Entretien avec Jon Skovron, auteur de L’Empire des Tempêtes

Jon Skovron est un auteur de fantasy américain, publié en France par Bragelonne, que j’ai eu le plaisir de découvrir avec ses deux premiers tomes : Hope & Red et Bane & Shadow. En attendant le tome 3 je n’ai pas pu m’empêcher de lui poser quelques questions par mail afin d’en savoir plus sur la manière dont il a créé son univers et ses personnages si particuliers !

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Pourrais-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer comment tu en es venu à l’écriture ?

Bonjour. Mon nom est Jon Skovron et je vis près de Washington avec mes deux fils, tout en écrivant des romans de fantasy pour adultes et adolescents. J’ai toujours adoré lire, mais pour je ne sais trop quelle raison cela m’a pris très longtemps pour réaliser que je pouvais être auteur professionnel. J’ai toujours écrit beaucoup de petites histoire, même très jeune, mais je n’avais jamais pensé en faire quoi que ce soit. Je voulais être une rockstar au lycée rien d’autre. Puis à l’université j’ai voulu être acteur. J’ai même commencé une carrière professionnelle de comédien. Ce n’est pas avant mes vingt ans que l’idée de devenir auteur a germé dans ma tête. J’étais sur une production de Shakespeare, Le Marchand de Venise, faisant le clown. J’étais assis en backstage attendant pour mon entrée sur scène suivante, insatisfait de ma vie de comédien et de la tournure qu’elle prenait. Je lisais Le Monde selon Garp de John Irving, qui est une histoire à la fois drôle et triste autour d’un romancier, et je me suis dis : « Je peux faire ça ! » C’est à ce moment que j’ai commencé à prendre mon écriture au sérieux. Cela m’a pris dix ans et quelques mauvais manuscrits avant d’être assez bon pour que l’un de mes romans soit publié, mais je me suis accroché, c’est d’ailleurs le meilleur conseil que je pourrais donner à ceux qui veulent devenir professionnels. Soyez humbles, écoutez les critiques et n’abandonnez jamais.

J’ai lu la saga L’Empire des Tempêtes et j’ai été vraiment séduit par la manière dont tu gères une histoire telle que celle-ci. D’où t’es venue la première idée pour ces romans ?

Je suppose qu’il faut remercier Hope et son premier chapitre assez horrifiant. J’ai d’abord pensé au personnage, je pouvais la voir dans mon esprit avec ses yeux bleus froids ? Je me suis demandé pourquoi elle avait l’air si forte et obstinée. Que lui était-il donc arrivé dans la vie qui l’ait rendue ainsi ? Puis j’ai écouté un podcast scientifique que j’apprécie nommé Radiolab, et l’épisode était au sujet des parasites. Cela m’a donné l’idées des évènements horrifiants du premier chapitre qui l’a lancée sur cette voie.

Je voulais également que ce roman soit une étonnante aventure marine, car j’adorais naviguer étant enfant. Et je lisais à la même époque Gangs of New York de Herbert Ashbury, donc cela a probablement influencé le personnage de Red et la cité de Laven La Nouvelle en grande partie.

Le monastère m’est venu par les films de kung-fu que j’adore. Et il probablement d’autres influences dont je n’ai même pas conscience. Beaucoup de choses entrent dans la recette d’un roman au final, mais la toute première chose fut le regard de Hope. « Des yeux, dit le capitaine Sin toa, qui en ont trop vu. »

Les personnages de Red et Hope sont finalement très particuliers car leurs destins se croisent mais ne se rejoignent jamais vraiment. Pour les créer t’es-tu basé sur quelqu’un que tu connais ou bien sont-ils sortis de ta tête directement ainsi ?

Ah, cela dépend à qui tu demandes. Parfois quand je vais dire un truc drôle ma mère va lever les yeux au ciel et dire : « Okay, Red… » Mais pour autant je ne pense pas être tant que cela comme Red. Je voulais écrire un héros masculin qui n’était pas le stéréotype macho qui cache ses sentiments. Je voulais quelqu’un de fun, mais également pensif t sensible. Et j’ai clairement cela en commun avec lui.

Mais si Red est comme moi, Hope l’est également. Tout comme elle j’ai été traumatisé étant jeune et cela a profondément influencé ma vie. Comme elle je poursuis un idéal jusqu’à l’obstination et je suis particulièrement loyal à ceux en qui je crois.

Je suppose que chacun de mes personnages dispose d’une part de moi, même les méchants. Nous avons tous plusieurs facettes de nous, que nous en ayons conscience ou non.

 

Red, comme tous ses camarades, a une étrange manière de parler. Pourquoi avoir fait ce choix de lui donner cette particularité ?

