Aliens, le retour – James Horner

 

Aliens, le retour est un symbole fort du début de la carrière de James Horner. En 1986, le compositeur a seulement dix ans de carrière derrière lui, dont une grande majorité de projets de films des genres fantastique et science-fiction. Aliens est alors l’apogée de sa jeune carrière, lui valant sa première nomination pour les Oscars. Une distinction de rang pour une partition sombre, riche, et violente.

Après Brainstorm, Star Trek 2 et 3 ou Krull, James Horner a déjà, à l’époque, un solide bagage sur la Science-Fiction. Et après avoir pris la suite de Jerry Goldsmith sur l’adaptation grand écran de la franchise Star Trek, le voilà à suivre à nouveau les traces du maître en s’occupant de la musique du deuxième opus de la saga horrifique Aliens. Exit Ridley Scott, réalisateur du premier opus : James Cameron, remarqué deux ans plus tôt avec Terminator, se voit confier les reines de la saga. Il va livrer un film noir, violent.

Ce projet est la première collaboration entre le compositeur et le réalisateur. Il a bien failli sceller de manière prématurée leur travail commun: la manière de monter de Cameron a altéré considérablement la partition originale de James Horner au point que seuls la musique d’ouverture et le générique de fin sont les pistes telles que le compositeur les avait enregistrés. Et dieu sait que Horner y avait mis de l’engagement, tirant le meilleur du London Symphony Orchestra. Les deux hommes se sont alors brouillés dix ans, avant de se réconcilier pour le projet Titanic et la réussite que l’on connait.

Il faut établir un fait indéniable avant de parler du score de Aliens, le retour : sortie du film, une bonne partie de la musique est difficilement écoutable seule, notamment parce qu’elle repose sur de longues périodes de silence et d’ambiance purs, entrecoupés de mouvements orchestraux très violents, basés sur des sons synthétiques et des bruits de frappement de cordes qui en feront sursauter plus d’un. Une piste comme Sub-Level 3 ou Atmosphere Station illustrent parfaitement cet état de fait. Elles rajoutent toutefois à la tension de l’ensemble et fonctionne comme des moments de pause. Il ne faut pas pour autant se passer du reste de la musique, admirable.

Autre préambule nécessaire : il existe deux versions du score de James Horner. La première, sortie dès 1987, compte environ quarante minutes de musique. Une deuxième édition, dite Deluxe et datant de 2001, contient elle plus de soixante-quinze minutes de score. Cette fiche concerne la première édition, la plus courte.

Le Main Title débute avec un violon lancinant qui instaure directement l’ambiance de la BO. Puis les cordes, qui reviennent en écho, en intensifient le mystère. Il y a une montée en pression, puis une pause, mais les percussions maintiennent l’oppression sur l’auditeur. C’est alors que s’invite le thème principal joué par les cordes en solo. Thème assimilé au personnage principal de la saga : Ripley. S’en suit un emprunt au premier Alien de Jerry Goldsmith avec un motif en trompette évoquant l’espace et le mystère qui reviendra assez souvent dans le film. L’intégration au score de Horner est réussie.

Ce qui frappe énormément à l’écoute du CD, ce sont les pistes d’actions très tendues que nous livre James Horner. Ici , point d’héroïsme et de grands thèmes glorificateurs. On joue tout sur l’agressivité et une pression constante qui s’associent très bien au film. La musique retranscrit très bien l’insécurité dans laquelle se trouvent les principaux protagonistes d’Aliens : le retour.

La première piste répondant à cette description est Going after Newt. Elle débute sur les percussions et l’ensemble de l’orchestre reprend un motif menaçant qui devient un leitmotiv. Les cuivres et les percussions donnent un côté bien plus martial et impressionnant à l’ensemble, alors que les percussions omniprésentes donnent énormément de rythme. Les cordes s’emballent et offrent un côté débandade jouissif. Une piste très tendue, qui se conclut sur une formidable montée finale de l’ensemble de l’orchestre.

Ripley’s Rescue est portée par les cuivres et les cordes, et utilise un enchainement rapide de notes que ne renierait pas un Goldsmith par exemple. La piste accentue le chaos ambiant, avec des percussions militaires rappelant bien que nous voyons à l’image des marines. La dernière partie de la piste est une reprise énergique du thème de Ripley, aka main theme.

 

 

Le niveau va encore s’élever avec deux pistes d’action majeure que le CD met bien en avant. D’abord, Futile Escape introduit par des sons et bruitages accompagnés d’un motif revenant en boucle. Les violons s’invitent et continuent d’alourdir l’atmosphère. Puis tout d’un coup, ça s’emballe pour cette longue pste : percussions militaires, cordes qui développent le motif toujours plus présent. Le thème est déjà connu. Porté sur l’action, il est tiré de Star Trek II et s’intègre très bien. Contrairement à son habitude, James Horner réutilise une création dans l’intérêt d’une seule piste, et pas sur la longueur. Ainsi, grâce à ce thème, il maintient une pression sur l’auditeur, toujours emporté par les cuivres qui l’interprètent. La piste explose dans une démesure musicale très efficace et intense.

Il faut aussi parler de ce qui est sans doute la piste la plus connue de Aliens : Bishop Countdown. C’est une piste encore très tendue, avec les cordes en soutien des cuivres, qui offrent une piste d’action intense. En plus de la batterie militaire, l’orchestre monte en puissance tout au long du court morceau. Le rythme restitue parfaitement l’impression de compte à rebours, du temps qui fuit. La fin est toutefois plus tendre et calme. Dans le film, elle illustre le décollage de la station et l’expulsion de la Reine Mère. C’est une piste enlevée, souvent utilisée dans les bandes-annonces (Minority Report notamment).

La fin de l’album retrouve l’ambiance du début du CD. Dark Discovery revient à cette atmosphère mystérieuse, et évoque la découverte des oeufs avec un motif planant qui accentue cette idée de mystère. Resolution & Hyperespace conclut l’album. L’orchestre est à l’unisson sur cette fin. Bien moins oppressante que le reste, avec les violons moins agressifs, qui mettent en avant une certaine tendresse, elle n’est pas utilisée  en intégralité pour le film. L’ultime reprise du main theme par les cordes, en solitaire, offre une fin tout en retenue, sombre, à l’image du reste de la partition.

Conclusion

Aliens, le retour est une pièce majeure du début de la carrière de James Horner. En plus d’être une belle réussite artistique, qui complète à merveille le film, Horner fait une première synthèse de son travail pour nous offrir une composition sombre, intense et désespérée.

Aliens, le retour

Bande originale composée par James Horner

Éditée par Varèse Sarabande

 

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