La Ligue des Gentlemen Extraordinaires

18362803Londres, 1899. Un groupe de terroristes parvient à attaquer la Banque de Londres et à kidnapper un groupe de scientifiques reconnus. A sa tête, un homme masqué répondant au sobriquet de Fantôme semble bien décidé à déclencher sa petite guerre. Afin d’éviter une situation mondiale explosive, l’Angleterre décide de rappeler son meilleur agent, devenu aventurier au Kenya, Allan Quatermain. Indifférent au monde depuis la mort de son fils, Quatermain refuse la demande du gouvernement anglais. Mais une attaque le visant personnellement survient, manquant de causer de nombreuses morts. Quatermain comprend que la guerre qui pourrait advenir des méfaits du Fantôme pourrait aussi toucher son havre de paix africain, il accepte donc la mission : devenir le chef de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Une fois à Londres, il rencontre M, chef des services secrets qui lui présente l’équipe : Mina Harker, chimiste au deux visages depuis que son époux Jonathan a croisé le chemin du comte Dracula, Dorian Gray, un homme aussi séduisant que mystérieux de par son apparente longévité, Rodney Skinner, devenu invisible suite à une expérience ratée, le Capitaine Nemo, un pirate indien au sombre passé et Tom Sawyer, un agent américain envoyé par son pays. Après avoir mis la main sur l’insaisissable Docteur Jekyll, la Ligue se met en route afin de déjouer les plans du Fantôme. Mais sous le gigantesque piège qui menace d’engloutir Venise, un vent de traîtrise flotte bientôt autour de la Ligue…

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Les adaptations de BD sont devenues une source d’inspiration pour la production US, pour le meilleur comme pour le pire. Après le très médiocre From Hell, Alan Moore pouvait s’inquiéter du sort réservé à sa Ligue des Gentlemen Extraordinaires… Pourtant, et n’en déplaise aux critiques qui se sont déchaînées lors de sa sortie en salles, le résultat n’est pas si mal.
Groupe hétéroclite à souhait, cette Ligue se compose dès l’œuvre originale de monuments de la fiction littéraire fantastique de la seconde moitié du 19e siècle. Mina Harker, l’épouse du malchanceux Jonathan Harker, clerc de notaire envoyé chez Dracula, Dorian Gray, le jeune homme si avide et à l’âme si sombre affublé d’une malédiction bien méritée, le très connu Dr Henry Jekyll et son double monstrueux, le fascinant Capitaine Nemo (Cocorico) humaniste désabusé et inventeur génial, l’homme Invisible héros moderne avant tout les autres tout comme Allan Quatermain, ancêtre d’Indiana Jones et autres Nathan Drake. Bref, du beau monde, de quoi écrire des aventures à couper le souffle !

Adapté en film, cela donne quelque chose qui oscille entre film pop-corn gavé d’effets spéciaux et bonne aventure aux accents victoriens.

Les personnages sont plutôt bien campés par des acteurs qui, ma foi, font de leur mieux pour paraître crédibles mais certains clichés hollywoodiens cassent l’aura de légende accolée à leur nom. Les transformations du Dr Jekyll en Hyde (Jason Flemyng) sont au cœur de l’intrigue finale mais l’aspect vraiment monstrueux s’éloigne dramatiquement du personnage originel. Même chose pour Mina Harker (Peta Wilson), héroïne à part dans le roman de Bram Stocker, devenue créature à son tour dans la Ligue, qui ne parvient pas à se décider entre ses deux facettes d’une personnalité ambigüe qui, au départ séduisante, devient agaçante au fil du film. Vieux héros sur le retour mais sans aucune conviction réelle, Allan Quatermain (Sean Connery) est le patriarche, qui se dispute un peu la place avec le Capitaine Nemo (Naseeruddin Shah), mais fait terriblement cliché, plus encore lorsqu’il commence à tisser des liens paternels avec le jeune Tom Sawyer (Shane West). Et ne parlons pas de la fausse révélation finale du scénario qui englue cette réunion opportune de supers personnages de leur temps dans un complot… Lot de consolation : notre Nemo national n’est pas trop malmené par la machinerie US, il reste mystérieux, froid, distant et révèle parfois un visage misanthrope proche de la création de Jules Verne.

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Naseeruddin SHAH, NON IDENTIFIÉ

Heureusement, il y a l’action et l’humour ! Là encore c’est du cliché mais ça rattrape le film. Pour résumer, on a peu de temps morts car l’action est là pour faire rebondir le récit, en équilibre mesuré, mais la bonne vieille recette est là. De même, l’humour avec ses répliques qui vont si bien à Sean Connery, le côté lubrique de l’Homme Invisible (Tony Curran) qui profite évidemment de son état pour taquiner la seule femme du groupe ou doit, pour user de son plein potentiel, se balader à poil…

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Parfaits alliés de l’action et autres bons points du film, le caractère visuel et la photographie réveillent l’enfant qui sommeille dans le cœur des spectateurs. Le Londres victorien est aussi cotonneux et pluvieux que le ciel africain est flamboyant, la Venise de cette fin du 19e siècle brille entre ses eaux sombres et les lumières de son carnaval et l’excellence de l’avant-gardiste Nautilus brille de mille feux blancs. Les atmosphères sont prenantes, elles sont les écrins des décors qui s’adaptent tout autant à chaque page du scénario, de la bibliothèque londonienne feutrée (ici la photo a été prise par le studio donc pas conforme au rendu sur écran ^^) à la froide perfection industrielle du sous-marin de Nemo, des rues exotiques de Venise en fête menacée de destruction aux espaces enneigés de la base secrète du Fantôme. Ajoutés à cela des costumes dans le ton de chaque personnage, des gadgets qui en jettent, une Mina qui s’évapore en centaines de chauves-souris, une voiture de course incroyable, etc…

Soyons francs, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires est une bonne adaptation fidèle au ton de la BD, du steampunk, qui se regarde sans sérieux, pour le fun et l’évasion, pour son esthétique, pour ses acteurs aussi. Bref, un film qui détend et fait un peu rêver.

 

La Ligue des Gentlemen Extraordinaires
Réalisateur : Stephen Norrington pour 20th Century Fox, Angry Films et JD Production
Scénario : James Robinson d’après la BD d’Alan Moore et Kevin O’Neill
Musique : Trevor Jones
Photographie : Dan Laustsen
Chef décorateur : Carol Spier
Avec : Peta Wilson, Sean Connery, Naseeruddin Shah, Tony Curran, Stuart Townsend, Shane West, Jason Flemyng, Richard Roxburgh…
Sortie : 2003

One thought on “La Ligue des Gentlemen Extraordinaires

  1. Vu à la rentrée et j’ai été très surprise. J’ai passé un très bon moment! Il y a une belle ambiance en effet même si l’ensemble manque un peu d’émotion. Mais c’est assez fun!

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