Je voulais faire passer l’idée que Red et ses amis sont de la classe sociale la plus basse, donc qu’ils ne parlent pas de manière classique. Ils utilisent donc une forme d’argot à laquelle j’ai pensé utiliser l’américain moderne et l’argot britannique, mais cela faisait trop contemporain, trop proche de notre monde. En fait une partie de l’argot que j’utilise est américain, mais de New York aux XVIIIe et XIXe siècles, ou du vieux parler de marin. Le reste je l’ai bâti moi-même, mais je n’ai pas donné des mots sans raison. Chaque mot d’argot que j’ai créé a une raison d’être bien précise. Par exemple au lieu de définir quelque chose comme agréable il dit « Soleil » car vivant sur une île où il fait souvent sombre et pluvieux les jours ensoleillés sont particulièrement rares et spéciaux.

Il y a tellement d’argot dans le roman que mon éditeur m’a demandé si je pouvais rédiger un glossaire à la fin, mais je trouvais cela un peu soporifique, à la fois à écrire pour moi et à lire pour vous. Donc à la place j’ai fais un faux glossaire écrit depuis la plume d’un personnage mineur du roman, un mec très riche de la classe supérieure qui veut vraiment comprendre qui s’expriment comme Red. C’est un hobby pour lui et il fait beaucoup de recherches et essaye vraiment, mais le pauvre garçon se trompe souvent.

Avec L’Empire des Tempêtes, le monde ne cesse de s’étendre. Dans le premier roman seul l’Empire est révélé au lecteur, puis d’autres nations viennent s’ajouter. Avais-tu prévu de revenir dans cet univers ?

Rien n’est certain tant qu’un contrat n’est pas signé, mais il y a clairement d’autres histoires que je voudrais raconter dans ce monde, oui.

Comment ressens-tu le fait de voir tes romans traduits en français ? Es-tu déjà venu dans notre contrée ?

Je suis très excité de voir mes romans traduits dans ta langue ! J’adorerais venir mais les auteurs ne sont pas payés très chers malheureusement. Mais je jure que j’économise et vais tenter de venir si je le peux ! Evidemment si je deviens très populaire en France, mon éditeur m’enverra probablement là-bas également, n’est-ce pas ? Et peut-être que chacun d’entre vous peut m’aider à ça, non ?

Peux-tu nous expliquer ce qu’un roman de fantasy doit-être pour toi ?

Je ne peux pas dire ce que tous les romans de fantasy devraient être tout simplement parce qu’il y en a trop de différents pour plein de raisons. Par contre je peux te dire quel devra toujours être un roman de fantasy que j’écris. Les gens doivent être amusant, comme dans le monde réel, le monde si grand que l’on en perçoit pas les contours tout comme le nôtre. Et il doit se passer des choses impossibles, merveilleuses qui ne sont pas comme dans notre monde, dont certaines que je souhaiterais vraiment voir de mes yeux, et d’autres qui heureusement ne le sont pas.

Ah si, j’adore l’horreur, donc dans chacun de mes romans il doit y avoir au moins une scène horrifique qui fera frémir le lecteur.

Comment gères-tu ton activité d’auteur et ta vie de famille ? Ce n’est pas trop compliqué ?

Je travaillais déjà beaucoup quand j’avais un bureau à moi et que mes enfants étaient plus jeunes. Je travaillais toute la journée sur de l’informatique, puis je rentrais, donnait à manger aux enfants, les aidait sur leurs devoirs, les couchais, puis j’écrivais jusqu’à tomber de sommeil. J’ai fais ça chaque nuit pendant des années.

Mais merci à Hope & Red, j’ai finalement pu quitter mon travail et écrire à temps plein. Maintenant mes enfants sont des adolescents et ils n’ont donc plus autant besoin de moi qu’avant, ils s’émancipent petit à petit et cela me libère du temps. Donc actuellement c’est juste parfait ! Je me lève, les emmène à l’école, vais nager un peu, puis je rentre écrire avant de retourner les chercher à l’école. Et depuis que j’écris la journée je peux me reposer et lire un livre le soir, tout en étant au lit à une heure raisonnable.

Qui sont tes auteurs favoris ?

C’est vicieux de demander cela à un auteur, car mes préférés sont mes amis évidemment ! Mais si je dois citer les écrivains qui ont eu le plus d’influence sur ma plume alors je dirais, sans ordre particulier, Neil Gaiman, David Eddings, Holly Black, William Thackery, Anton Chekov, Albert Camus, Suzanna Clarke, Douglas Adams, Tom Robbins, China Mieville, Michael Chabon, Haruki Murakami, William Gibson, and Jeff Vandermeer.

Peux-tu, en cinq mots, donner envie à nos lecteurs de se plonger dans ton univers ?

Kung-Fu Pirate Gangster Epique Fantasy !

Merci pour tes réponses et à bientôt en France j’espère !

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