New York 1997 – John Carpenter

new-york-1997Le maître de l’horreur et du suspense a beaucoup travaillé sur des scénarios post-apocalyptiques ou annonçant des fins de monde…  New York 1997, Escape from New York en VO, est un des plus aboutis.

Etats-Unis, dans les années 80. Le taux de criminalité atteint un tel niveau que le président décide de profiter de la situation géographique de l’île de Manhattan pour en faire un gigantesque pénitencier national. Encerclé par un mur haut de 15 mètres en bout de chacun de ses ponts minés, gardé par une unité armée spécialement formée à la surveillance des lieux, l’îlot devient peu à peu un enfer sur terre. Manhattan est privée d’électricité, d’essence, de médecins, de toute ressource extérieure : quand on est condamné à y entrer, on ne peut en ressortir. Toute condamnation est une perpétuité et pour certains la mort assurée. Livrée à la seule loi du plus fort, Manhattan recèle les pires exemples de l’espèce humaine ; viols, meurtres et esclavage sont le quotidien des prisonniers. Dans ce monde à part, les condamnés deviennent pâtures, survivants ou soldats au service du « Duc ». 1997, alors que l’Amérique est en guerre et que le président est attendu à une importante conférence des nations, son avion tombe aux mains de terroristes. Alors qu’il survole New York, il se crashe dans l’enceinte de la prison. La capsule de survie du président émet un signal et l’espoir que l’homme soit encore en vie s’installe mais, très vite, Bob Hauk, chef de la police réalise que les prisonniers l’on trouvé avant lui et qu’il est retenu en otage. Hauk, profite alors du transfert imminent d’un nouveau condamné, Snake Plissken, pour tenter le hasard. Plissken est un ancien militaire de renom devenu une vraie racaille car sa seule priorité est devenue sa propre survie, son propre intérêt. Hauk lui propose un marché : il a 24 heures pour ramener le président en vie, avec les documents ultra-confidentiels qu’il transportait et il sera un homme libre. Snake sait à quoi s’attendre à Manhattan, la réputation infernale de la prison est tenace. Mais il est lui-même sans foi ni loi… Prêt à tout, il accepte mais se fait piéger par Hauk : sous prétexte d’anti toxines, on lui a injecté des micros particules explosives. S’il ne tient pas le délai ou tente de fuir, il mourra de toute façon…

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Second film SF de celui que l’on reconnaît aujourd’hui comme un grand du cinéma de genre, New York 1997 reste un film de grande qualité pour son époque et n’a que peu souffert de l’avancée technique et technologique qui peuple le 7e art.
Après Assaut, Halloween, la nuit des masques et The Fog, des succès très relatifs à l’époque, John Carpenter n’arrivait toujours pas à se faire une place dans la grande famille hollywoodienne. Certes, les sujets traités n’étaient pas encore à la mode et la manière dont Carpenter les travaillait laissait planer un parfum cynique et critique de la société américaine. Il écrivait des scénarios, toujours sur ce même ton, mais acceptait de réaliser ou d’écrire d’autres histoires. Personne ne voulait produire New York 1997 jusqu’à ce que son obstination porte ses fruits. Le budget de 6 millions de dollars fut minime en comparaison avec d’autres mais Carpenter avait l’opportunité souhaitée.
L’histoire rappelle certains romans de SF, dans lesquels la prison confinant les plus endurcis des criminels est une autre planète soudainement tombée aux mains de terroristes et sur laquelle on envoie justement un criminel, la pire des ordures, rétablir l’ordre.

Snake Plissken
Snake Plissken

Carpenter aime ce type de récit et il a adapté sa vision du genre avec ce film. Le parti pris de départ paraît simple, tout est vite posé : la situation, le pourquoi, le comment, l’évènement qui fait que ça dérape et les personnages qui vont entrer en action pour résoudre le tout. Du John Carpenter donc, puisque ses scénarios ne sont jamais des envolées ultra-complexes nécessitant des minutes et des minutes d’explication qui plombent l’action, la logique même de suivi par le spectateur (qui a dit Matrix ?)… Le déroulement de cette action prend ensuite toute l’importance. Sur une mise en scène épurée à la photographie idéale, la moitié du film se déroule de nuit et joue avec un suspense présent mais plus ou moins prenant selon les moments. Les dialogues sont directs, précis et sans appel. Un véritable plaisir de retrouver Donald Pleasance dans le rôle d’un président mal parti, de découvrir Lee Van Cleef sans éperon aux pieds mais éblouissant d’autorité dans le rôle de Bob Hauk et de découvrir le premier personnage que Kurt Russel a incarné pour John Carpenter, Snake Plissken.

Bob Hauk
Bob Hauk

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L’ambiance sordide est travaillée avec un décor nocturne de ville abandonnée, ruinée, peuplée d’ombres aux vêtements miteux qui sont soit des pâtures en fuite, soit des survivants tellement assoiffés des besoins les plus naturels de l’humain qu’on s’attend à les voir cannibales. Au milieu de tout ça, l’anti-héros se déplace sans un mot, mieux qu’un félin, avec pour seul but non une idéologie ou le désir de sauver son pays mais celui de sa survie. Snake n’est pas du tout sympathique, mais il l’est moins que certains autres. Clins d’œil intéressants : Ernest Borgnigne prête ses traits à un condamné recyclé en chauffeur de taxi et Isaak Hayes interprète le Duc, chef tout puissant car très cruel du quartier le plus peuplé de l’île.

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Durant la première grande moitié du film, on suit le parcours chaotique de Snake cherchant le président, s’attendant, comme lui, à une attaque sournoise et imminente. Du moment où il trouve des contacts qui ne sont pas vraiment des alliés mais des opportunistes, l’atmosphère varie et on oscille entre suspense, affrontements déclarés et même visions comiques qui, parce qu’elles sont rares, tombent à pic !

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L’aspect comique du scénario fut travaillé en supplément par John Carpenter qui voulait quelque légèreté dans sa vision si sombre de l’avenir américain. Ecrit en 1974/1975, après le scandale du Watergate, le récit critiquait indirectement la politique américaine et ses acteurs mais, à travers certains passages et une réplique qui revient sans cesse au point de ne plus être un argument de mystère entourant Snake mais une phrase comique « je croyais que tu étais mort », John Carpenter a su alléger l’impact d’une histoire forte.
Si ce film accuse un peu les années passées depuis sa sortie en salle (1981), cela ne tient qu’à quelques détails, essentiellement consécutifs au budget restreint et à une certaine mode : les casques des forces de police, le costume de Kurt Russel, la maladresse de certains figurants. Mais dans l’ensemble, New York 1997 demeure un film de SF novateur, armé d’un message sous-jacent critique comme toute bonne oeuvre de SF, plaisant à regarder et intelligemment traité par une équipe de talent. Il est, à ce titre, une référence du genre pour les fans de SF et nombre de professionnels du cinéma international.

New York 1997 – John Carpenter 

Sortie en salle US  : 1981

Bande Annonce VO

One thought on “New York 1997 – John Carpenter

  1. Haaa ! Je l’ai vu en salle a l’époque à Paris. La claque ! J’adore ce film et encore maintenant quand je le revois j’ai le frisson.
    Un anti-héros fabuleux et charismatique incarné par un acteur que j’aime énormément et un climat d’enfer ! Une belle musique de Carpenter, bref un sacré film et réalisé avec un budget ridicule !
    En sortant de la salle je me prenais à rêver d’un Batman réalisé par Carpenter ! Sûr que ça aurait eu de la gueule !!

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