Pirates des Caraïbes 5 : la vengeance de Salazar – Geoff Zanelli

 

Après Klaus Badelt et Hans Zimmer, c’est au tour de Geoff Zanelli de se pencher sur l’univers musical de Pirates des Caraïbes. Inconnu du grand public, il travaille depuis 2001 avec Zimmer et a collaboré à tous les scores de la franchise. En terrain connu, Zanelli œuvre en élève appliqué.

Dans les pas de son prédécesseur, qui a livré une partition très moyenne sur La Fontaine de Jouvence, il va enrichir la saga de nouveaux thèmes et motifs tout en réutilisant, fort justement, les existants.

The brightest star in the north est la piste centrale de ce nouvel album. Il présente le nouveau thème d’une héroïne de cet épisode : Caryna. Elegiaque, porté par le violoncelle, rappelle le thème de Will et Elisabeth (cf Pirates des Caraïbes 3) par sa protéiformité : tantôt solennel pour le lien avec la quête de l’héroïne, tantôt triste et dramatique au sujet de Caryna et de son père, il peut se faire héroïque comme sur chouette variation action dans le end title Beyond my beloved horizon.

L’autre introduction est Salazar, le morceau rattaché à l’antagoniste de ce cinquième opus. C’est une espèce de maxi best of des thèmes des méchants de la franchise, entre la guitare électrique du Kraken (Le secret du coffre maudit) et les cuivres agressifs/les chœurs sombres de Barbe Noire (La fontaine de Jouvence). Le résultat à l’écran est très efficace à défaut d’être mémorable, alors que le CD en propose d’agréables développements (sur El Matador Del Mar notamment).

Enfin, ultime addition, le thème attaché au Trident de Poséidon (le Mcguffin de l’épisode). Il est évoqué dès You speak of the Trident et respecte la dose de mystère nécessaire à un artefact de légende. On le retrouve ensuite disséminé au fur et à mesure de l’album.

Comme dans le film, la bande sonore en appelle aux nostalgiques des trois premiers épisodes. Kill the fillty Pirate convoque certains des morceaux les plus emblématiques de la franchise. S’enchaînent les thèmes Jack Sparrow, Hoist the Colours ici rattaché aux pirates comme Gibbs, le thème de Will and Elisabeth lié à Henry. Vient s’y mêler un motif bondissant (à partir de 1:54) qui rappelle plus spécifiquement Caryna.

Contrairement à la Fontaine de Jouvence, où des morceaux entiers d’anciens épisodes étaient repris tel quel, Zanelli fait l’effort de mêler, orchestrer, rendant un réel hommage au travail de Zimmer. L’exemple le plus frappant est l’association entre images et musique de la scène de mise à l’eau du Dying Gull (sur la courte piste homonyme). Un pimpant Hoist the Colours accompagne le largage des amarres triomphant de Sparrow. L’échec brutal et hilarant est surligné par l’interruption net du morceau, repris aussi sec dans une version encore gonflée quand la corde récalcitrante se rompt enfin.

L’ensemble suit les traces du maître avec déférence et va chercher ses références musicales. Plusieurs morceaux de la Malédiction du Black Pearl et les thèmes associés à Jack Sparrow sont ainsi cités pour notre plus grand plaisir : One Last Shot, The Medaillon Calls (sur She needs the sea par exemple) ou The Black Pearl (Treasure). C’est une habile manière de détourner le temp tracking – la mise en place d’une musique provisoire sur le montage d’origine, avant composition, qui contraint trop souvent les compositeurs à coller aux extraits choisis de peur de déséquilibrer l’ensemble ou de déplaire aux producteurs – tout en laissant une forte impression d’unité musicale.

 

 

Le CD joue donc à plein la nostalgie qui caractérise la Revanche de Salazar. La musique remplie parfaitement son rôle et créé un effet d’entrainement que les images seules échouent à provoquer.
La reprise finale de One Day, l’avant dernière piste de Jusqu’au bout du monde, à une place quasi-similaire (sur My name is Barbossa), nous renvoie dix ans en arrière. Au cinéma, elle m’a fait l’impression de clore une parenthèse avec la résolution de l’intrigue entre Will et Elisabeth, pendant que Jack, sur le Pearl, repart pour un brin honnête piraterie. C’est donc un choix judicieux.

La fin de l’album laisse toutefois un goût étrange en bouche : en recyclant des passages entiers sans grande conviction (l’introduction du thème de Beckett pour la marine anglaise au début de I’ve Come with the Butcher’s Bill, la mort du même Beckett pour la disparition d’un personnage phare), il leur fait perdre leur singularité et échoue à créer une identité propre aux scènes illustrées, un problème qu’il partage avec son film.

Conclusion

Pirates des Caraïbes : la vengeance de Salazar est une BO efficace avec ses très bons moments. Geoff Zanelli retrouve à l’occasion ce qui nous a fait aimer la musique de la franchise tout en apportant une solide pierre à l’édifice. Il vérifie l’adage qui veut qu’un mauvais film peut bénéficier d’une bande son réussie.

 

Pirates des Caraïbes 5 : la vengeance de Salazar

Composé par Geoff Zanelli

Disponible en format numérique

CD édité par Walt Disney Records

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