A Voluntary Lack of Wisdom – Loimann

 

Malgré mes penchants prononcés pour le stoner et pour le doom, le stoner doom n’a jamais été un style qui m’a particulièrement attiré. C’est donc un peu méfiant que j’abordais l’album A Voluntary Lack of Wisdom de Loimann, groupe piémontais formé en 2001 à Turin par des membres très actifs de la scène metal Italienne. Après plusieurs changements de line-up et de direction musicale, leur troisième album studio (quatrième en comptant leur EP) sort le 9 novembre 2018.

Après l’intro psychédélique de Slaughterhouse N°5, le rythme change très surprenamment, adoptant un ton d’abord stoner/thrash, puis black, avant de partir sur du hardcore, pour revenir à de l’ambiance psychédélique, avant de recommencer le cycle, le tout accompagné d’un growl bien gras. Après un tel départ, c’est presque surprenant d’entendre les lignes et le rythme de I Own the Right to Tear Me Apart, beaucoup plus typiques du stoner/doom. Le chant reste growlé, à l’exception de quelques harmonies ici et là. Les influences black reviennent très vite à la charge, avant un nouveau retour au hardcore, puis le retour du riff de départ. Après tant de changements entre les styles et les genres, l’intro en son clair de For Those About to Sink est la bienvenue, même si on sait qu’on va s’en reprendre plein la gueule juste après. Après le court repos offert par l’intro, on repart dans le brassage improbable de genres, avec cela dit plus de voix clair que les deux pistes précédentes ce qui donne à celle-ci un côté plus mélodique. Living in Fear of Death – Dying in Fear of Life s’ouvre immédiatement sur des blast beats et une ambiance typique du black, ambiance qui perdurera toute la piste, agrémentée ici et là de riffs groovy et d’harmonies vocales en chant clair. Mass Redeemer replonge dans le psyché, avec cette fois-ci, un retour à la violence plus contrasté et moins brusque que sur les autres pistes, avec une montée plus progressive. Il se dégage donc de la piste une certaine cohérence, ce qui est plutôt rare sur cet album. Moral Dismemberment donne, elle aussi, l’impression d’être plus calme et cohérente que les autres pistes, malgré ses explosions de violence. Après tant de chaos, le repos offert par ces deux pistes est très appréciable. Surtout avant de se prendre l’immense patate hardcore de V.I.T.R.I.O.L. Après le chaos habituel, oscillant entre hardcore, black et stoner/thrash, la fin de la piste se fait plus calme et plus doom/psyché, nous emportant tranquillement vers No Prayer for the Living, l’outro de l’album, paisible, calme et éthérée.

Cet album est surprenant, et à de nombreux titres. Déjà, le mixage ultra gras typique du stoner doom fait qu’il faut plusieurs écoutes ne serait-ce que pour repérer tous les instruments. De plus, la composition, chaotique au possible, rend la première écoute très complexe, et donne une impression assez peu accueillante. La première fois que j’ai écouté cet album, j’ai passé plus de temps à me demander ce qu’il se passait qu’à réellement écouter. Cela dit, mon intérêt pour les musiques étranges et originales, ainsi que mon goût pour le stoner, le black, le hardcore et le doom, m’ont poussé à revenir à cet album , et je dois admettre qu’une fois la surprise de la première écoute passée, on se laisse entraîner au fil des pistes et des genres. Même si le mélange paraît improbable, il suffit d’avoir l’esprit ouvert et l’oreille déjà habituée à ces différents styles pour y trouver du bon. L’album est tellement surprenant qu’il faudrait sans doute l’écouter des dizaines de fois pour en comprendre et en savourer toute la complexité, mais même juste en tant qu’ovni musical, il reste excellent.

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