n’est pas trop stressant de passer de la scène à la caméra ?

Gilles : Le titre « Owe nothing » a déjà fait l’objet d’un clip, il est disponible sur notre chaine YouTube. Nous n’avons clairement pas les compétences pour réaliser nous même un clip, c’est pourquoi nous avons fait appel aux Studio Bellarue 17 et on est très fier du résultat. Celui-ci est un belle métaphore, et le deuxième clip est déjà dans les tuyaux. Il sera plus brut, une autre manière d’illustrer nos propos.

Quel est ton morceau préféré de l’album et pourquoi ?

Gilles : Surement la question la plus difficile ! Evidemment je suis fier de tous les morceaux de cet album mais à titre personnel j’ai une préférence pour « Silent Evolution », probablement notre titre le plus déroutant et pour « The Final Ride » et son pont atmosphérique dont j’aime absolument tout : les harmonies de voix, la basse lancinante, les breaks de batterie déstructurés, les samples épiques contrastant les mélodies mélancoliques.

Comment se passe la promo de l’album ? Les premiers retours sont bons ?

Gilles : Les premiers retours sont très bons ! La promo se passe plutôt bien même si ce n’est que le début. On a touché quelques groupes FB de l’autre côté de la Manche et de l’Atlantique qui ont apprécié nos premiers titres diffusés. Ça a été l’occasion de leur diffusion sur des émissions radio anglaises et américaines, ce qui est surprenant. Francis Zegut a aussi complimenté « Owe Nothing », notre premier extrait, en le partageant sur sa page. Cela nous encourage à continuer notre art et à défendre notre musique.

Peux-tu, en cinq mots, donner envie à nos lecteurs de se pencher sur votre musique ?

Gilles : Metal Prog, Post apo, Contemplation, Colère, Mélancolie.

Quel est ton pire souvenir sur scène, en tant que musicien ?

Gilles : les mecs trop alcoolisés, c’est pas toujours compatible avec notre musique… surtout dans les moments ambiants !

Quels sont les prochains concerts du groupe ?

Gilles : le 18 octobre nous jouons au Ferrailleur à Nantes à l’occasion de la sortie de l’album. Nous serons en compagnie des potes de Time For Energy (Nantes) et de Warfield (La Réunion). Les concerts devraient suivre sur la fin de l’année et toute l’année 2019 pour promouvoir l’album sur scène. D’ailleurs si des tourneurs, des salles ou des organisateurs nous lisent, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter ! Nous sommes ouverts à toutes propositions.

Mêler ses activités professionnelles et personnelles tout en étant musicien est généralement compliqué. Comment fais-tu pour gérer ces aspects de ta vie ?

Gilles : Ouais ce n’est pas simple tous les jours c’est sûr. D’autant plus qu’avec 6 musiciens dans le groupe, c’est aussi 6 emplois du temps et 6 familles derrière donc pas mal de données à prendre en compte ! Mais clairement, pour faire du metal en France aujourd’hui il faut de la passion, beaucoup de passion. Et c’est le cas pour nous, on croit en notre musique et on veut la partager avec le plus de monde possible. Donc à partir de là, on fait des concessions et on fonce !

Que répondrais-tu aux gens qui disent qu’à l’heure actuelle il y un trop grand nombre de groupes sur les scènes rock et métal et comment vois-tu le marché musical actuel ?

Gilles : Je ne sais pas s’il y a trop de groupes mais c’est sûr qu’il y en a vraiment beaucoup. Dans un sens c’est une sacré chance du point de vue de l’auditeur : on a beaucoup de choix et si on est un minimum curieux, il y a moyen de faire de sacrées découvertes ! Mais du point de vue de l’artiste, c’est autant difficile que stimulant. Il faut sortir du lot et faire de la bonne musique n’est plus suffisant pour ça … il faut de l’actualité, des clics, des vues, des vidéos, du son, de l’image et tout cela gratuitement de préférence car l’auditeur lambda ne veut plus payer « uniquement » pour de la musique. En tout cas, pas pour de la musique d’un groupe émergent. Mais tout n’est pas négatif car on a des moyens techniques pour faire beaucoup de choses en mode DIY, tout en ayant un rendu très probant. Ca permet d’étendre notre art à un autre rang, ce qui est plutôt excitant. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut s’adapter constamment et qu’il faut être motivé pour suivre le rythme !

Merci pour tes réponses et à très bientôt au détour d’un concert !

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