Silo – Hugh Howey

L’édition dont je vais vous entretenir est parue au Livre de Poche, mais une fois encore ce sont les Éditions Actes Sud qui ont, à l’origine, vu tout le potentiel de Hugh Howey et ont assuré la traduction française en 2013 de Silo, puis en 2014 de Silo Origines et de Silo Générations. Mais qu’est-ce donc que ce silo ? Imaginez qu’une catastrophe vienne à éradiquer toute vie à la surface de la Terre. Quelques individus vont rejoindre un abri souterrain et y rester. Très longtemps.

Au fil des générations, l’abri va se creuser pour atteindre la profondeur remarquable de trois fois quarante-huit niveaux. Les niveaux les plus profonds font vivre le reste des niveaux, comme toujours. Indépendant tant énergiquement, car des forages profonds extraient du pétrole, que du point de vue alimentaire, grâce à des niveaux réservés aux cultures, une petite humanité s’est peu à peu reconstituée.

Dirigée par un maire et un shérif, la vie y est régulée avec la plus grande sévérité. Ainsi, un couple ne peut avoir le droit d’avoir un enfant que s’il fait partie des heureux gagnants d’une loterie. Les risques de surpopulation sont ainsi réglés par ce principe. De même, comme les habitants ne peuvent observer le terne monde extérieur qu’au travers de quatre caméras, on désigne parfois des individus pour remonter à la surface, nettoyer les optiques… et y mourir dans d’atroces circonstances.

Ce ne sont généralement pas des volontaires qui s’attèlent à cette funeste tâche. Ce sont en général des individus reconnus coupables d’un crime. Bien sûr, dans ce milieu confiné, le panel des crimes est assez vaste et commence par l’expression publique d’aller voir dehors ce qui s’y passe vraiment. De nombreuses révoltes ont été matées par le passé et les dirigeants craignent plus que tout qu’une d’entre elles n’aboutisse à une contamination de l’ensemble du dispositif.

Hugh Howey nous montre ici un univers concentrationnaire auquel tous se soumettent pour vivre à l’abri de l’extérieur. Alors on sait peu de choses de ce dehors, hormis les images transmises par les quatre caméras. On découvrira peu à peu ce qui a pu se passer, mais surtout l’intrigue tourne autour du fait que les archives disparaissent peu à peu et que cela pourrait mener à une nouvelle rébellion, s’il s’avérait que ce confinement n’était qu’un vaste complot.

Brillamment mené, avec un chapitrage assez court et une trame narrative qui fait de ce roman un vrai page-turner, Silo se révèle au lecteur comme un des textes les plus aboutis sur la thématique sociétale en science-fiction, avec Les Monades Urbaines de Robert Silverberg, à mon sens. On y saisit assez rapidement qu’aucun personnage n’est certain de l’utilité de ses actes dans une société qui a perdu sa raison d’être. Une belle métaphore de nos sociétés modernes en quête de sens qui se poursuit avec Silo Origines et Silo Générations.

Silo
Hugh Howey
Couverture illustrée par Jason Smith
Traduction par Yoann Gentric et Laure Manceau
Le Livre de Poche
2015

8,60 €

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