Le Flibustier du froid – Ludovic Rosmorduc

De prime abord, le scénario de ce roman fantastique peut sembler des plus classiques. Un gouverneur cruel qui dirige d’une main de fer une cité de pêcheurs qu’il étrangle au propre comme au figuré avec un cours du poisson insuffisant pour leur permettre de vivre décemment. Un aventurier en quête d’un trésor fabuleux, une armurière pas mal non plus de sa personne et un jeune homme qui devient orphelin suite à l’exécution de son père par ledit gouverneur, voilà une équipe qui promet d’être intéressante à suivre.

Ces trois-là vont unir leurs compétences pour retrouver le trésor, mais la vengeance à l’endroit de gouverneur couve… jusqu’à la conclusion de l’ouvrage. D’autant que ce dernier est – tiens donc – cupide et, pour accroitre ses revenus, n’hésite pas à monter une expédition maritime vers le Nord afin de trouver un animal aussi recherché que dangereux. Cela tombe d’autant mieux, que nos trois compères découvrent que le trésor se trouve dans ces parages boréaux. Quelques scènes relèvent du fantastique pour le rattacher au genre, mais rien de constant, ce qui en fait un roman d’aventures en premier lieu.

Ce roman est surtout bien écrit et, même si certains passages peuvent sembler tirer en longueur, un chapitrage court permet au lecteur de ne pas reprendre haleine. Le flibustier du froid est donc un roman d’aventures qui renoue avec les grands classiques traitant des chasses au trésor. Et puis, roman jeunesse, il a su me plaire, car si le jeune héros se trouve toujours là quand les autres ont besoin d’aide, il ne nous épargne pas des scènes difficiles à l’instar de l’exécution brillamment décrite du père du jeune homme.

L’illustration d’Olivier Sanfilippo nous montre un navire croisant parmi les glaces et les nuances de bleu nous informent très précisément du froid qui sévit. Ce froid va devenir à un moment de ce récit un vrai adversaire. Il faudra bien que nos héros s’en sortent, mais le prix à payer sera des plus conséquents, notamment pour le plus jeune du lot qui franchira ainsi une étape vers l’âge adulte. Enfin, un des autres attraits de ce roman est que Ludovic Rosmorduc est un passionné d’histoire et sait parfaitement reconstituer l’époque du récit et nous immerger avec habileté dans ces explorations maritimes où le retour était incertain et la plupart des trajets mal cartographiés. Je regrette juste d’avoir découvert, au cœur de l’action, qu’il ne restait qu’une dizaine de pages à lire. La conclusion n’est pas pour autant précipitée, mais laisse un petit manque. Un agréable voyage et un dépaysant moment de lecture.

Le flibustier du froid
Ludovic Rosmorduc
Couverture illustrée par Olivier Sanfilippo
Les Éditions du Riez
Collection Brumes Étranges
2014

16,90 €

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