La Vallée de l’éternel retour – Ursula K. Le Guin

Ursula Le Guin est une des auteures anglo-saxonnes les plus connues et pourtant les moins médiatiques de la sphère imaginaire. Personnellement je trouve cela malheureux car c’est une grandiose créatrice d’univers, un anthropologue du rêve et avec La Vallée de l’éternel retour elle nous le prouve de nouveau. Après l’avoir longuement lu je suis toujours ébahi par la facilité avec laquelle elle parviendra à intégrer le lecteur assidu dans la vie de la vallée des Kesh…

La couverture de Diego Tripodi est à la fois simple et évocatrice du rêve éveillé que va connaître le lecteur. En effet cette vision ocre sur fond parcheminé nous invite réellement au voyage et je me suis laissé bercer par les qualités de détails de cette illustration. Mention spéciale pour le vernis sélectif qui est magnifique réalisé et donne à ce titre un aspect digne des autres ouvrages de la collection Ourobores de Mnémos.

Dans un futur indéterminé, une grande partie de la Californie s’est séparée du continent nord-américain suite à un séisme. La civilisation telle que nous la connaissons a totalement disparu de la surface du globe, ne laissant comme vestiges que les tracés d’anciennes autoroutes ainsi que des zones polluées et toxiques.

Dans un texte inclassable qui signe des noces inattendues entre réalisme magique et la rigueur de l’observation ethnologique, Ursula Le Guin donne vie, langue et histoire à la vallée, un territoire d’après le Séisme, et à ses habitants, les Kesh. On découvrira ainsi les rituels, les croyances, les chansons, les poèmes, les contes et les légendes relatifs à cette peuplade, ainsi que bien d’autres domaines comme, entre autres, l’art, l’architecture, la guerre, la littérature, le théâtre, les rituels funéraires ou d’initiation, la médecine, la géographie et même la gastronomie

(certaines recettes semblent même particulièrement délicieuses et faciles à réaliser).

 

Avec La Vallée de l’éternel retour, Ursula Le Guin livre ce qui pourrait être vu comme l’œuvre d’une vie. Empli de profondeur, de sérénité et pourtant fourmillant de détail, l’univers post-apocalyptique de l’auteure vient nous étonner et nous surprendre. Car loin d’être un simple roman d’anticipation c’est un véritable guide qui nous est proposé. Un guide vers notre futur, où la société que nous connaissons a été intégralement détruite, les humains revenant à un état finalement assez primitif. L4avantage de ce roman est qu’elle ne nous raconte pas l’histoire d’un homme ou d’une femme mais celle d’une civilisation, ce qui est d’autant plus impressionnant. Qu’il s’agit de croquis d’architecture, de recettes de cuisine (je ne les ai pas testées mais elles n’ont pas l’air mauvaises…), de récits mythiques ou historiques, de rituels,… Bref, tous les éléments composant une civilisation et son histoire sont ici réunies.

D’un point de vue technique ce livre est absolument magnifique. Les illustrations intérieures de Margaret Chodos-Irvine sont absolument sublimes et viennent parfaire à merveille la plume d’Ursula Le Guin. Le choix de Mnémos d’opter pour une encre de couleur ocre, aussi sablonneuse que le désert est également bienvenu et permet de changer un peu les codes habituels des romans pour nous proposer « autre chose ». La traduction d’Isabelle Reinharez est d’excellente qualité et rend honneur à une plume étonnamment acérée. Ursula Le Guin parvient à me modifier d’ailleurs ce style en fonction des éléments qu’elle décrit, des textes qu’elle écrit,… Et c’est cela qui justement fait tout le charme de La Vallée de l’éternel retour : une vraisemblance à toute épreuve.

Ce dernier né de la collection Ourobores est un pur bijou de création imaginaire et littéraire. Ursula Le Guin nous emmène sur les traces d’une civilisation et cela fait réellement du bien de ne pas suivre uniquement une aventure héroïque. Le destin des Kesh, leur culture, leur religion, leur art sont des éléments passionnants qui viennent ajouter une pierre de bonne taille à l’édifice des plus grandes créations de l’Imaginaire. Dernière remarque avant de vous quitter : ce livre peut parfaitement se lire par petites touches afin de le savourer pleinement ou bien d’une traite, à vous de voir…

La Vallée de l’éternel retour
Ursula Le Guin
Ourobores
Mnémos
Couverture de Diego Tripodi
Illustrations intérieures de Margaret Chodos-Irvine
Traduction d’Isabelle Reinharez

29 €

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